Port du voile dans les compétitions sportives: les jeunes confondent égalité et naïveté
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Teddy Riner, après avoir mis tout le monde au tapis sur les tatamis, semble malheureusement vouloir passer au judo des idées… Mais son « on perd notre temps avec le voile » est heureusement esquivé par le gouvernement. Après quelques égarements, on semble y avoir majoritairement compris qu’après la loi de 2004 à l’école les islamistes ont bien reporté leur attention et leur travail d’entrisme sur le sport, autre espace où se forge l’éducation. Le voile demeure un « enterrement vertical » rappellent les défenseurs de la laïcité. L’accepter dans le sport serait un terrible recul pour la civilisation française, explique notre chroniqueuse.
Rien ne résume mieux ce qui pose problème dans l’acceptation du voile dans le sport que la passe d’armes sur X entre Teddy Riner, le judoka moult fois médaillé et Mahyar Monshipour, qui fut champion de boxe. Dans le premier cas, on a au mieux affaire à un naïf en mode « la voix de son maître qui sert ses nouveaux employeurs qataris en diffusant les éléments de langage de l’islam politique obédience Frères musulmans » (la création de la section judo du PSG aurait été en partie liée à l’intention de s’adjoindre les services de Teddy Riner, alors en difficulté dans son club de Levallois); de l’autre un Iranien qui a vu très concrètement l’apartheid sexuel être réinstallé violemment dans son pays grâce au voile. D’un côté l’idéologie violente mais présentée en mode mièvre et dégoulinant de fausse empathie, de l’autre, la réalité de l’expérience et du vécu.
Teddy Riner, pas un acharné de la laïcité
La sortie de Teddy Riner sur le voile est un exemple pur de la rhétorique frèriste : « Dans certains pays voisins, tout se passe bien avec le port du voile et ça n’emmerde personne. Je crois qu’en France, on perd notre temps. Pensons plus à l’égalité plutôt que s’acharner sur une seule et même religion. » Le déploiement de cette rhétorique a ici quatre phases : premièrement il s’agit d’évacuer la signification du voile, ce qu’il symbolise et ce qu’il dit sur la place de la femme. Deuxièmement, il s’agit de nier la violence sociale que son exigence recouvre. Le « ça n’emmerde personne » vise à évacuer la question des filles considérées comme des putes si elles ne le portent pas, la pression sociale pour être considérée comme une bonne musulmane et surtout la honte de soi : la femme musulmane doit cacher ses cheveux car elle est impudique et tentatrice en soi, la seule solution qui lui reste est la dissimulation : elle doit couvrir ce qui est sale. Donc elle-même. Troisièmement, une fois cet escamotage en règle effectué, n’oubliez pas un petit coup de victimisation pour la route à coup d’ « islamophobie ». Pensez donc, en France on s’acharnerait donc sur une seule et même religion, l’islam ? Et si c’était plutôt l’islam qui aujourd’hui s’acharnait à semer la haine et la mort à travers le monde, responsable de la majorité des attentats de ces dernières années et de cette violence ethnique, religieuse et séparatiste qui se développe dans nos sociétés ? L’accusation portée contre la France escamote la réalité des horreurs vécues depuis 2012 et liées au terrorisme islamique en même temps que les revendications séparatistes mises en avant au nom de l’islam. Enfin, quatrièmement, l’inversion accusatoire. C’est là que Teddy Riner réussit un beau renversement de perspective en faisant référence à l’égalité.
Parce que mettre en avant l’égalité pour revendiquer un signe qui promeut l’apartheid sexuel et symbolise justement le refus de l’égalité de droit entre les hommes et les femmes, il fallait l’oser ! Teddy l’a fait. On peut penser que le judoka n’est pas outillé pour comprendre le rôle malsain qu’on lui fait jouer dans cette histoire. Mais on peut trouver qu’il ne faut pas sortir de Saint Cyr pour comprendre à quel point le voile est un outrage à la liberté et à l’égalité des femmes. Comme on peut aussi trouver qu’il est temps d’arrêter d’excuser un sportif grassement payé qui promeut délibérément un outil d’oppression des femmes et tire à vue sur un pilier de notre civilisation et de notre contrat social.
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D’autant que pratiquer un sport de haut niveau ne signifie pas forcément être exempté de toute conscience morale et civique, la preuve avec Mahyar Monshipour. L’homme connait très bien ces questions et ne mâche pas ses mots dans l’interview qu’il donne au Figaro : « Les sportifs ou artistes qui prennent la parole sur ce sujet ne doivent pas devenir les idiots utiles de l’islam des Frères musulmans. » « Il faut bien comprendre le dessein derrière le voile : il s’agit de rendre habituelle la présence du fait religieux. On ne parle pas de port d’une simple croix mais de la volonté de cacher la femme avec le voile. Le voile est un linceul et le signe visible d’une inégalité entre l’homme et la femme. » L’ancien boxeur explique notamment que l’école étant protégée en France par la loi de 2004 sur le voile, les Frères ont reporté leur attention et leur travail d’entrisme sur le sport, autre espace où se forge l’éducation. La place du corps dans le sport est importante et permet l’emprise notamment sur des jeunes filles en pleine transformation physique et faciles à convaincre. Quant à l’objectif ultime des Frères musulmans, il consiste à « rendre le port du voile classique puis extraire les femmes du monde du sport ».
Dans cette interview, Mahyar Monshipour fait référence notamment au travail de la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio et du sénateur Michel Savin sur ces questions. Il a raison, car comme on l’a vu à l’école, la loi et l’implication des politiques est essentielle pour empêcher que les droits des femmes finissent par succomber aux assauts islamistes. Mais justement, sur cette question, comment ont réagi les politiques ?
Auberge de la lâcheté : COMPLET
Tout part du vote d’un amendement au Sénat interdisant le port du voile dans le sport. Cela fait réagir les Frères musulmans pour qui le sport est un terrain de propagande et de recrutement privilégié qui font monter au créneau leurs sportifs stipendiés. Comme le monde politique, malgré le sang que l’islamisme a répandu sur notre sol, pense que le sujet est clivant, le président de la République prend bien garde de ne pas se positionner. Après tout, quelle importance, il ne s’agit que de défendre l’égalité en droit pour les femmes. Quel intérêt électoral ? cela ne peut que faire baisser les votes de la jeunesse des quartiers d’un côté, sans rien rapporter de l’autre, certaines femmes se mobilisant même pour être considérées comme des ventres, des sexes sur pattes et des inférieures. C’est ainsi qu’interrogé sur le sujet, Edouard Philippe s’est livré sur France Inter à tellement de contorsions que l’on n’est pas sûr d’avoir bien compris où le pauvre homme habite. A l’auberge de la lâcheté en tout cas. Sa rhétorique était le décalque absolue de celle de Lionel Jospin lorsqu’il refuse de trancher sur le voile à l’école. Il y ajoute un discours indigent qui fait de la laïcité, la société protectrice des religions. Ce n’est pas si étonnant quand on sait les liens que l’homme entretenait avec Médine et certaines associations frèristes sur son territoire comme Havre du savoir. Il a pu être constaté, à l’occasion de cette polémique, l’absence totale de convictions et de doctrine sur la question de l’islamisme alors que cette menace est une des plus fortes qui pèse sur l’hexagone.
Côté gouvernement, la polémique a fait tanguer le bateau mais celle-ci a été tranchée par François Bayrou qui a conforté les ministres en pointe dans la lutte contre l’islamisme. Bruno Retailleau (à l’origine de l’amendement du Sénat) et Gerald Darmanin sont montés au créneau pour défendre l’interdiction, soutenus par Manuel Valls tandis que Marie Barsacq, la ministre des Sports et Elisabeth Borne, ministre de l’Education défendaient la « liberté de porter le voile ». Elles sont vite rentrées dans le rang, l’arbitrage de François Bayrou ayant été clair et les Français plébiscitant la fermeté vis-à-vis des revendications islamistes.
A gauche, en revanche, pas de surprise. Mettre des limites à l’islam est vu comme raciste, donc critiquer le voile est raciste, donc critiquer le sexisme est raciste… C’est parfaitement stupide écrit ainsi, mais dans le réel, cela fonctionne. Donc, quand la droite veut interdire le voile dans le sport car cela revient à légitimer un outil sexiste de rabaissement de la femme, la gauche s’étouffe d’indignation. Pour Jean-Luc Mélenchon, sans surprise, on est dans une « surenchère raciste » et « dans la course à l’échalote à la violence verbale ». Parole d’expert ! Pour Mathilde Panot, tout cela fleure bon « l’extrême-droite ». Marine Tondelier reprend la rhétorique hypocrite utilisée par le PS et déplore une « laïcité instrumentalisée pour cibler toujours la même religion » et se dit préoccupée par une stigmatisation des femmes musulmanes. En revanche elle ne voit pas en quoi le voile est réellement stigmatisant. Olivier Faure, lui, reste courageusement planqué.
Pour nos faux « progressistes », un signe stigmatisant stigmatisé…
Il n’y a donc personne à gauche pour défendre les droits des femmes. Entre les revendications des islamistes et l’égalité des droits, la gauche a choisi de servir les islamistes. En matière de hiérarchie des valeurs elle fait passer la religion avant la liberté de conscience et de pensée. Un renversement qui la sort de la quête de valeurs universelles pour servir une religion particulière. Elle oublie ainsi la leçon de Kamel Daoud qui expliquait que ce morceau d’étoffe était « un enterrement vertical ». Grâce à la gauche aujourd’hui, refuser le voile au nom de la revendication de sa liberté individuelle, c’est être traître à sa culture et à ses ancêtres. Une posture honteuse dans laquelle, au nom du clientélisme électoral, la gauche a abandonné toute honnêteté intellectuelle – pour rester polie. L’un des organes d’influence des Frères musulmans, interdit en France mais réfugié au Belgistan, le CCIE (Collectif Contre l’Islamophobie en Europe) a d’ailleurs salué le discours des écologistes ou de Teddy Riner. Quant à l’ONU, qui devient la voix du Sud global sous influence islamiste, et elle critique comme Amnesty international le choix de l’interdiction en France. Entre les droits des femmes et la soumission à l’islam, ces instances choisissent la contrainte religieuse dans son expression la plus radicale. Les femmes repasseront.
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Pour les centristes et les macronistes, le flou reste de mise. Notre trop bavard président étant incapable d’avoir une doctrine sur les sujets véritablement politiques, le silence prévaut. Sauf dans le cas d’Aurore Bergé toujours impeccable sur ces sujets. En revanche la droite a une doctrine en la matière. De Bruno Retailleau à Laurent Wauquiez en passant par David Lisnard, tous sont clairs sur la nécessité de combattre le voile et sur le fait que ce signe est stigmatisant pour les femmes et remet en cause l’égalité des droits. Ils présentent donc un front uni et un diagnostic partagé ce qui augmente leur crédibilité. La droite nationale est, elle aussi, unie sur cette question évidemment.
Cette polémique aura eu le mérite d’éclaircir à la fois l’importance de l’influence des Frères musulmans, l’ampleur de l’entrisme de leur propagande en France et dans le milieu sportif, la domination des éléments de langage islamistes dans les références de la gauche en la matière et la clarification qui s’est imposée à droite. Mais elle montre aussi à quelle point notre système politique accepte que soit attaqué sur notre sol un des piliers de notre contrat social, l’égalité en droit, à partir du moment où les femmes sont ciblées. Contester l’égalité au nom de la race entraîne de violents levers de boucliers, le faire au nom du sexe passe crème… En France revendiquer son sexisme est devenu un combat politique acceptable s’il est recouvert du manteau de la liberté religieuse. Un terrible recul civilisationnel.
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