Michel-Georges Micberth: vociférations acides made in seventies
Il a disparu il y a tout juste douze ans. En 2023, nous lui avions rendu hommage à l’occasion des dix ans de sa disparition. Cette année, la maison d’édition Lorisse publie "Les Vociférations d’un ange" : recueil d'articles parus dans la première moitié des années 70 dans les colonnes de "Minute" et d’"Actual-Hebdo"... L’article Michel-Georges Micberth: vociférations acides made in seventies est apparu en premier sur Causeur.

Il a disparu il y a tout juste douze ans. En 2023, nous lui avions rendu hommage à l’occasion des dix ans de sa disparition. Cette année, la maison d’édition Lorisse publie Les Vociférations d’un ange : recueil d’articles parus dans la première moitié des années 70 dans les colonnes de Minute et d’Actual-Hebdo.

Mai 68 est déjà derrière, les années de plomb (plutôt molles en France) ont commencé, et Micberth, avec sa barbe d’ogre truculent, vitupère, depuis ses châteaux tourangeaux successifs. Contre Pompidou : « Mais oui bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Tout s’explique maintenant. Il y a quelques mois, nous avions un président de la République dret, coquet dynamique, un chouia playboy ; et aujourd’hui il nous reste une sorte de machin ovoïde, un peu flasque, moumoute, très peu ressemblant, en fait, avec le modèle d’origine. Voilà, ça y est, j’ai compris. On nous a chauffé notre président de la République, pour le remplacer par un extra-terrestre. Changer Messmer pour Messmer, par exemple, voilà une chose des plus curieuses. C’est bien là la décision d’un extra-terrestre programmé, décision hors de notre logique humaine ». Contre Michel Debré : « Pour Debré, on savait depuis belle lurette qu’il grimpait aux arbres. Des fois même il essayait de s’envoler. Fallait l’intercepter au filet à papillon et l’incarcérer sous son entonnoir avec une grosse pierre dessus pour plus qu’il bouge ». Contre Jean Royer, ministre de Pompidou, ardent défenseur de l’ordre moral, au sujet duquel on en apprend de belles par ailleurs : « Souhaitons qu’il trébuche et que sa folie soit diagnostiquée, non plus par quelques psychiatres qui chuchotent dans l’ombre mais par une armée de Français sains et lucides ». Manque de chance, Minute fait de Royer son candidat. C’est avec des petites choses comme ça qu’on perd une chronique dans un journal.
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Maître de la vacherie
Le recueil nous plonge dans l’ambiance des fanzines, de la presse parallèle, où quelques futures plumes connues apparaissent. Une génération soixante-huitarde avec laquelle il partage une partie de l’esprit de révolte, mais en bon Chouan, il cultive aussi la révolte contre la révolte. Dans ce petit monde, MGM est content d’être le plus grand parmi les petits : « [À Actual-Hebdo], nous avions quand même 10 000 lecteurs, ce qui est beaucoup pour de l’underground, mais pas assez pour se retrouver aux limites de l’aura de la grande presse nationale. […] il vaut mieux être le plus grand des petits que le plus petit des grands. Non par orgueil, ce qui serait infiniment triste et tarte, mais pour l’audience pas dégueu qu’on en tire ». Micberth se montre maître de la vacherie cinglante. Dans quelques notes de bas de page ajoutées dans les années 90, on lit à propos de Cavanna : « Maçon ayant laborieusement tenté d’écrire. Faux bonhomme, reconverti en héraut médiatique, terne à la ville et pétillant devant les caméras, sorte de vieux nanar égocentrique, pleureuse appointée, là où le conduisent ses prestations de mirliflore ». Pascal Jardin ? « Pascal Jardin était un scénariste affublé de trois gros défauts : un père collabo, un style à chier et un fils à pendre ». La chanteuse Dani ? « Chanteuse médiocre, brave pomme entraînée dans l’univers impitoyable de la drogue et convertie tardivement en brave andouille, marchande de fleurs, son prochain échec ». Néron avait eu Tacite ; de Gaulle, Jacques Laurent ; Giscard et Mitterrand, Jean-Edern Hallier. Les années Pompidou auront eu aussi leur grand pamphlétaire un peu oublié…
310 pages.
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