L’écotourisme, ou l’art de voyager sans laisser de traces

Loin des clichés bucoliques et des images de catalogues aseptisées, l’écotourisme interroge en profondeur nos habitudes de consommation et notre rapport au voyage. Il ne… Cet article L’écotourisme, ou l’art de voyager sans laisser de traces est apparu en premier sur Green et Vert.

Mai 6, 2025 - 21:31
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L’écotourisme, ou l’art de voyager sans laisser de traces

Écotourisme : un concept aux racines profondes et aux contours précis

On ne badine pas avec les mots, surtout lorsqu’ils se veulent vertueux. Le terme écotourisme ne date pas d’hier. Il émerge dans les années 1970 et se structure avec force dans les décennies suivantes. En 1983, Hector Ceballos-Lascurain le définit ainsi : « une forme de tourisme qui consiste à visiter des zones naturelles relativement intactes […] dans le but d’étudier et d’admirer le paysage, les plantes et animaux sauvages ainsi que toute manifestation culturelle observable dans ces zones ».

Puis, la Société Internationale d’Ecotourisme (TIES) affine en 1992 : « une forme de voyage responsable dans les espaces naturels qui contribue à la protection de l’environnement et au bien-être des populations locales. ». L’Organisation mondiale du tourisme (OMT), enfin, synthétise : « L’écotourisme rassemble toutes les formes de tourisme axées sur la nature […] Il inclut les communautés locales et indigènes dans sa planification, son développement et son exploitation. ». Il ne s’agit donc ni d’un simple voyage nature, ni d’un prétexte pour justifier un vol long-courrier. L’écotourisme, s’il est pratiqué avec rigueur, est un outil de préservation, un levier économique local, et un espace de transmission culturelle.

Comment pratiquer l’écotourisme sans se faire piéger par le greenwashing ?

Voyager vert ne signifie pas voyager naïf. Le tourisme responsable est un acte réfléchi, pas un slogan creux. Il implique des choix : modes de transport doux, hébergements intégrés à leur environnement, guides locaux formés, activités à faible impact. Des structures existent. L’agence Vision du Monde organise ainsi des séjours en étoile dans le parc du Queyras, mêlant randonnées douces et découverte de la biodiversité alpine.

En Drôme provençale, dans la Biovallée, des ateliers d’initiation à la cueillette de plantes sauvages ou à la vie des abeilles jalonnent les itinéraires, peut-on lire sur le site Tourisme équitable. Pratiquer l’écotourisme, c’est aussi accepter de ralentir. C’est l’idée même du slow tourisme, proche cousin conceptuel : prendre le temps d’observer, d’écouter, de comprendre. Marcher, pédaler, dormir chez l’habitant. Ralentir, encore.

L’écotourisme en chiffres : croissance, espoirs… et dérives

En 1998, selon Hoyt, 9 millions de personnes pratiquaient l’observation des baleines dans 87 pays, générant près d’un milliard de dollars américains. L’OMT estimait à 10 à 15 % la part de l’écotourisme dans le marché mondial dès 1997, chiffre légèrement revu à la baisse ensuite mais toujours en progression. En France, les agences se multiplient : Bretagne Autrement propose des séjours au cœur de forêts ou de parcs régionaux, accessibles en train, avec rencontres et échanges au programme.

L’agence Kaouann privilégie des itinéraires en mobilité douce, vélo ou randonnée, depuis des gares SNCF. Mais attention. L’essor de ce marché attire aussi des opérateurs peu scrupuleux. L’enjeu est majeur : ne pas confondre écotourisme et simple marketing vert. Car la tentation du greenwashing rôde, et les certifications restent souvent floues ou peu contrôlées.

Écotourisme : pour qui, pour quoi, et jusqu’où ?

L’étude de Téoros révèle que l’écotouriste « type » est souvent une femme de 40 à 50 ans, diplômée, professionnelle, adepte de voyages culturels et de nature, soucieuse de l’impact de son séjour. Ce profil sociologique en dit long : l’écotourisme n’est pas seulement une pratique, c’est une posture éthique.

Mais tout le monde peut s’y convertir. À condition d’en comprendre les enjeux : respecter, transmettre, cohabiter, partager. Et si ce n’était pas qu’une affaire de voyage ? Si l’écotourisme devenait un modèle d’organisation des sociétés, une boussole pour repenser nos mobilités, nos rapports au vivant, notre manière d’habiter le monde ?

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