Ce joli pavillon du jardin du Luxembourg, datant de 1867, a été façonné par un architecte majeur de Paris

Flanqué de palmiers, orné de briques rouges et d’une mosaïque bleue aux airs presque méditerranéens, un petit pavillon attire l’œil des promeneurs dans le Jardin du Luxembourg. Le pavillon Davioud fait partie d’un large ensemble d’aménagements menés par un architecte majeur du Paris haussmannien, qui a laissé une empreinte durable sur la capitale et dont […]

Mai 6, 2025 - 19:06
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Ce joli pavillon du jardin du Luxembourg, datant de 1867, a été façonné par un architecte majeur de Paris

Flanqué de palmiers, orné de briques rouges et d’une mosaïque bleue aux airs presque méditerranéens, un petit pavillon attire l’œil des promeneurs dans le Jardin du Luxembourg. Le pavillon Davioud fait partie d’un large ensemble d’aménagements menés par un architecte majeur du Paris haussmannien, qui a laissé une empreinte durable sur la capitale et dont le nom est pourtant largement tombé dans l’oubli.

Un ancien café-restaurant devenu salle d’exposition

Pavillon Davioud, jardin du Luxembourg @esther_luco sur Instagram
Pavillon Davioud, jardin du Luxembourg @esther_luco sur Instagram

Construit en 1867, sous le Second Empire,  il est l’œuvre de Gabriel Davioud -architecte, urbaniste et paysagiste quelque peu oublié de l’histoire parisienne. À l’époque, il est inspecteur général des travaux d’architecture de la ville de Paris, et architecte en chef au service des Promenades et des Plantations : c’est le bras droit du baron Haussmann. Initialement, le pavillon s’appelait le Buffet de la Pépinière, et était un café-restaurant où l’on venait flâner au sud du jardin, non loin de la fontaine de l’Observatoire (ou fontaine des Quatre-Parties-du-Monde), également signée Davioud. Aujourd’hui, plus question d’y faire une pause gourmande : le pavillon, qui appartient au Sénat, accueille les cours gratuits et publics de l’école d’horticulture du Jardin du Luxembourg, ceux de la Conservation du Luxembourg, et ceux dispensés par la Société Centrale d’Apiculture. L’été venu, au cours des mois de juillet et d’août, il se transforme en lieu d’exposition : peintres, photographes, plasticiens, et sculpteurs locaux peuvent y exposer leurs œuvres pour une durée maximale de 14 jours, ce qui permet d’avoir une programmation variée. Et chaque mois de septembre, les abeilles sont à l’honneur : le pavillon accueille la fête des abeilles, lancée… au XIXe siècle ! Une célébration pas anodine, car juste à côté, le rucher du Luxembourg conçu dès 1856 par Henri Hamet, compte aujourd’hui encore une vingtaine de ruches.

Pavillon Davioud, Jardin du Luxembour - @senat_fr sur Instagram
Pavillon Davioud, Jardin du Luxembourg – @senat_fr sur Instagram

Le paysagiste des plus beaux parcs parisiens, dont on a oublié le nom

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Gabriel Davioud, Musée Carnavalet

Si son nom n’a pas traversé les époques autant que ceux de Charles Garnier ou d’Haussmann, son travail, lui, vous est forcément familier. Car Gabriel Davioud a largement participé à façonner Paris telle que vous la connaissez aujourd’hui, en imaginant une grande partie de son mobilier urbain : ses bancs, ses lampadaires, ses fontaines,…Mais revenons aux jardins, car c’est là que Davioud a laissé l’empreinte la plus marquante, en repensant les espaces verts de Paris lors des grands travaux du Second Empire. Chef du service des Promenades et des Plantations qu’il intègre dès sa création en 1855, il travaille avec son acolyte Adolphe Alphand à laisser une place au végétal dans la capitale, plante des milliers d’arbres et sublime les plus importants parcs parisiens. Dans un premier lieu, de 1852 à 1855,  il s’attaque au réaménagement du bois de Boulogne, dont il fait un véritable laboratoire d’expérimentation. Il en dessine les grilles, les pavillons de garde, les restaurants, le jardin du Pré-Catelan, y implante des chalets importés de Suisse, construit le beau kiosque de l’Empereur…Aux Buttes-Chaumont, vous reconnaîtrez peut-être sa patte artistique sur les pavillons, mais surtout sur le temple de la Sibylle qui trône majestueusement sur le site depuis 1867, lui conférant une grâce antique. 

Temple de la Sibylle, Buttes-Chaumont - crédit : depositphotos.com
Temple de la Sibylle, Buttes-Chaumont –  depositphotos.com

Au bois de Vincennes, on lui doit la grotte artificielle et la rotonde du lac Daumesnil : autant de créations qui font le charme de ces coins de verdure parisiens. Et au-delà des espaces verts, Davioud transforme également la ville. Ses créations ? Les deux théâtres place du Châtelet, la magnifique fontaine Saint-Michel dans le 5e arrondissement, et, point culminant de sa carrière : le palais du Trocadéro, construit pour l’Exposition universelle de 1878 et démoli depuis pour faire place à l’actuel palais de Chaillot (il faut croire que ses inspirations mauresque et néo-byzantine n’ont pas fait l’unanimité). 

Le palais du Trocadéro à l'Exposition universelle, 1878
Le palais du Trocadéro à l’Exposition universelle, 1878

Le pavillon du Luxembourg, en apparence assez modeste, est un joli témoin de l’aménagement du Paris des squares, et de leurs bâtiments poétiques.

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Pavillon Davioud, Jardin du Luxembourg – @senat_fr sur Instagram