La vindicte des tricoteuses 2.0 au cœur du procès Depardieu

Le célèbre acteur Gérard Depardieu est jugé depuis hier à Paris pour des agressions sexuelles présumées commises sur deux femmes en 2021. Lors de l’audience, son avocat, Jérémie Assous, a plaidé la nullité de la procédure, soulignant que l’enquête avait été menée exclusivement à charge. L’acteur doit s’exprimer aujourd’hui. Devant le Palais de Justice et dans les médias, les militantes MeToo, nombreuses et déterminées, dénoncent le caractère systémique des violences sexuelles dans le cinéma français. « Amélie et Sarah, on vous croit ! » Pourtant, observe Elisabeth Lévy, ces mêmes militantes semblent bien moins promptes à commenter l’affaire tragique du « féminicide » de Chahinez Daoud, brûlée vive par son ex-mari... L’article La vindicte des tricoteuses 2.0 au cœur du procès Depardieu est apparu en premier sur Causeur.

Mar 25, 2025 - 12:28
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La vindicte des tricoteuses 2.0 au cœur du procès Depardieu

Le célèbre acteur Gérard Depardieu est jugé depuis hier à Paris pour des agressions sexuelles présumées commises sur deux femmes en 2021. Lors de l’audience, son avocat, Jérémie Assous, a plaidé la nullité de la procédure, soulignant que l’enquête avait été menée exclusivement à charge. L’acteur doit s’exprimer aujourd’hui. « Amélie et Sarah, on vous croit ! » Devant le Palais de Justice et dans les médias, les militantes MeToo, nombreuses et déterminées, dénoncent le caractère systémique des violences sexuelles dans le cinéma français. Pourtant, observe Elisabeth Lévy, ces mêmes militantes semblent bien moins promptes à commenter l’affaire tragique du « féminicide » de Chahinez Daoud, brûlée vive par son ex-mari.


J’ai assisté hier au procès de Gérard Depardieu pour agression sexuelle. Je me demande pourquoi. L’acteur n’a jamais été condamné par la justice, mais puisque des dizaines de femmes déclarent dans la presse qu’il est violeur-prédateur, il est déjà condamné à la mort sociale par les médias et les associations. MeToo ne renverse pas la charge de la preuve: avec MeToo, il n’y a plus besoin de preuve. La souffrance des plaignantes suffit. Dire que certaines pourraient mentir ou affabuler, c’est déjà défendre les agresseurs et violeurs.

Un Palais de Justice très couru

Gérard Depardieu est soupçonné d’agressions ou d’atteintes sexuelles supposément commises pendant le tournage des Volets Verts en 2021.

Au Palais de Justice de Paris, c’était l’ambiance des grands jours. Une ambiance assez médiévale, avec des hordes de gens sur le parvis qui attendaient le passage du proscrit… Il y avait plus de monde que pour le procès de Charlie Hebdo.

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Dans la salle, deux camps se regardent en chiens de faïence. Côté partie civile, on trouve la confrérie des victimes avec le gotha du journalisme MeToo, et notamment Marine Turchi de Mediapart en majesté, citée plusieurs fois par la défense de Depardieu comme le vrai conseil des plaignantes. Anouk Grimbert a été expulsée pour ses réactions intempestives. Il y avait aussi Charlotte Arnoux, qui a porté plainte pour viol (mais, il n’y a pas encore de renvoi). De l’autre côté, les acteurs Vincent Perez et Karine Silla sont venus soutenir la star. Et évidemment Fanny Ardant, impériale, qui a confirmé qu’elle témoignera à la barre ce mardi. Gérard Depardieu semble en forme. Amaigri (il a perdu 26 kg selon son avocat), le visage reposé, il n’a pas fait de pitrerie. Mais, il refuse de se battre la coulpe et de demander pardon. Le comédien profère vraisemblablement des grossièretés à jets continus, mais il nie toute agression.  

Il est plaisant de voir enfin un prévenu qui se défend

Le tribunal en décidera, certes. En attendant, qu’un prévenu se défende, c’est nouveau. Jusque-là, dans les affaires MeToo, nous avions toujours observé des hommes qui s’excusaient d’exister et, même s’ils assuraient n’avoir ni violé ni agressé ni contraint personne, ils se comportaient en coupables. Les plaignantes étaient sanctifiées, nul n’osait les contredire et encore moins les critiquer.

Dans ce procès, l’avocat Jérémie Assous a vraisemblablement une autre stratégie. Imposant son tempo, il a plaidé deux heures à l’appui d’une demande préalable de nullité de la procédure, à la fureur des parties civiles Amélie K. et Sarah (un curieux anonymat). Le président a laissé faire, sans doute parce qu’il a de bons arguments. En l’écoutant, on se dit que l’enquête, dirigée par le Parquet sans juge d’instruction, a été menée exclusivement à charge. D’après Me Assous, Gérard Depardieu aurait été placé en garde à vue sur la simple base d’une accusation. Il demande aussi qu’une vingtaine de participants au tournage du film qui n’ont pas encore été entendus soient auditionnés. Cela semble légitime. Le procès se poursuit aujourd’hui, et Gérard Depardieu va enfin prendre la parole. Mais, en attendant, il faut bien dire que les militantes qui font le pied de grue devant les salles d’audience pour huer Depardieu, Polanski ou Nicolas Bedos font froid dans le dos. Elles m’évoquent les tricoteuses qui allaient aux exécutions pendant la Révolution… Excitées par une célébrité à terre, elles sont pourtant beaucoup moins actives pour défendre la mémoire de Chahinez brûlée vive par le mari qu’elle avait quitté.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin

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