Particules fines, effets rebond : les limites du chauffage au bois

Convivial, économique et perçu comme écologique, le chauffage au bois séduit de plus en plus de Français. Pourtant, sa généralisation pose question.

Mai 13, 2025 - 08:11
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Particules fines, effets rebond : les limites du chauffage au bois

Convivial, écolo et moins cher : le chauffage au bois a le vent en poupe. Mais sa généralisation à l’échelle du territoire ne serait pas sans risque, entre émissions de particules fines dangereuses pour la santé et effet rebond, explique Simon Mathex de l'INRAE.


Le chauffage au bois a le vent en poupe : en 2021, c’était le mode de chauffage principal de plus d’un foyer sur dix. Les politiques y voient une solution prometteuse pour augmenter la part des renouvelables dans le mix énergétique et réduire la consommation d’énergie. Les particuliers, eux, y voient une façon de se chauffer la moins nuisible pour l’environnement. Mais est-ce vraiment le cas ?

S’il est issu d’une forêt gérée durablement, le bois de chauffage peut être considéré comme une énergie renouvelable neutre en carbone. Dans la pratique, ce n’est pas toujours le cas, en témoigne la recrudescence des coupes illégales constatée en France pendant l’hiver 2022.

Particules fines

Surtout, le chauffage au bois produit des particules fines qui ont un impact néfaste sur la qualité de l’air et la santé. C’est le premier contributeur de cette pollution en France : il représente respectivement près de 28 % et 43 % des émissions nationales de PM10 et de PM2,5 (particules fines dont le diamètre est respectivement inférieur à 10 et 2,5 microns).


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Toutefois, tous les appareils ne se valent pas. Les cheminées ancienne génération émettent davantage de particules fines que les chaudières ou poêles à granulés plus récents. Certaines métropoles ont ainsi mis en place des subventions pour l’achat de nouveaux appareils moins polluants et plus performants, dans l’espoir que ces derniers permettent aussi de réduire les consommations d’énergie.

Effet rebond

Le risque qui guette ces aides ? L’effet rebond. Un poêle plus écologique à consommation de bois égale, incitera peut-être à l’utiliser davantage pour gagner en confort… quitte à émettre davantage de particules fines au final. Selon certains économistes, de 10 à 30 % des bénéfices liés aux gains de performance sont perdus parce que l’on se chauffe davantage. L’effet rebond, également démontré pour l’usage de la voiture ou de la climatisation, relève d’un comportement rationnel : si le prix d’un service diminue, il est logique de l’utiliser davantage.

Cette explication pourrait se doubler d’un autre mécanisme : l’effet de compensation morale. Si se chauffer au bois est bon pour la planète, on va s’autoriser le fait de chauffer plus, de la même façon que l’on va plus volontiers au fast-food après une séance de sport intense.

Compensation morale

Pour parler de compensation morale, il faut réunir deux conditions : qu’un acte soit jugé comme moralement bon par l’individu, mais aussi par la société toute entière. Or, l’enquête que nous avons menée montre que c’est bien le cas pour nos répondants concernant le chauffage au bois. Les poêles ou chaudières à granulés sont ainsi perçus comme étant les solutions les plus vertueuses.

Toute la difficulté, pour les décideurs publics, est maintenant de chiffrer l’ampleur de cet effet de compensation morale pour savoir s’il faut ou non subventionner ce type de chauffage.

Ce texte est une version courte de l'article écrit par Simon Mathex (INRAE).The Conversation

Cet article a été édité par le service Environnement de The Conversation à partir de la version longue écrite par Simon Mathex.