Finances publiques: un référendum sinon rien!

Dans un contexte difficile où 40 milliards d’euros doivent encore être trouvés d’urgence pour respecter les objectifs budgétaires de 2026, François Bayrou a évoqué la tenue d’un référendum pour faire adopter un plan global de réduction des déficits et de la dette, soulignant la nécessité du soutien populaire face à l’ampleur des efforts demandés. Emmanuel Macron, informé de cette initiative, reste réservé tant que les détails du plan n’ont pas été présentés. « Le peuple piaffe aux portes de la démocratie authentique ! » estime notre chroniqueur, qui rappelle que c’est le président lui-même qui avait promis un référendum lors des vœux... L’article Finances publiques: un référendum sinon rien! est apparu en premier sur Causeur.

Mai 5, 2025 - 10:16
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Finances publiques: un référendum sinon rien!

Dans un contexte difficile où 40 milliards d’euros doivent encore être trouvés d’urgence pour respecter les objectifs budgétaires de 2026, François Bayrou a évoqué la tenue d’un référendum pour faire adopter un plan global de réduction des déficits et de la dette, soulignant la nécessité du soutien populaire face à l’ampleur des efforts demandés. Emmanuel Macron, informé de cette initiative, resterait réservé tant que les détails du plan n’ont pas été présentés. « Le peuple piaffe aux portes de la démocratie authentique ! » estime notre chroniqueur, qui rappelle que c’est le président lui-même qui avait promis un référendum lors des vœux.


Le Premier ministre a raison de vouloir un référendum sur les finances publiques, le budget, la dette et les impôts en considérant que « la question est suffisamment grave pour qu’elle s’adresse aux citoyens[1] ».

Je ne sais pas s’il obtiendra satisfaction parce que tout ne dépend pas de lui et qu’à l’évidence il y aura des résistances (le président attendrait le « plan d’ensemble »). Emmanuel Macron lui-même pourtant nous avait promis un référendum mais sans doute estime-t-il que c’est suffisant puisqu’on attend désespérément le thème qu’il nous proposera. Il doit être partagé entre le crédit démocratique qu’il tirerait de la consultation du peuple et le désir profond qu’elle n’ait aucune conséquence négative pour lui.

Macron n’attend plus de plébiscite depuis longtemps…

Je voudrais prolonger la réflexion de François Bayrou. On ne peut plus, en effet, laisser l’ensemble des citoyens à l’écart sur des problématiques capitales comme l’immigration, la Justice, la santé.

Qu’on ne m’oppose pas des arguments juridiques qui, s’ils ont leur importance, pourraient être aisément levés au regard de la gravité qu’on attacherait aux enjeux républicains et à l’écoute bienvenue du peuple. Au demeurant, compte tenu de ce qui reste à présider pour Emmanuel Macron, la crainte d’une tonalité plébiscitaire serait évidemment vaine.

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Je n’insisterais pas sur ce recours nécessaire au référendum si on ne sentait pas notre monarchie présidentielle tenaillée à intervalles réguliers par la mauvaise conscience de savoir les citoyens là, en plénitude et en attente, prêts à répondre massivement à des questions, et de ne jamais oser les interroger dans leur totalité.

Palais Bourbon divisé

Le paradoxe en effet est qu’on multiplie les sondages compulsifs, les ersatz de référendum, les conventions partielles, les consultations régionales, les grands débats, les délibérations réduites, les commissions commodes, les apparentes sollicitations populaires. Pour donner l’impression d’un pouvoir respectueux des tréfonds de la France alors qu’en réalité il fait ce qu’il peut avec une Assemblée nationale rétive et divisée et qu’il cherche désespérément à continuer la politique mais par d’autres moyens.

La dernière initiative du président est un parfait exemple de ce qui représente à la fois la volonté de se débarrasser d’une difficulté et l’envie de recueillir les fruits d’une Convention citoyenne, sur « les temps de l’enfance » (rythmes scolaires et durée des vacances). Ce serait ridicule si cela ne concernait pas notre pays et l’inaptitude à penser, à délibérer et à trancher. Et il paraît que le président oserait reprocher au Premier ministre son indécision, son « inertie » !

Le citoyen en a plus qu’assez d’être consulté par petits bouts, à mi-temps, à la portion congrue, du bout de la démocratie, avec des pincettes. Il veut pouvoir sortir la politique de son marasme parlementaire pour la conduire dans les vastes espaces de la République et du suffrage populaire. Pour que ce dernier casse les blocages, les pudeurs inutiles, les bienséances convenues et ainsi déverrouille les portes de l’audace.

Le peuple piaffe aux portes de la démocratie authentique. Qu’on les lui ouvre vite pour qu’il ne les enfonce pas !

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[1] https://www.lejdd.fr/politique/exclusif-budget-dette-impots-francois-bayrou-veut-un-referendum-157685

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