Darmanin: des excuses très réfléchies…

Gérald Darmanin aimerait beaucoup que Marine Le Pen ou Éric Zemmour (ou tout autre affreux) ne puissent pas lui reparler de la finale Real Madrid / Liverpool, au Stade de France en 2022, lors d’un prochain débat de campagne électorale. Il fait donc son mea-culpa, sur Internet, sur la chaîne YouTube de Guillaume Pley... L’article Darmanin: des excuses très réfléchies… est apparu en premier sur Causeur.

Mai 5, 2025 - 19:36
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Darmanin: des excuses très réfléchies…

Gérald Darmanin aimerait beaucoup que Marine Le Pen ou Éric Zemmour (ou tout autre affreux) ne puissent pas lui reparler de la finale Real Madrid / Liverpool, au Stade de France en 2022, lors d’un prochain débat de campagne électorale. Il fait donc son mea-culpa, sur Internet, sur la chaîne YouTube de Guillaume Pley.


Trois années de réflexion. Une réflexion qu’on imagine intense, peut-être même douloureuse (mais si, mais si…), voilà ce qu’il aura fallu à Gérald Darmanin, aujourd’hui garde des Sceaux, ministre de la Justice, ministre de l’Intérieur au moment des faits, pour consentir enfin à articuler des excuses à l’adresse des supporters de Liverpool.

Les faits, justement. Le ratage grand format de l’organisation de la finale de la coupe d’Europe, le 28 mai 2022, au stade de France entre le Real Madrid et les Reds de Liverpool. La rencontre aurait dû avoir lieu à Saint-Pétersbourg, mais pour cause d’invasion russe en Ukraine, Paris avait hérité de l’évènement, décision prise en février, soit trois bons mois plus tôt. On se souvient des scènes d’émeute, une foule en rouge agglutinée contre les clôtures de l’enceinte du stade. Des policiers et des stadiers, complètement à la rue, débordés, impuissants. Le coup d’envoi reporté de quart d’heure en quart d’heure. Pendant ce temps, des « sauvageons » à la fête, en grappes agiles, rapides, qui mènent leur petite guérilla contre les supporters, leur piquent ce qu’il y a à leur piquer. Ils sont venus en voisins, n’est-ce pas. Un voisinage que, manifestement, les autorités en charge du maintien de l’ordre de ce grand rendez-vous n’avaient pas réellement pris en compte. En tout cas, elles n’avaient rien vu venir. « On s’est trompé de dispositif, confesse aujourd’hui le ministre au terme donc de cette intense cogitation. On s’attendait à une guerre de hooligans et on a eu des gens qui sont venus faire des rackets. » Bref, on voyait le bordel importé d’Angleterre, alors qu’on l’avait en local. Ballot de n’y avoir pas pensé. On s’est donc trompé de menace, et, conséquemment de godasses, avoue en substance le ministre. Il fallait des trucs légers pour courir vite, on avait des brodequins à clous. Pas terrible pour cavaler. On confirme. Auraient dû s’imposer les tennis « des mecs de la bac, précise-t-il, et non les grosses bottes et les boucliers des gendarmes mobiles. » Ca aussi, à la réflexion c’est plutôt ballot…

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Là-dessus – on a beau dire, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! – le RER vers quoi on avait trouvé judicieux de diriger en masse les supporters anglais tombe en panne, supporters qui se sont retrouvés bloqués sous un tunnel avant, une fois sortis de là, de se voir entassés comme des harengs en boîte devant la seule entrée qui leur était proposée. Pour faire bonne mesure, il y a eu aussi la fameuse affaire des faux billets, ce qui « cassait le rythme » des contrôles, dixit encore le ministre.

Les faux billets ! Voilà la cause de tout ! Voilà le bouc émissaire idéal que le ministre va s’empresser d’enfourcher devant les médias. « 70% de faux billets, déplore-t-il. Une fraude massive, industrielle de faux billets ! » Industrielle, vous dis-je ! Tous, doit-on comprendre, exclusivement made in England, sortis des presses clandestines des faubourgs les plus interlopes. Il tient son explication, M. Darmanin. Il tient le coupable. L’Anglais ! L’exécuteur de Jeanne d’Arc, l’arrogant triomphateur d’Azincourt ! Décidément, rien ne changera jamais ! Sus à l’Anglois, le refrain est assez usé, mais qui marchera encore cette fois-ci, s’imagine l’ex-premier flic de France.

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Au terme de trois années d’incubation il aura probablement fini par se convaincre que la ficelle était un peu grosse et le pudding par trop indigeste. D’où le mea culpa. « À l’époque, je m’étais peut-être endormi sur mes acquis (…) J’étais peut-être un peu prétentieux… » On ne le dira jamais assez : l’humilité, même à contre-temps, quoi de plus édifiant, de plus beau ! « J’ai dit ce qu’on m’a dit : les Anglais foutent le bordel » plaide le repentant dans la foulée… Mais là où l’on a véritablement le bonheur de vérifier encore – si besoin était – combien la réflexion a été profonde, c’est lorsqu’on se penche sur la formulation de la tentative de justification de la pitoyable communication qui a suivi. Je ne résiste pas au plaisir de citer mot pour mot : « Une fois que vous êtes sortis médiatiquement sur une information qui n’est pas fausse littéralement mais qui apparaît comme fausse pour le commentaire classique, on dit : « il ment »… » On comprend dès lors que, pour accoucher d’un tel pathos, trois années de maturation aient été nécessaires.



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