Visibilité et fierté, enfin !
Le gouverneur militaire de Paris vient de prendre une décision qu’il convient de saluer... L’article Visibilité et fierté, enfin ! est apparu en premier sur Causeur.

Une note datée du 8 avril, mais récemment mise en lumière sur les réseaux sociaux, attire l’attention. Signée par le général de corps d’armée Loïc Mizon, elle autorise les militaires en service à porter leur uniforme lors de leurs déplacements en Île-de-France. « Face à l’évolution rapide de notre environnement stratégique et aux manœuvres de déstabilisation de nos compétiteurs, le renforcement de la cohésion nationale est crucial. La visibilité des armées en Ile-de-France est donc primordiale, et passe aussi par le port de la tenue militaire hors des enceintes militaires. La menace terroriste demeurant élevée, celui-ci impose néanmoins la plus grande vigilance », écrit d’emblée le gouverneur militaire de Paris.
Le gouverneur militaire de Paris vient de prendre une décision qu’il convient de saluer. De nouveau, le port de l’uniforme (je crois que le terme d’usage est « la tenue ») sera autorisé en dehors des enceintes militaires à Paris et en Île-de-France. Le retour du galon, du calot, du béret, du képi dans les rues. Donc, voilà que la grande muette va redevenir – enfin ! – visible au sein de la société.
La visibilité est un paramètre fondamental, tout d’abord parce qu’elle exprime la fierté de l’appartenance à un corps, à une communauté de la nation. Ensuite, parce que la visibilité est un des moyens – basique il est vrai, mais évident – de susciter des vocations. Sans compter, bien évidemment, le côté rassurant que cela peut avoir aux yeux des citoyens. Et il y a plus encore : alors qu’au sommet de l’Etat on se complaît à mettre en avant la nécessité qu’il y aurait à montrer ses muscles, notamment face à Poutine, l’uniforme des forces armées de nouveau dans l’espace public ne pourrait donc que témoigner aussi de la grande utilité de montrer ses muscles, mais cette fois à l’intérieur même du pays, à l’adresse de la population, dans toutes ses composantes, de souche et autres, si vous voyez ce que je veux dire.
A lire aussi, du même auteur: Mortels rodéos: moins de mots, plus d’actes
En fait, ma réaction s’explique aussi par ce que d’aucuns qualifieraient de traumatisme de jeunesse, ce dont je m’abstiens, bien évidemment.
Je suis fils d’officier. Nous sommes en 1968 – comme par hasard -. À la sortie d’une grand-messe du dimanche, nous voyons le vicaire – un jeune gars bien formaté sans aucun doute – venir s’adresser à mon père pour lui faire savoir qu’il n’était pas forcément de bon aloi qu’il assiste à l’office religieux en tenue. Cela, semble-t-il, en raison du rôle de l’armée française en Algérie.
Aussi, permettez-moi de voir dans la décision du gouverneur militaire quelque chose comme une once de revanche posthume pour l’auteur de mes jours.
Visibilité dans l’espace public, affirmation d’une fierté, donc. Cela est manifeste. À quand, dans une identique affirmation de fierté, le retour de la soutane dans les rues, les places, de nos villes et villages ? À cet égard faut-il préciser que, contrairement à une petite musique qu’on entend un peu trop ces jours-ci selon quoi la laïcité « exclurait la spiritualité de l’espace public », ce n’est nullement la laïcité qui a chassé la soutane de la cité, mais l’Église elle-même, dans le grand mouvement de Vatican II. Peut-être le moment serait-il venu qu’elle se montre de nouveau fière d’elle-même, par une présence bien visible. Et allons donc savoir si cela ne contribuerait pas peu ou prou à générer des vocations, ces vocations dont, affirme-t-elle, elle a si grand besoin ?
L’article Visibilité et fierté, enfin ! est apparu en premier sur Causeur.