Recevoir un djihadiste à l’Élysée: Macron a-t-il perdu la mémoire?
Il y a des jours où l’on se pince pour y croire. Des jours où la nausée vous serre la gorge tant l’indécence est grande. Mardi 7 mai, l’Élysée déroule le tapis rouge à Ahmad al-Charaa, chef islamiste de Damas, ex-figure d’al-Qaïda et toujours recherché par Interpol. Oui, vous avez bien lu : un ancien terroriste, fraîchement repeint en président « modéré », reçu avec tous les honneurs par le président de la République française... L’article Recevoir un djihadiste à l’Élysée: Macron a-t-il perdu la mémoire? est apparu en premier sur Causeur.

Le président Macron a accueilli, mercredi 7 mai à l’Élysée, le président syrien par intérim, Ahmed Al-Charaa. Une visite très diversement appréciée. Si la coalition islamiste parvient à stabiliser la Syrie et à assurer la protection des Syriens quelle que soit leur confession, Paris promet de lever les sanctions européennes.
Il y a des jours où l’on se pince pour y croire. Des jours où la nausée vous serre la gorge tant l’indécence est grande. Mardi 7 mai, l’Élysée déroule le tapis rouge à Ahmad al-Charaa, chef islamiste de Damas, ex-figure d’al-Qaïda et toujours recherché par Interpol. Oui, vous avez bien lu : un ancien terroriste, fraîchement repeint en président « modéré », reçu avec tous les honneurs par le président de la République française.
Farce sinistre
Al-Charaa n’a jamais été un homme de paix. Il est le visage poli de l’islamisme le plus violent, celui qui a défiguré la Syrie sous les bannières du djihad, en tandem avec les parrains turcs et qataris. Un homme qui, en mars dernier encore, laissait dérouler des massacres d’Alaouites, en avril, il y a une semaine, des razzias contre les Druzes, et des appels à « libérer Jérusalem » dans un remake douteux de la rhétorique du Hamas.
Macron, parrain des « modérés » façon Frères musulmans. Voire pire ?
Depuis la chute du dictateur Assad, Emmanuel Macron s’active visiblement pour intégrer diplomatiquement le successeur. Sous couvert de lutte contre Daech, on requalifie en « forces modérées » ceux qui, hier encore, prônaient le califat. Une farce sinistre, une manipulation de vocabulaire aussi vieille que Machiavel.
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Recevoir al-Charaa, c’est comme recevoir Sinwar du Hamas avec un nœud papillon. C’est valider la violence islamiste en costume trois pièces. C’est piétiner la mémoire des minorités massacrées, des femmes enlevées, des enfants écrasés sous les bombes et des résistants laïques abandonnés à leur sort.
Et ce n’est pas une exagération. Depuis fin avril, ses milices lancent des offensives meurtrières contre les Druzes de Soueïda. Son gouvernement autoproclamé impose la charia dans la Constitution, sans le moindre vote. Dans les rues de Damas, les slogans antisémites résonnent à plein volume, avec la bénédiction du régime. Et c’est à ce président de guerre sainte que l’Élysée offre une tribune ?
Deux poids, deux mesures — version République
La même France qui condamne le régime iranien, qui sanctionne des oligarques russes, accueille un islamiste syrien impliqué dans des crimes de guerre ? Il faut oser. Et Emmanuel Macron ose.
L’homme fort de Damas nomme à des postes ministériels des figures comme Ahmed al-Hays, alias Abou Hatim Shaqra, connu pour ses exécutions sommaires et son trafic de femmes yézidies. Mais qu’importe : à Paris, l’heure est à la réhabilitation, tant que cela sert une illusion de stabilité.
Car l’obsession française, c’est toujours d’être en tête de cortège, le premier à serrer des mains, le premier à croire à une « solution politique » où il n’y a que la loi du plus fanatique.
La diplomatie sans mémoire est une forme de trahison.
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On nous dira que la diplomatie exige d’ouvrir des canaux. C’est vrai. Mais les Américains et les Israéliens, eux, savent poser des conditions. Ils ne distribuent pas les invitations à la légère ni les chèques en blanc.
Recevoir al-Charaa, sans exiger de garanties pour les minorités, sans même un semblant de vérification de dialogue pluraliste, c’est entériner la victoire du plus sectaire. C’est trahir non seulement la Syrie, mais aussi ce qu’il reste des principes français : la justice, la liberté de conscience, la défense des opprimés.
Je suis franco-syrien. Je n’attendais pas de la France qu’elle sauve mon pays d’origine. Mais j’espérais au moins qu’elle ne s’abaisse pas à légitimer les djihadistes, ex-Al-Qaïda, qui l’ont un jour martyrisé et qui y perpètrent encore des massacres.
En accueillant Ahmad al-Charaa, Emmanuel Macron ne fait pas un pas de diplomate : il commet une faute morale.
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