Révélations: bientôt des trottoirs à sens unique à Paris

L’inauguration de ces trottoirs est prévue le 1er septembre. À titre expérimental, les Champs-Élysées, les Grands Boulevards, la rue de Rivoli, ainsi que les boulevards Saint-Germain et Saint-Michel seront concernés pendant six mois. Le changement de trottoir ne pourra plus se faire qu’aux carrefours, en tournant à gauche selon un sens giratoire. Détails... L’article Révélations: bientôt des trottoirs à sens unique à Paris est apparu en premier sur Causeur.

Avr 1, 2025 - 05:19
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Révélations: bientôt des trottoirs à sens unique à Paris

L’inauguration de ces trottoirs est prévue le 1er septembre. À titre expérimental, les Champs-Élysées, les Grands Boulevards, la rue de Rivoli, ainsi que les boulevards Saint-Germain et Saint-Michel seront concernés pendant six mois.


À cause d’une « smombification » en pleine expansion et que rien ne semble pouvoir endiguer, source de nombreux incidents entre piétons et aussi d’accidents graves ayant parfois couté la vie à certains d’entre eux, la ville de Paris a décidé de créer des trottoirs à sens unique le long de ses principales artères les plus fréquentées, selon un rapport de 14 pages, classé très confidentiel, que Causeur.fr a pu se procurer auprès d’une source interne haut placée, digne de foi.

Un projet qui sera présenté début juin

Le projet qui devrait être rendu public dans la première semaine de juin s’inspire de ce qui s’est fait à Chongqing, ville du sud-ouest de la Chine, sur le fleuve Yangtze, proche du grand barrage des Trois Gorges, et à Séoul, capitale de la Corée du Sud, suite à la prolifération des « smombies ». Ce mot est une contraction de smartphone et de zombie. Il désigne ces piétons qui ont les yeux en permanence rivés sur l’écran de leur téléphone, tout en se déplaçant à un bon train. Il a été inventé en 2015 en Allemagne suite à la massification de ce phénomène dans les grandes villes du monde que les urbanistes qualifient de « smombification ».

L’un d’entr’eux, Hubert Beroche, fondateur et président d’Urban AI1, qui vient de publier un essai à ce sujet2, estime dans un entretien accordé au Figaro le 18 mars, qu’à « bien des égards, le lancement des smartphones peut être comparé à celui de l’automobile au XIXème siècle. (…) les technologies transforment la matérialité d’une ville. Les ascenseurs ont exhaussé la ville, les métros l’ont densifiée, les voitures l’ont allongée ». Désormais les villes doivent s’adapter à ce qu’il appelle « le basculement des « yeux sur la rue » aux « yeux sur écran »».

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C’est ainsi que Chongqing, qui avec ses 32 millions d’habitants est considérée comme la plus grande ville du monde (en fait, il s’agit d’un conglomérat de villes voisines réunies sous une administration commune), a dédié plusieurs rues de son centre à l’usage exclusif des « smombies » pour leur épargner les accidents de la circulation dont ils étaient victimes (percussion en pleine tronche d’un poteau se trouvant sur leur trajet, collision de front avec un homologue venant en sens inverse, renversement par une voiture lorsqu’ils traversaient un carrefour le regard fixé sur leur écran etc.). Les autorités de Honolulu ont, elles, pris un décret interdisant de traverser une rue en regardant son téléphone sous peine d’une lourde amende et envisageraient des mesures plus drastiques si cette interdiction reste sans effets.

Des feux rouges au sol dans la ville de Hong-Kong afin d’éviter les accidents entre voitures et « smombies » © D.R.

Dans la capitale de la Corée du Sud, 61% des accidents de la circulation impliquaient des « smombies » obnubilés par ce qu’ils voyaient sur leurs smartphones. Alors les autorités municipales, rapporte Hubert Beroche, ont « installé des sortes de feux rouges au sol » de manière à qu’ils n’aient plus besoin de lever des yeux pour être informés qu’ils n’ont pas à traverser. Le pourcentage d’accidents a très sensiblement baissé. Hubert Beroche indique aussi que des « chercheurs ont imaginé une application utilisant la caméra des smartphones couplée à de l’intelligence artificielle, de sorte qu’une notification soit envoyée en cas de danger » à l’utilisateur.

« L’écran médiatise, poursuit Hubert Beroche, un rapport au monde désincarné, insipide. On se rend compte, à travers cette désescalade sensorielle, d’une diminution de notre capacité de cartographie mentale. L’utilisation répétée, prolongée, abusive des écrans atrophie notre mémoire spatiale et nous rend moins aptes à coordonner nos sens avec l’environnement urbain. Chacun le perçoit dans son intimité : alors qu’il y a dix ans, un coup d’œil sur une carte suffisait à se repérer, on a désormais besoin de son smartphone à chaque coin de rue pour s’assurer qu’on est bien sur la bonne voie ».

Mettre fin à une hécatombe

L’usage du smartphone tout en se déplaçant constitue un sérieux péril. D’après la gendarmerie, dans un communiqué du 18 février dernier, 451 « smombies » ont perdu la vie en 2024, en France, dans des accidents de la circulation dont ils étaient les premiers responsables.

Le rapport de la ville de Paris, pour justifier l’instauration de trottoirs à sens unique, recense quelques incidents graves qui se sont produits récemment. Ainsi, en novembre dernier, une septuagénaire qui promenait son petit chien, sur l’allée centrale du Bd des Batignolles, a été percutée par l’arrière par un « smombie » qui faisait son jogging, casque sur les oreilles, regard fixé sur son écran qui lui montrait un concert de rock japonais. Elle est tombée face avant. Sa tête a frappé le sol du trottoir. Fracture du crâne et du fémur, elle est décédée à l’hôpital Cochin ; son petit chien n’a jamais été retrouvé. Une autre fois, Bd St Germain, s’est produit un carambolage entre cinq d’entr’eux. Il s’en est suivie une bagarre, chacun rejetant la responsabilité sur les autres, qui fit un blessé grièvement et deux plus légers. « La liste de ces incidents est loin d’être exhaustive », tient à préciser le rapport.

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Toutefois, la ville de Paris se refuse à recourir à des technologies issues de l’intelligence artificielle comme à Séoul, estimant qu’elles présentent de très graves risques de flicage de la société. Le rapport dit « qu’en cas d’un avènement d’un régime d’extrême-droite, ce qui n’est plus à exclure, ces moyens techniques, sous prétexte d’éviter des accidents, pourraient servir à pister les résistants à la dictature. Dès lors, il est préférable de recourir tout simplement au bon sens humaniste et citoyen : le sens unique. Et ça coûte moins cher. »

L’inauguration de ces trottoirs est programmée pour le 1er septembre prochain. Sont concernés à titre expérimental, pour une durée de six mois, les Champs-Élysées, les Grands boulevards, la rue de Rivoli, les boulevards St Germain et St Michel. Le changement de trottoir ne pourra se faire qu’aux carrefours dans un sens giratoire à l’instar des ronds-points pour les automobiles, à savoir en tournant sur sa gauche.

Le rapport suggère aussi qu’à moyen terme, si le sens unique s’impose et est approuvé par une consultation participative, il serait bon d’envisager la création de trottoirs roulants, comme dans le long couloir du métro de la gare Montparnasse afin de rendre les déplacements plus rapides. En effet, « la vitesse des piétons serait limitée sur les trottoirs à sens unique à 3km/h afin que d’éventuelles collisions entre piétons n’aient pas de conséquences fâcheuses comme c’est trop souvent le cas actuellement », souligne le rapport.

Ces trottoirs roulants seraient expérimentés sur le boulevard des Batignolles, de la place de Clichy jusqu’à Ternes. Leur alimentation électrique serait assurée par du voltaïque et de l’éolien installé en hauteur sur l’allée centrale, formant de la sorte un toit qui protégerait les passants de la pluie et du soleil.

  1. Premier Think Tank qui propose des modes de gouvernance éthiques et des usages durables de l’IA urbaine. ↩
  2. Smombies : la ville à l’épreuve des écrans, Hubert Beroche, Editions de l’Aube, 267 p. ↩

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Bordeaux : des rues « exclusives » pour vélo à l’étude ?

De son côté, la ville de Bordeaux a engagé depuis quelques mois une étude, considérée par bien des experts en aménagement urbain comme audacieuse, dont l’objet est d’établir les prémices de ce que sera le transport dans la ville du futur où prédomineront « les mobilités douces et non polluantes ».
D’après une source municipale très proche du dossier qui s’est confiée à l’hebdomadaire local d’enquête, L’Avenir girondin, le projet qui n’en est encore qu’à son ébauche porterait sur la création « d’un réseau structurant de rues exclusivement réservées à l’usage de la bicyclette. » L’idée est née à la suite d’un voyage, dans la plus totale discrétion, en janvier 2024, à Copenhague, considérée comme le modèle mondial en matière de déplacement à vélo, bien plus qu’Amsterdam, du maire Pierre Hurmic, dit « l’écolo décalé » à cause de ses initiatives souvent en marge de l’orthodoxie verte, ou encore le « catho basque », en raison de sa religion et de ses origines.
A son retour, il avait convoqué ses plus proches collaborateurs et leur avait dit : « Il faut faire de notre chère Bordeaux, le pendant de la capitale danoise en France. Le vélo, c’est le futur, comme j’ai pu le constater là-bas. »
Il convient de préciser que Pierre Hurmic est un passionné de cyclisme. Le Tour de France que ses prédécesseurs boudaient, c’est lui qui l’a fait revenir à Bordeaux en 2022. Prenant à rebrousse-poil son parti et surtout son homologue lyonnais, Gregory Doucet pour qui le Tour n’est que « machiste et polluant » et ne veut plus l’inviter à faire étape dans la capitale des Gaules tant qu’il ne se sera pas décarboné et inscrit dans une logique durable (et tant qu’on y est pourquoi pas couru par des équipes mixtes et sans pub sur les maillots).
Dans la foulée une mission, conseillée par trois experts danois en ingénierie mobilité urbaine (1), détachés par Copenhague auprès de Bordeaux, s’est mise au travail dans la plus grande discrétion. Selon L’Avenir girondin, ses premières propositions viseraient à créer quatre grands axes de rues « dédiées », un nord-sud, un est-ouest et deux diagonales, strictement réservés à la circulation des vélos qui convergeraient sur la place névralgique de la Victoire transformée en un grand rond-point avec sens giratoire à gauche.
Aux carrefours de ces rues qui seraient baptisées « exclusive-vélo » seraient aménagées de passerelles à escaliers mécaniques pour pouvoir traverser sans interrompre le flux des cyclistes. L’énergie de ces escaliers serait fournie par des panneaux voltaïques faisant office d’ombrelles et de parapluie en fonction du temps; quant aux croisements avec les rares rues où circuleront encore des voitures, il serait envisagé des sortes de passages à niveau automatiques permettant le franchissement de ces derniers en alternance, cinq minutes pour les voitures, dix minutes pour les cyclistes.
Deux questions font débat. Est-ce que les trottoirs de ces rues « exclusive vélo » doivent être rehaussés et être protégés par des rambardes en bois ou par une végétalisation (à définir, arbustes ou fleurs et plantes vertes) pour empêcher les cyclistes de les emprunter ? La seconde est plus cruciale et semble difficile à trancher tant les avis sont partagés au sein de la commission : est-ce que les vélos électriques y seraient autorisés ?
Les opposants estiment qu’il s’agit de deux-roues motorisés, un peu à l’instar de ce que furent autrefois les Vélo-Solex ou les Mobylettes, vu qu’ils peuvent atteindre les 25 km/h, constituant ainsi un danger potentiel pour les autres cyclistes ; pour les partisans, les interdire serait discriminatoire, notamment envers leurs usagers souvent d’un certain âge déjà et qui sans cette assistance motrice ne se seraient pas remis au vélo. Dès lors, ils proposent un « gentleman-agreement » : que la vitesse y soit limitée à 15 km/h, vitesse moyenne de tout cycliste urbain, et tout dépassement sanctionné d’une forte amende.
Le maire souhaiterait inaugurer les deux premiers axes, les nord-sud et est-ouest soit au tout début de 2026, soit moins de trois mois avant les municipales, selon certaines indiscrétions qui n’ont pas pu être confirmées. On lui prête l’intention de se représenter… ce qui serait un atout indéniable pour sa réélection, selon les connaisseurs de la politique locale. Il se murmure aussi que s’il était reconduit, il envisagerait de créer une régie municipale d’une trentaine de taxis tricycles ne desservant que le centre-ville alentour de la Gare Saint-Jean • RU

1 – La municipalité de Copenhague a demandé que la prestation de ces trois ingénieurs soit rétribuée seulement en Grands Crus, selon une note dont a eu connaissance L’Avenir girondin.  

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