Nés dans les années 20 puis oubliés, les ciné-clubs font leur grand retour à Paris
Après plusieurs décennies de déclin, les ciné-clubs semblent faire leur grand retour à Paris. Offrant des projections uniques suivies de débats sur des thèmes variés, ils nous invitent à vivre le cinéma comme une expérience collective et à le redécouvrir sous des angles de réflexion nouveaux. Une longue histoire de cinéphilie L’histoire des ciné-clubs est […]

Après plusieurs décennies de déclin, les ciné-clubs semblent faire leur grand retour à Paris. Offrant des projections uniques suivies de débats sur des thèmes variés, ils nous invitent à vivre le cinéma comme une expérience collective et à le redécouvrir sous des angles de réflexion nouveaux.
Une longue histoire de cinéphilie
L’histoire des ciné-clubs est vieille d’un siècle : elle remonte aux années 1920, à l’époque où le cinéma est encore en pleine mutation et peine à être reconnu en tant que forme d’art légitime. Les cinés clubs apparaissent d’abord dans les années 1920, sous l’impulsion de Louis Delluc qui crée le Journal du Ciné-Club : la première séance de projection a lieu le 14 Novembre 1921. L’objectif du ciné club : défendre « un cinéma de qualité non inféodé aux puissances d’argent et en faveur d’une authentique activité de critique ». En 1924, Delluc fonde le Ciné-Club de France, entouré de Léon Moussinac, Germaine Dulac et Jacques Feyder. Ces cercles deviennent rapidement des lieux de débats et de discussions qui réunissent les passionnés et visent à promouvoir des œuvres délaissées par la critique et les exploitants.
Cependant, l’histoire des ciné-clubs n’est pas de tout repos : tensions avec les exploitants qui craignent une concurrence déloyale, censures et implications politiques -notamment avec la diffusion de films soviétiques interdits par la préfecture de police- et divisions selon les affiliations religieuses ou idéologiques.
Après la Libération, ils connaissent un essor considérable en France, soutenus par une volonté de démocratiser la culture cinématographique, et d’éduquer via le cinéma. Alors que les salles se remplissent, les ciné-clubs fleurissent un peu partout sur le territoire. Une Fédération Française des Ciné-Clubs (FFCC) voit le jour en 1945, suivie par la Fédération Internationale des Ciné-Clubs (FICC) en 1947. C’est l’âge d’or des ciné-clubs, renforcé par un statut officiel accordé en 1949 au cinéma non commercial.
A la fin des années 1960, leur succès décline face à l’avènement de la télévision, des multiplexes, des cassettes VHS. Aujourd’hui, avec la multiplication des sites de streaming et l’essor du canapé comme espace de visionnage privilégié, ils pourraient nous sembler bien obsolètes. Pourtant, depuis la fin du Covid, ils font leur grand retour : avec la réouverture des salles s’est opérée la réapparition des ciné-clubs dans beaucoup de cinémas indépendants parisiens.
Une sélection de ciné-clubs à ne pas manquer
Dans l’obscurité des salles, les ciné-clubs se sont multipliés ces dernières années autour de thématiques très variées : que vous soyez fan de films d’horreur, des années 80, de films féministes ou d’adaptations, il y a forcément un ciné-club qui vous correspond. Pour vous aider à faire votre choix, on vous propose une sélection de ciné-clubs en tous genres.
Le Ciné club “Pop & Psy” : cinéma et santé mentale
Tous les mois, de septembre à juin, Pop & Psy organise des projections autour du thème “Queer” au Brady. Comédies, drames, classiques, films pop, avec des personnages LGBTQIA+, les projections sont suivies de discussions sous l’angle de la santé mentale et de la construction de nos imaginaires, animées par le médecin psychiatre Jean Victor Blanc.
Prochaine séance le mercredi 23 avril, 20h30 : Sans jamais nous connaître, Andrew Haigh.
Où ? Cinéma Le Brady, 39 Bd de Strasbourg, 75010 Paris
“No Picture Please” : quand la salle de cinéma rencontre le musée
Cinq fois dans l’année, ce ciné-club pour les passionnés d’art explore les liens entre cinéma et musée au Majestic Bastille. Présenté par Hortense Belhôte, comédienne et historienne de l’art, les séances commencent par une problématisation, illustrée avec des tableaux et photogrammes. A la fin de la projection, la salle se transforme en table ronde où l’on discute autour des liens entre les deux disciplines.
Prochaine séance le jeudi 10 avril, 20h : “Varda et Maldoror : colosses parisiennes”, 4 courts métrages
Où ? Majestic Bastille, 2/4 Bd Richard-Lenoir, 75011 Paris
“Du livre à la toile !”, le ciné club des littéraires
Pour ceux qui vont en salle pour voir leurs livres préférés s’animer sur grand écran, le ciné club Du livre à la toile ! est là. Il met en lumière des adaptations littéraires, qui donnent lieu à des échanges autour des liens entre cinéma et littérature avec des invités de marque (auteurs, réalisateurs, acteurs, journalistes..)
Prochaine séance le dimanche 6 avril à 16h, La délicatesse en présence de David Foenkinos
Où ? Le Majestic Passy, 18 Rue de Passy, 75016 Paris
“The Breakfast club (but at night … !), un ciné club festif par et pour les étudiants
Pour une quatrième saison, ce ciné-club co créé et co animé par des étudiants pour les 15-25 ans propose des projections autour de deux thématiques : Dystopies et multidimensionnel et Métamorphose des genres. Au programme s’invitent aussi blind tests, soirées stand up, quizz, et pleins d’autres animations festives qui font du cinéma une expérience à partager.
Prochaine séance le mardi 8 avril, 20h : De la terreur de mes soeurs ! et Les démons de Dorothy, courts métrages d’Alexis Langlois
Où ? Studio des Ursulines, 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
Programme complet ici
Tonnerre, le ciné club féministe
Si vous souhaitez voir des films écrits et/ou réalisés par une femme, et échanger avec elles, Tonnerre vous donne rendez-vous une fois par mois au Majestic Bastille. Animé par Elvire Duvelle-Charles, journaliste, autrice et activiste féministe, le ciné-club s’applique à apporter un éclairage féministe aux films.
Prochaine séance le 29 mars, 20h : September and July de Ariane Labed, en présence de la réalisatrice et de Iris Brey.
Où ? Le Luxy, 77 Av. Georges Gosnat, 94200, Ivry-sur-Seine
“Le Marniertoscope”, pour voyager dans les années 80 et 90
Un jeudi par mois, Sébastien Marnier, réalisateur et scénariste vous invite à un voyage nostalgique dans les films qui ont marqué son adolescence.
« […]À chaque soirée, une année mise à l’honneur, avec de la musique, des bandes annonces, des série B, des héroïnes badass, de la pop culture et des pizzas… Si en plus, je vous dis qu’on pourra papoter avec Renan Cros et des invités surprises, que parfois on sera déguisé et qu’on pourra même danser… »
Une promesse qui fait rêver !
Ciné-Relax : les séances bienveillantes et accessibles à tous
Moins ciné-club que séances ordinaires adaptées aux spectateurs en situation de handicap, les séances Ciné-Relax méritaient d’être mentionnées. Un dimanche par mois au Majestic Passy, elles sont adaptées aux personnes en situation de handicap grâce à des aménagements humains et techniques.
Prochaine séance : Blanche Neige, Marx Webb
Où ? Le Majestic Passy, 18 Rue de Passy, 75016 Paris
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Salle de cinéma – © Adobe Stock