Portrait – Qui est Fidji Simo, cette Française nommée à la direction d’OpenAI ?

La success story de Fidji Simo a tout d’un scénario hollywoodien. Partie de Sète, dans le Sud de la France, elle s’est progressivement hissée jusqu’aux plus hauts rangs de la tech mondiale. Ancienne cadre de Facebook (Meta), ex-CEO d’Instacart (entreprise de livraison alimentaire très prisée aux US), cette Frenchie de 39 ans vient d’être choisie par un Sam Altman enthousiaste pour devenir la CEO of Applications d’OpenAI.

En d’autres termes, Fidji Simo est désormais directrice générale des applications de la startup IA la plus en vogue du monde de la tech, enfin, du monde tout court. C’est elle qui accompagnera le patron de la maison mère de ChatGPT dans sa mission : celle de déployer l’IA auprès du grand public. Prenons quelques instants pour revenir sur le parcours de Fidji Simo, pour découvrir et s’inspirer de ses apports dans les sphères du marketing et de la tech, et pour célébrer cette pincée de French Touch qu’elle saupoudre sur la Silicon Valley.

Des racines sétoises au Californian Dream

Née en 1985, à Sète, peu de choses semblaient prédestiner Fidji à devenir la figure influente qu’elle incarne aujourd’hui. Et pourtant… La jeune femme affiche très tôt un parcours brillant. Fille unique, elle décroche son bac à 16 ans puis intègre HEC Paris. Elle effectuera un semestre d’échange à l’UCLA (Los Angeles), et de ce voyage naîtra un fort attrait pour la Californie. De retour dans l’Hexagone, elle effectue son stage de fin d’études chez eBay à Paris… avant de rejoindre la maison-mère à San Francisco, où elle s’initie aux arcanes de la stratégie d’entreprise (F&A, positionnement de marque, etc.). Le rêve américain prend forme : la jeune Française pose ses bagages dans la Silicon Valley, bien décidée à y faire sa place.

Facebook : au cœur de l’économie de l’attention

En 2011, sans expérience préalable en marketing, Fidji Simo fait son entrée chez Facebook par la petite porte. Il n’en demeure pas moins qu’elle y fait une entrée fracassante. Elle revient souvent sur cette anecdote dans ses interviews. Lors d’un week-end de Thanksgiving, alors que les Américains partageaient une bonne dinde autour d’une grande tablée familiale, elle s’est cloîtrée pour imaginer un concept qui, elle en était persuadée, allait convaincre les chargés de recrutement de l’embaucher. Présentant, en candidature spontanée, un projet fictif nommé « Facebook Stores », elle réussit son pari et rejoint les équipes marketing en Californie. C’est le début d’une longue histoire (10 ans !). Soutenue par la célèbre Sheryl Sandberg, alors COO et devenue sa mentor, elle grimpe les échelons.

En 2013, elle pilote la monétisation mobile du réseau social, puis devient vice-présidente en 2014, en charge de la vidéo, des jeux, et de la publicité mobile. Elle participe alors au lancement de Facebook Live et de la lecture autoplay des vidéos en 2016. Des innovations aujourd’hui familières des utilisateurs, mais qui changent la donne. Fidji Simo a su comprendre et répondre aux enjeux de l’ère de l’économie de l’attention. Ceux de capter et de garder un internaute toujours plus volatil scotché à son écran… Pour le plus grand bonheur des annonceurs !

La Française, devenue proche collaboratrice de Mark Zuckerberg, ne faiblit pas face aux challenges qui secouent Facebook, tels que le scandale de Cambridge Analytica. Elle défend publiquement l’entreprise, reconnaissant avec transparence et nuance les défis posés par les algorithmes sur les réseaux.

Quoi qu’il en soit. Fidji Simo ressentait qu’elle n’avait plus, vraiment, de perspectives d’évolution. Dans un contexte de réorganisation de l’entreprise (2021, Mark Zuckerberg annonce officiellement que Facebook est rebaptisé « Meta »), elle repart… Par la grande porte, cette fois-ci.

Instacart : aux commandes de l’e-commerce américain

En 2021, Fidji Simo prend les rênes d’Instacart. Méconnue en France, cette scale-up américaine spécialisée dans la livraison de courses fait fureur outre-atlantique. Le fondateur de la start-up, Apoorva Mehta (coïncidence ?) lui confie le poste de CEO. Sous sa direction, la plateforme connaît un essor spectaculaire, boosté par les confinements liés à la pandémie. En quelques années, Fidji Simo prouve la rentabilité de l’entreprise, consolide sa place de leader aux États-Unis et prépare son introduction en Bourse (qui aura finalement lieu en 2023).

On lui connaît aussi de nombreuses innovations, comme les Carper Carts, ces caddies intelligents et connectés. Scan automatique, paiement, et même gamification via mini-jeux et coupons personnalisés, ces quelques milliers de caddies déployés sous sa supervision dans les supermarchés américains ambitionnent de transformer l’expérience client en aventure interactive.

Leader impliquée, elle soigne aussi la communication interne, avec ses équipes. Preuve en est son message d’adieu à ses employés, délivré dans un post émouvant sur LinkedIn, dans lequel elle qualifie son nouveau rôle chez OpenAI d’occasion rêvée, qu’elle ne pouvait pas laisser passer. Honorée, reconnaissante pour ces années passées, navrée que la nouvelle ait fuité via un média avant de leur annoncer, son message est humble, authentique, inspirant. À l’image de son parcours.

Un leadership humble

Si Fidji Simo enchaîne les succès, elle le fait avec un style de leadership qui force le respect. On la décrit comme organisée et incroyablement ambitieuse, sans pour autant perdre de vue la modestie de ses débuts. Elle attribue volontiers sa réussite à une éthique de travail solide héritée de son éducation et affirme cultiver son humilité. C’est ainsi qu’elle parvient à gagner la confiance de ses pairs. Chez Facebook, elle militait aussi pour la diversité en cofondant l’initiative « Women in Product », pour promouvoir la place des femmes dans la tech.

En privé, la Française n’a pas oublié d’où elle vient : naturalisée américaine en 2017, elle reste attachée à ses racines et s’implique dans des projets philanthropiques comme Metrodora Institute, un centre de recherche médicale qu’elle a cofondé pour lutter contre des maladies chroniques, tels que le Covid long, l’endométriose ou le syndrome de tachycardie orthostatique posturale. Maladie dont elle souffre elle-même, et dont elle souhaite briser les nombreux tabous.

OpenAI : le nouveau défi aux côtés de Sam Altman

2025 marque un (nouveau) tournant pour Fidji Simo. Débauchée par Sam Altman en personne, la Sétoise rejoint en mai la direction d’OpenAI, dont elle était administratrice depuis mars 2024. Nommée CEO of Applications, elle sera responsable de tous les produits et services destinés au grand public et aux clients d’OpenAI et prendra ses fonctions dans les prochaines semaines. « Fidji est exceptionnelle. Je ne peux pas imaginer une meilleure personne pour nous faire passer à la vitesse supérieure », écrit Altman sur X. L’arrivée de la Française lui permettra de se concentrer sur les infrastructures, la recherche ou la sécurité. L’entreprise serait d’ailleurs en phase de renégociation de son partenariat avec Microsoft pour préparer son introduction en Bourse.

fidji is exceptional; we have worked together on openai for the past year and i have observed her deep commitment to our mission. i cannot imagine a better new team member to help us scale the next 10x (or 100x, let’s see).

— Sam Altman (@sama) May 8, 2025

Le célèbre ChatGPT (et ses 500 millions d’utilisateurs hebdomadaires) fait partie des outils qu’elle pilotera au quotidien. Même si officiellement, elle n’a pas le titre de numéro deux, c’est bien elle qui, aux côtés d’Altman, orchestrera la stratégie pour « rendre accessibles [les] recherches en IA au monde entier, d’une façon bénéfique ». Déjà bien investie dans cette technologie (passionnée, même, dit-elle) elle est convaincue de son potentiel (et particulièrement celui de soigner les maladies).

Ce n’en est pas moins un défi de taille, dans un univers toujours plus concurrentiel et en pleine croissance. De taille, oui, mais taillé pour cette experte de l’innovation. Car la Française, où qu’elle aille, semble semer les germes d’idées nouvelles, un brin audacieuses, mais ô combien pertinentes.

La French touch de la tech mondiale

En l’espace de quinze ans, Fidji Simo, son ascension, sa persévérance, soufflent un vent de fierté hexagonale sur le centre névralgique des sphères de la tech. Les médias ne s’y trompent pas, saluant « la Française la plus puissante de la tech américaine ». Mais il y a de quoi crier cocorico. Fidji Simo, et son accent franchouillard, a fait – et continue de faire ! – son bonhomme de chemin dans un univers encore largement dominé par des hommes Anglo-Saxons. Un parcours qui a de quoi en inspirer plus d’un (et plus d’une) et qui, on l’espère, n’a pas fini de nous étonner !

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