Le cas Luigi Mangione : quand un « bon mec » risque la peine de mort
Accusé d’avoir assassiné le PDG de UnitedHealthcare dans ce que le gouvernement Trump qualifie d’acte terroriste, Luigi Mangione, 27 ans, risque aujourd’hui la peine de mort. Tandis que la justice suit son cours, une partie de la gauche radicale érige ce jeune homme privilégié en symbole de lutte contre les abus du capitalisme, faisant de la violence politique un objet de fascination. Portrait... L’article Le cas Luigi Mangione : quand un « bon mec » risque la peine de mort est apparu en premier sur Causeur.

Accusé d’avoir assassiné le PDG de UnitedHealthcare dans ce que le gouvernement Trump qualifie d’acte terroriste, Luigi Mangione, 27 ans, risque aujourd’hui la peine de mort. Tandis que la justice suit son cours, une partie de la gauche radicale érige ce jeune homme privilégié en symbole de lutte contre les abus du capitalisme, faisant de la violence politique un objet de fascination. Portrait.
Poursuivi par le gouvernement fédéral des États-Unis pour le meurtre à caractère terroriste de Brian Thompson, PDG de la compagnie d’assurance maladie UnitedHealthcare, le 4 décembre 2024, Luigi Mangione encourt aujourd’hui la peine de mort.
Car le 1 avril, Pam Bondi, procureur général des États-Unis, a donné aux procureurs de la Cour fédérale du district Sud de l’état de New York la consigne de demander la peine capitale au nom de la campagne du président Trump visant à « Make America Safe Again ».
Pourtant, si cet « acte de violence politique » a choqué la majorité des Américains, cela n’a pas empêché la création, autour de la personne de cet homme aujourd’hui âgé de 27 ans, d’un véritable culte entretenu par des internautes de gauche qui voient en lui un héros folklorique dans la lutte contre le capitalisme. Pour une certaine partie du public progressiste, la violence se justifie quand elle sert la cause de la justice sociale.
Non, Luigi Mangione n’est pas un « bon mec »
Invitée sur le plateau de CNN le 13 avril, la journaliste indépendante Taylor Lorenz, passée notamment par le Washington Post, a décrit l’accusé en ces termes: « Il s’agit d’un homme révolutionnaire, célèbre, mignon, jeune, intelligent, il a l’air d’un bon mec moralement, ce qui est dur à trouver ». Connue pour avoir qualifié Joe Biden de criminel de guerre dans le contexte du conflit à Gaza, ce qui aura poussé le Post à mettre fin à leur collaboration, Taylor Lorenz a continué, hilare : « Comme si on n’avait pas l’habitude d’aduler les meurtriers ». Ces propos ont provoqué des réactions scandalisées en ligne, mais ils reflètent une certaine tendance à glorifier l’acte criminel de quelqu’un dont le profil ressemble plutôt à celui d’un enfant gâté que d’un défenseur des pauvres. Issu d’une famille du Maryland à la tête d’un patrimoine immobilier conséquent incluant notamment plusieurs country clubs et diverses sociétés immobilières, Luigi Mangione a bénéficié d’une éducation privilégiée à l’issue de laquelle il a obtenu un diplôme de science informatique à l’Université de Pennsylvanie. Il a ensuite brièvement travaillé pour l’entreprise de location de voitures TrueCar avant de s’isoler et de mettre le cap sur Hawaï. C’est dans cet archipel paradisiaque que le jeune homme, qui se plaint de maux de dos persistants, manifestera son appétence pour la violence d’extrême gauche. À la tête d’un club de lecture, il avait choqué en proposant l’étude de La société industrielle et son avenir, un livre écrit par le terroriste Theodore Kaczynski surnommé « Unabomber » dont les colis piégés avaient fait trois morts et 23 blessés.
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La prochaine fois que le jeune homme fera parler de lui, on le verra tirer dans le dos de Brian Thompson. Sur les douilles retrouvées sur la scène de crime étaient gravés trois mots, « Delay, Deny, Depose », similaires au slogan « Delay, Deny, Defend » souvent utilisé par les compagnies d’assurance pour refuser une indemnisation. M. Mangione est présenté par ses soutiens comme un Robin des bois de l’assurance. En effet, il a prétendu souffrir de spondylolisthésis (un problème de vertèbres) et aurait subi une procédure de fusion vertébrale en juillet 2023. Pourtant, cette intervention se serait bien passée et il ne semble pas avoir été client de UnitedHealthcare.
L’absence de lien direct entre l’assassin et sa victime ou l’entreprise de cette dernière n’a pas découragé ses admirateurs anticapitalistes. Des t-shirts à son effigie sur lesquels on peut lire « Patron Saint of Capitalism’s Victims » ou encore « Luigi Mangione Our Patriot Saint of Healthcare » sont disponibles à la vente. Une campagne de levée de fonds sur la plateforme GiveSendGo, destinée à aider le suspect à financer sa défense, a permis de réunir plus de 951 000 dollars.
La mansuétude des démocrates face à la violence d’extrême gauche
L’idée que l’assassinat commis par Mangione puisse être justifiée dans une certaine mesure a semblé recevoir la caution d’une personnalité politique démocrate de premier plan en décembre 2024. Dans une interview sur la chaîne MSNBC, la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren a affirmé que « la violence n’est jamais la réponse, mais les gens peuvent être poussés à bout » avant de continuer : « C’est un avertissement : si on pousse les gens trop loin, ils perdent confiance dans la capacité de leur gouvernement à apporter des changements, perdent confiance dans la capacité des gens qui fournissent les soins de santé à apporter des changements, et ils commencent à prendre les choses en main d’une manière qui finira par constituer une menace pour tout le monde ». Accusée par la suite de faire l’apologie de la violence, la sénatrice a tenté de rétropédaler, mais sans pouvoir dissiper l’idée que la gauche américaine ne désapprouvait la violence que quand celle-ci venait de la droite. Le 11 avril, le journaliste Donie O’Sullivan, qui avait accueilli Taylor Lorenz lors de l’entretien susmentionné, a ainsi esquivé la question de la violence des « fans » de Mangione en expliquant que la violence est un phénomène « d’extrême droite ».
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Ces différentes postures politico-médiatiques conduisent à contextualiser la violence d’extrême gauche et donc à l’excuser voire à la justifier. Il s’agit d’une tendance globale et transnationale qui s’est dangereusement accrue avec les violences antisémites post 7-Octobre ou encore les dégradations de véhicules Tesla censées signifier l’opposition de leurs auteurs à la personne d’Elon Musk et à son supposé « projet fasciste, patriarcal, écocide et colonialiste ». Le déni et la culture de l’excuse prêchés par la gauche contribuent à sanctifier des assassins comme Luigi Mangione et à considérer que tuer un père de famille est un acte politique. Un jeu dangereux sous forme de blanc-seing qui risque de faire des émules. En décembre 2024, Briana Boston, une femme de 42 ans, a ainsi été inculpée pour avoir prononcé la menace suivante à l’encontre de son assureur lors d’une conversation téléphonique : « Delay, deny, depose. Vous êtes les prochains ».
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