Comment je me suis trompé sur Donald Trump…
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Si en campagne ses discours ont séduit les conservateurs du monde entier, son caractère imprévisible et les premières intentions diplomatiques de son second mandat inquiètent…
Qu’on ne se réjouisse pas trop vite : mon amende honorable est partielle. Je ne regrette pas sa victoire écrasante face à la mauvaise candidate démocrate. Les démocrates, d’ailleurs, après cette déroute, ne parviennent pas à se relever. Donald Trump les a assommés et continue à les tétaniser.
Mon erreur tient à mes impressions initiales. Il m’avait semblé percevoir de la part du nouveau président, dans ses premières attitudes, une sorte de normalité, comme s’il avait accepté de se couler dans une posture un peu plus classique que dans le passé. Sa présence à Notre-Dame de Paris, après qu’il avait pourtant annoncé qu’il ne viendrait pas – revirement laissant espérer un retour du bon sens – et son comportement avant la cérémonie et lors de celle-ci m’avaient confirmé la réalité d’un Donald Trump plus apaisé, moins imprévisible.
Cette analyse était fondée sur la certitude que son retour triomphal à la Maison-Blanche n’avait pu que lui donner davantage confiance en lui-même et donc moins de désir de surprendre, de contredire, de provoquer. Cette presque normalité apparaissait comme la conséquence prévisible d’une psychologie rassurée.
Un pouvoir renforcé, des dérives inattendues
Or c’est exactement le contraire qui s’est produit. Le constat, qui était pertinent, a engendré en réalité, notamment sur le plan international, des effets que j’estimais inconcevables. Tout ce qui aurait dû être de nature à pacifier la personnalité de Donald Trump l’a, paradoxalement, dégradé en libérant des pulsions qu’il était contraint de limiter lors de son premier mandat.
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Le second mandat, par le pouvoir quasiment absolu qu’il lui a octroyé, avec l’influence à la fois plus délétère que bienfaisante d’un Elon Musk, permet au président de s’abandonner avec une volupté dévastatrice et déstabilisatrice, à son incoercible besoin d’accomplir le contraire de ce qu’on attend de lui. Empruntant des chemins aux antipodes du bon sens et de la loyauté internationale.
Le renversement des alliances, la partialité au bénéfice de Poutine au point de gommer sa responsabilité exclusive dans l’invasion de l’Ukraine, son mépris pour le président Zelensky encore plus admirable qu’avant dans cette séquence, son dédain à l’encontre de l’Union européenne, le bloc de narcissisme et d’entêtement qu’il demeure malgré la vaillance cherchant à être persuasive de notre président qui continue son sans-faute sur cette partie du monde, sont autant de signes à la fois géopolitiques et psychologiques que Donald Trump est en roue libre, en posture erratique.
Son succès présidentiel ne l’a pas normalisé mais l’a gonflé.
Défendant les intérêts américains avec un cynisme et une brutalité sans pareils, il préfère la complicité avec une Russie gravement coupable, dans un dialogue au sommet dont on espère qu’il ne sera pas réduit à tout concéder à l’envahisseur, plutôt que de tenir la ligne de son prédécesseur qui, trop moqué, avait raison sur ce plan.
L’Europe face au mépris de Trump : quel avenir ?
Faut-il se consoler en comptant sur un sursaut de l’Europe face à l’indifférence ou, pire, au mépris de Donald Trump ? Rien n’est sûr.
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La manière dont le président Trump prétend se camper non seulement en pacificateur mais en régulateur ou en agitateur pour le monde entier trouvera rapidement ses limites comme peu à peu, aux États-Unis, l’incroyable désordre engendré par Musk au prétexte d’éliminer les incompétents, les inutiles.
Je me suis trompé sur Donald Trump parce que j’ai supposé que la confiance du peuple américain le conduirait sur des chemins à la fois personnels et politiques moins singuliers, plus heureusement traditionnels. Elle l’a fait dériver encore davantage.
Et probablement n’est-ce pas fini.
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