Salauds de pauvres!
Faisant partie du projet de loi dit de « simplification » autour duquel les députés s’écharpent depuis plusieurs semaines à l’Assemblée, les ZFE limitent, dans les grandes villes, la circulation des véhicules les plus polluants. À la tête des « gueux », le romancier iconoclaste Alexandre Jardin prévient le gouvernement: il est hors de question que les riches privatisent davantage la capitale de la France... L’article Salauds de pauvres! est apparu en premier sur Causeur.

Faisant partie du projet de loi dit de «simplification» autour duquel les députés s’écharpent depuis plusieurs semaines à l’Assemblée, les ZFE limitent, dans les grandes villes, la circulation des véhicules les plus polluants. À la tête des «gueux», le romancier iconoclaste Alexandre Jardin prévient le gouvernement: il est hors de question que les riches privatisent davantage la capitale de la France…
Avec les ZFE (zones à faible émission), la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a fait souffler le zef de l’indignation, en déclarant que les pauvres n’étaient pas concernés, car «les moins riches, ils n’ont pas de voiture»1. Dans la bouche d’une ministre surdiplômée (elle a fait Science-po, HEC, l’ENA), c’est un mépris affiché pour les autodidactes, qui ne roulent pas sur l’or, ça résonne comme une insulte : »Salauds de pauvres ! », qui ne pouvez pas vous payer des voitures électriques !
Conduisez-vous bien…
Pour amortir cette sortie malheureuse, le gouvernement a mis la pédale douce, et au final seule la traversée de Paris (et peut-être de Lyon) pourrait être concernée et interdite aux moins riches. La traversée de Paris, c’est le titre d’une nouvelle de Marcel Aymé, portée à l’écran par Claude Autant-Lara, où à Paris sous l’Occupation allemande, le personnage de Grangil, interprété par Jean Gabin, traîte de »salauds de pauvres » les tenanciers et clients d’un bistro. Une réplique, à répliquer pour le plaisir : « Mais qu’est-ce que vous êtes venus faire sur Terre, nom de Dieu, vous n’avez pas honte d’exister, hein ? Regarde-les, tiens ! Ils bougent même plus ! Et après ça ils iront aboyer contre le marché noir… Salauds d’pauvres ! »
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Mais pour Aymé, contrairement au ministre, il ne s’agissait pas d’insulter la pauvreté mais de dénoncer un manque de dignité, de moquer les Parigots tête de veau qui avaient baissé la tête sous le joug de l’Occupation. Or Paris est aujourd’hui occupé, par des illuminés qui veulent recréer la campagne à la ville. Alors, salauds de pauvres, il est encore permis de bien se conduire, en envoyant bouler les autocrates.
Le mépris
Un appel que relaie vertement l’écrivain Alexandre Jardin, qui n’hésite jamais à jeter la pierre aux bobos, dont les « idées parisiano-centrées puent le mépris ». Sur son compte X, il publie le témoignage d’un »pauvre » paysan, un laissé-pour-compte qui ne veut pas s’en laisser conter : « Ils ne peuvent pas nous interdire Paris, se barricader entre eux, faire un mur anti-gueux. Paris n’est pas à eux. On ne les laissera pas privatiser la capitale des Français. » Les Mickey de Boboland sont prévenus.
- BFMTV, mardi 8 avril 2025 https://x.com/BFMTV/status/1909486559520268566
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