L’appartement feutré de 120m2 d’un collectionneur d’art à Paris
En face du Musée d'Art moderne de Paris, l'architecte d'intérieur Marika Dru a conçu un appartement à l'atmosphère feutrée, pied-à-terre inspirant pour son propriétaire collectionneur d'art.

Il suffit de regarder par la fenêtre pour apercevoir, juste en face, l’impressionnante façade en pierre du Musée d’Art moderne de Paris, planté avenue du Président-Wilson. Construit par les architectes Jean-Claude Dondel et André Aubert à l’occasion de l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937, le Palais de Tokyo — tel qu’on le nomme aujourd’hui — offre un beau témoignage du style Art déco. Une inspiration toute trouvée pour Marika Dru, à la tête d’Atelier MKD, qui a fait du bâtiment historique le point de départ de ce projet. « Les fenêtres se sont imposées comme de véritables tableaux et m’ont inspiré une écriture architecturale rythmée et rigoureuse. C’est pour cela que nous avons naturellement orienté les pièces de vie vers le musée et les parties privatives sur la cour pour plus de calme et d’intimité « , confirme-t-elle. Déployé sur 120 m2, l’appartement a été entièrement repensé et les différents espaces redistribués pour répondre au vœu du propriétaire qui, voyageant beaucoup, souhaitait davantage un lieu où se réfugier qu’un appartement d’apparat.
Sensible aux proportions et à la façon dont la lumière structure les espaces, l’architecte d’intérieur a développé un ensemble aux volumes simples et chaleureux, préférant l’épure des lignes architecturales à une démonstration de force. « Je recherche l’harmonie dans la simplicité, avance Marika Dru. Je choisis des matériaux nobles et intemporels qui rassurent et donnent l’impression d’avoir toujours été là. » À l’instar du bois, présent dans toutes les pièces de l’appartement, mais aussi des nombreux textiles qui déclinent un colorama de beiges orangés et confèrent à l’appartement une ambiance ouatée on ne peut plus chaleureuse. Dans les salles de bains, Marika Dru signe un ultime clin d’œil à la sobriété du Musée d’Art moderne grâce à une panoplie de mosaïques de facture Art déco.
Comme un fil conducteur dans tout l’appartement, l’architecte d’intérieur a disposé, sur les murs, de larges panneaux laqués dotés de baguettes, qui se prêtent particulièrement bien à l’accueil d’œuvres d’art. Il faut dire que le maître des lieux est un collectionneur aguerri et a mis en scène, ici, une collection riche et éclectique d’art et de design. Se noue ainsi un dialogue entre les années 1930 et 1980, alors que des pièces d’art tribal venant de la galerie Lucas Ratton jouxtent du mobilier Jean-Michel Frank, des collages signés Lia Rochas-Paris et des pièces d’art de la table en Inox de Sophie Lou Jacobsen. Un sens aigu de la scénographie, qui irrigue la vision de Marika Dru. « Fille d’un hôtelier prestigieux, j’ai eu la chance, dès mon plus jeune âge, de voir des projets se rêver, se conceptualiser, se bâtir. Ma mère, férue de littérature et de théâtre, a également toujours mis en scène les décors de notre vie », explique-t-elle, avant de poursuivre : « je suis convaincue que l’humain est au cœur de tout projet. J’aime qu’il existe une adéquation entre un lieu et ceux qui les font vivre. Il faut écouter et observer pour atteindre le point de rencontre entre l’espace du client et celui de l’architecte ». Ce qu’incarne parfaitement cet appartement.