Qui veut se faire l’industrie du porno?

Si l’extrême gauche et les féministes "woke" se verraient bien interdire le porno (opérant ainsi un virage à 180 degrés par rapport aux années 70), l’industrie du X assure qu’elle fait des efforts pour se professionnaliser... L’article Qui veut se faire l’industrie du porno? est apparu en premier sur Causeur.

Mai 12, 2025 - 15:27
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Qui veut se faire l’industrie du porno?

Si l’extrême gauche et les féministes « woke » se verraient bien interdire le porno (opérant ainsi un virage à 180 degrés par rapport aux années 70), l’industrie du X assure qu’elle fait des efforts pour se professionnaliser.


Quand on pense au rayonnement économique de la France à l’international, ce n’est pas immédiatement l’industrie pornographique qui nous vient à l’esprit. Les chiffres sont pourtant là. Les deux sites pornos les plus visités au monde (XVideos et XNXX) sont possédés par un Français.

Celui-ci s’efforce de mener une vie discrète, loin des médias qui se font régulièrement pressants pour décrypter ce qui s’apparente véritablement à un empire économique, les flux générés par ces sites étant comparables à ceux d’Amazon. On pourrait aussi citer l’entreprise française Dorcel dont le nom est mondialement connu et qui exporte son activité de production et de diffusion de contenus audiovisuels pour adultes bien au-delà de nos frontières.

L’heure du crime

C’est en 2020 que plusieurs scandales éclatent et font véritablement vaciller l’industrie du porno en France. Je parle bien entendu des sordides affaires dites de « French bukkake » et de « Jacquie et Michel ». Des poids lourds du secteur mais également des personnes y travaillant, producteurs, acteurs et réalisateurs, sont mis en cause dans des faits graves de viols, de traite d’êtres humains et de proxénétisme aggravé. En définitive, ce sont plus d’une cinquantaine de plaignantes qui font entendre leur voix.

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Que s’est-il passé depuis ? En septembre 2023, le Haut Conseil à l’Égalité entre les hommes et les femmes sort un rapport[1] sans équivoque sur ce qu’il appelle la pornocriminalité. Racisme, misogynie, violences verbales et physiques : l’industrie pornographique serait en réalité une véritable industrie du crime jouissant d’une impunité quasi totale dans la société française. C’est sur ce rapport que s’appuient différents articles de Mediapart qui accusent ouvertement l’industrie pornographique de propager, entre autres, la culture du viol. Dans le dernier en date, on voit également apparaître l’étrange notion de « capitalisme sexuel » ainsi que l’annonce de la parution d’un ouvrage intitulé Sous nos regards aux Éditions du Seuil. Il s’agit du récit des plaignantes, mis en mots par des autrices engagées qui veulent faire entendre la parole de ces femmes présentées comme « celles que tout le monde regarde mais que personne ne veut entendre ». Il n’y a, de fait, aucune raison pour que l’industrie pornographique soit une zone de non-droit et que les personnes qui y travaillent ne puissent pas dénoncer ce qu’elles subissent et faire appel à la justice dès lors que les faits sont pénalement répréhensibles.

L’industrie du porno sur le banc des accusés

Si le bien-fondé de ce recueil ne fait aucun doute, le choix d’une publication, en avril 2025,  quelques semaines avant les procès des faits relatés, ne peut que nous interroger sur les intentions des autrices et de la maison d’édition. Il serait naïf de croire à un simple hasard calendaire alors que la plupart des avocats déconseilleraient de rendre public ce type de témoignage avant que justice ne soit rendue. Si cela est intentionné, cela signifie qu’il y a une volonté d’influencer en amont un jugement judiciaire en mobilisant notamment l’opinion publique. Il y a le risque, aussi, de  confondre des récits, forcément empreints d’émotion et peut-être orientés par le militantisme des autrices, avec des faits avérés, fruits de longues enquêtes judiciaires. Il ne s’agirait alors plus tant de porter la parole des victimes que d’instrumentaliser celle-ci dans le cadre d’un procès qui les dépasse, qui ne serait plus seulement celui de leurs bourreaux mais celui de l’industrie pornographique tout entière.

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Ne soyons pas naïfs : le monde du porno est bien loin d’être irréprochable. L’un des plus gros problèmes, régulièrement pointé du doigt dans le débat public, est son accès aux personnes mineures et les désastreuses conséquences sociétales qui en découlent. Dans ces affaires, il est également évident que les actes relatés, s’ils sont avérés, doivent être jugés et sévèrement punis. Mais il s’agirait cependant de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, au risque de jeter l’opprobre sur tout un secteur alors même qu’au sein de celui-ci s’opèrent déjà des prises de conscience. Depuis 2021, le groupe Dorcel, par exemple, a pris des engagements éthiques et mis en place une charte déontologique[2] prenant davantage en compte la notion de consentement des acteurs et actrices avec notamment des contrats de travail plus détaillés mais également la présence sur les plateaux de « coordinateurs d’intimité » pour éviter la moindre dérive. Là où certains groupuscules, souvent issus de féministes d’ultra-gauche, hurlent « Abolition !», l’industrie du porno répond «  Professionnalisation ». Notons également que les acteurs de ce secteur sont multiples, que les boîtes de production n’ont pas toutes le même fonctionnement et qu’on ne peut donc pas réduire la pornographie française aux deux entreprises mises en cause dans ces affaires.

Ces articles de presse et parutions posent les jalons pour que les procès à venir aient un fort retentissement dans la société française. Après le procès Pelicot, devenu celui de la masculinité toxique, attendons-nous à celui du porno ces prochains mois. Producteurs, acteurs et consommateurs : tous coupables ! Mais de quoi ? La moralité a-t-elle vraiment sa place au sein de nos tribunaux ? A-t-on vraiment envie d’un État, toujours plus intrusif dans l’intimité des gens ? Un État qui, sous prétexte de combattre le vice, le pousserait jusqu’à expliquer aux Français sur quoi il est désormais acceptable de se branler.

Sous nos regards: Récits de la violence pornographique

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[1] Rapport du HCE,  septembre 2023 – https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce-synthese-rapport_pornocriminalite27092023.pdf

[2]  Charte déontologique de la production X, avril 2021 : https://www.calameo.com/read/006296452fe7c343f8dd7

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