Précarité étudiante : comment les marques peuvent-elles agir ?
En 2025, plus d’un étudiant sur deux en France est en situation de précarité, selon l’Observatoire de la vie étudiante. Derrière les images de rentrée universitaire et les discours sur l’avenir, une réalité bien plus sombre s’impose : difficultés à se nourrir, à se loger, à accéder à l’éducation dans des conditions dignes. Depuis la […] L’article Précarité étudiante : comment les marques peuvent-elles agir ? est apparu en premier sur JUPDLC.

En 2025, plus d’un étudiant sur deux en France est en situation de précarité, selon l’Observatoire de la vie étudiante. Derrière les images de rentrée universitaire et les discours sur l’avenir, une réalité bien plus sombre s’impose : difficultés à se nourrir, à se loger, à accéder à l’éducation dans des conditions dignes. Depuis la crise sanitaire, la situation ne cesse de se détériorer, et la précarité étudiante est devenue une urgence sociale.
Mais cette urgence n’est pas une fatalité. Elle peut aussi devenir un terrain d’action concret et puissant pour les marques. Car au-delà des engagements RSE affichés, c’est sur le terrain que tout se joue : celui de la solidarité, de l’inclusion, et de l’impact.
C’est cette conviction qui réunit Florian Rippert, Directeur Général de Studhelp, une association née pour répondre à cette urgence, et Fabien Allègre, Chief Brand Officer du Paris Saint-Germain, à l’origine du programme PSG For Communities. Ensemble, ils portent les Cantines Solidaires, une initiative exemplaire de partenariat entre monde associatif et marque emblématique, pour répondre aux besoins essentiels des étudiants, avec dignité, humanité et engagement de long terme.
Dans cet entretien croisé, ils décryptent les réalités du terrain, les leviers concrets d’action pour les marques, et pourquoi s’engager pour la jeunesse n’est pas seulement une bonne idée : c’est devenu une nécessité.
JUPDLC : Afin de comprendre les enjeux, pouvez-vous nous dire quels sont les principaux défis rencontrés aujourd’hui par les étudiants en matière de précarité ?
Florian Rippert : StudHelp a été créé en 2021, en pleine sortie de confinement. Pour être honnête, nous pensions ne plus être là quatre ans plus tard et que le quotidien des étudiants irait en s’améliorant. Force est de constater que les demandes dans notre association sont toujours aussi importantes. Elles concernent principalement l’aide alimentaire mais aussi l’accès aux vêtements, des conseils sur le CV, de l’aide au logement… Les demandes sont de plus en plus nombreuses, plus urgentes qu’il y a quatre ans et concernent aussi bien les grandes métropoles que les plus petites villes.
Fabien Allègre : Aujourd’hui, la précarité étudiante prend de multiples formes : difficultés à se nourrir correctement, à se loger décemment, à s’équiper pour étudier. À cela s’ajoute un isolement social croissant et une détresse psychologique de plus en plus visible. C’est ce que nous observons de manière concrète lors de chaque édition de la Cantine Solidaire, où les besoins dépassent largement la seule aide alimentaire : vêtements, hygiène, orientation, accompagnement psychologique… Les étudiants sont nombreux à se retrouver sans soutien et ont besoin d’initiatives globales et bienveillantes.
JUPDLC : Selon vous, en quoi les marques ont-elles un rôle à jouer dans cette lutte ?
Florian Rippert : Les marques ont aujourd’hui des enjeux RSE importants, et la précarité étudiante fait et doit faire partie de cette stratégie, en soutenant aussi bien des initiatives locales que nationales. Notre association a pu voir le jour grâce à l’accompagnement de nombreuses marques, par des dons financiers, des dons de matériels, de mécénat de compétences ou bien grâce à la mise à disposition de leurs locaux comme avec le PSG FOR COMMUNITIES et la mise à disposition du Parc des Princes. Il faut rappeler que plus de 80% des produits distribués lors de nos distributions alimentaires sont de l’achat en direct dans les magasins.
Fabien Allègre : Les marques ne peuvent plus se contenter d’un discours. Elles doivent agir. En tant que club international, nous avons une responsabilité et une visibilité unique pour fédérer, rassembler et faire bouger les lignes. PSG For Communities traduit l’engagement du Paris Saint-Germain dans des actions concrètes, en cohérence avec les valeurs du club : solidarité, dépassement de soi, respect. Soutenir la jeunesse en difficulté, c’est aussi investir dans l’avenir. Cela fait pleinement partie de notre mission, PSG For Communities et nos quatre programmes incarnent ces valeurs.
JUPDLC : Quels sont les leviers d’action d’une association comme StudHelp pour mobiliser des partenaires privés ?
Florian Rippert : 90% de nos ressources proviennent de dons privés de Fondations ou entreprises, pour 10% de dons de particuliers. A date, nous n’avons jamais obtenu de subventions publiques. Les dons de partenaires privés permettent donc à l’association de (sur)vivre durant un certain temps. Par le concept de StudHelp nous allons au-delà de la remise d’un panier repas en favorisant la création de lien social, limitant le gaspillage alimentaire et en engageant les collaborateurs de l’entreprise. Pour chacun de nos partenaires, nous essayons de construire une histoire ensemble avec pour levier final de motivation : aider un maximum d’étudiants dans le besoin.
Fabien Allègre : StudHelp a une approche pragmatique, en identifiant des besoins très concrets et en mobilisant des partenaires autour de solutions simples mais puissantes : des repas, des ateliers, du lien social en mettant en relation étudiants et particuliers dans toute la France. En nous associant à eux, nous renforçons mutuellement nos actions. Ce sont ces synergies – entre ONG, mécènes, entreprises responsables et institutions sportives – qui permettent d’avoir un réel impact. Nous partageons une même volonté : ne pas laisser les étudiants les plus fragiles de côté.
JUPDLC : Faut-il privilégier des actions ponctuelles (événements, distributions solidaires) ou des dispositifs sur le long terme pour avoir un impact ? Comment créer des campagnes ou des actions qui résonnent auprès des jeunes ?
Florian Rippert : Je pense que les deux sont complémentaires et doivent s’alimenter, les besoins concernant les étudiants sont urgents, mais ces actions d’urgence doivent effectivement être complétées par des solutions pérennes d’aides aux étudiants, on ne peut pas se contenter d’organiser 4/5/6 distributions alimentaires dans une ville par semaine… Il faut se demander pourquoi l’étudiant est dans le besoin ? A t-il besoin d’aide pour trouver un stage ou une alternance ? Connaît-il toutes les aides auxquelles il est éligible ? Ma vision est qu’en aidant les étudiants sur d’autres aspects que l’aide alimentaire comme l’aide à la recherche d’emploi, ils pourront à terme s’en sortir. Et c’est le but de notre association, il n’y a rien de plus beau pour nous qu’un étudiant qui s’en sort et qui nous contacte pour aider à son tour d’autres étudiants dans le besoin.
Fabien Allègre : L’un ne va pas sans l’autre. Les actions ponctuelles, comme la Cantine Solidaire, permettent une réponse immédiate et visible, mais doivent s’inscrire dans une stratégie de long terme. C’est ce que nous faisons avec nos programmes comme “École Rouge & Bleu”, “Allez les filles !” ou “One Team”, qui accompagnent les jeunes tout au long de l’année. Pour que ça résonne auprès des jeunes, il faut de l’authenticité, de la proximité et surtout de la cohérence. On ne peut pas prétendre incarner des valeurs si on ne les traduit pas sur le terrain.
JUPDLC : Le PSG est un club mondial avec une image de marque prestigieuse. Quel est l’intérêt pour la fondation PSG For Communities de s’engager spécifiquement dans la lutte contre la précarité étudiante ? Comment cet engagement s’intègre-t-il dans la stratégie globale du club ?
Fabien Allègre : Soutenir les étudiants, c’est soutenir la jeunesse. Et la jeunesse est au cœur de notre engagement. C’est une question de responsabilité sociale mais aussi d’identité de marque : le Paris Saint-Germain est un club populaire, attaché à sa ville et à ses publics. La précarité étudiante est une urgence silencieuse. En agissant à ce niveau, nous montrons que notre ambition dépasse le terrain de jeu. Nous voulons incarner un club engagé, proche des réalités sociales de son époque.
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JUPDLC : Quel est le rôle du digital dans cet engagement ? En quoi les réseaux sociaux sont-ils un levier efficace pour toucher et aider les étudiants ?
Florian Rippert : StudHelp n’aurait jamais vu le jour sans les réseaux sociaux, en 2021 lors de notre lancement 90% des bénéficiaires inscrits provenaient d’Instagram et 90% des donateurs qui réalisaient pour les étudiants des paniers repas provenaient de groupes Facebook. Aujourd’hui, le bouche à oreille est notre meilleur outil de communication. Nous tentons d’informer, de proposer des témoignages comme avec notre podcast “A découvert” qui montre la face cachée de la vie étudiante.
Fabien Allègre : Les réseaux sociaux sont des leviers formidables pour informer, mobiliser et créer de la proximité avec les jeunes. C’est là qu’ils sont. C’est aussi un espace où les messages solidaires peuvent toucher vite et fort. Par exemple, chaque édition de la Cantine Solidaire bénéficie d’un relais digital important, avec des témoignages, des visuels, des chiffres d’impact.
JUPDLC : L’engagement des marques sur ces questions est-il attendu par les consommateurs et le grand public ? Y a-t-il une pression sociale à agir ?
Fabien Allègre : Il y a une attente, et même une exigence. Les jeunes notamment veulent que les marques aient un sens, un impact. On ne peut plus rester dans le simple affichage. Il faut du concret. C’est pourquoi toutes nos actions sont pensées pour répondre à des besoins réels et mesurables. De plus, je rappelle que PSG For Communities est, à la différence de beaucoup d’autres, une organisation opérative, autrement dit nous créons et implémentons nos propres programmes.
JUPDLC : Comment éviter le “green washing” ou le “purpose washing” et s’assurer que les actions menées ont un réel impact et ne se limitent pas à un simple coup de communication ?
Florian Rippert : Dans chacun de nos partenariats nous essayons de raconter une histoire avec notre partenaire et de créer des concepts ayant un réel impact auprès des étudiants et répondant à une réelle problématique. C’est exactement ce que nous avons pu faire avec le Groupe UP qui nous a notamment permis de créer la plateforme les repas solidaires lors des fêtes de fin d’année, une plateforme co-construite avec leurs salariés, un projet ayant du sens.
Fabien Allègre : La clé, c’est la cohérence. Il faut que l’engagement soit enraciné dans la mission et les valeurs de toute l’entreprise et ses représentants. PSG For Communities, ce n’est pas de l’affichage, nous sommes dans l’action. Nos programmes sont développés en interne, portés par des éducateurs formés et évalués. C’est aussi pourquoi nous nous entourons de partenaires solides, comme Linkee ou Studhelp, qui connaissent le terrain et partagent nos exigences.
JUPDLC : Ensemble, vous organisez le concept des Cantines solidaires depuis 2021. Pouvez-vous nous parler de cette initiative et nous dire quelles seront les prochaines actions menées pour venir en aide aux étudiants ?
Florian Rippert : En mars 2021, lorsque l’on crée StudHelp, on se retrouve quelques mois plus tard à organiser notre première Cantine solidaire au Parc des Princes, trois co-fondateurs, amis d’enfance et amoureux du PSG, on était comme dans un rêve. C’est encore plus fou de voir que quatre ans plus tard le PSG For Communities est toujours présent à nos côtés pour aider encore plus d’étudiants et avoir un impact réel sur leur vie. Les Cantines solidaires sont à l’image de notre association, des repas mais surtout des actions 360 pour soutenir les étudiants et favoriser la création de lien social. Le projet a grandi avec l’arrivée de l’association LINKEE, nous ne pouvons qu’en être ravis, cela permet au projet de passer une nouvelle étape. Je ne peux que remercier Fabien et toutes les équipes PSG For Communities au nom de l’ensemble de nos bénéficiaires. L’histoire ne fait que continuer…
Fabien Allègre : La Cantine solidaire, c’est plus qu’un repas. C’est un moment de chaleur, de partage, de dignité. Depuis 2021, nous avons accueilli près de 6000 étudiants au Parc des Princes. À chaque édition, on ajoute de nouveaux services : vestiaire solidaire, ateliers juridiques, orientation RH, soins… En 2025, la situation ne fait qu’empirer et nous ferons tout pour intensifier notre aide aux étudiants avec un système de bourse que nous avons commencé à initier. L’objectif reste le même : aider ceux qui en ont le plus besoin, avec énergie et bienveillance.
Si vous souhaitez rejoindre Studhelp pour devenir bénéficiaire, bénévole ou donateur, rendez-vous sur le site de l’association !
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