Mieux vaut tard…

La France a finalement décidé de riposter. L’Élysée a annoncé hier l’expulsion de douze agents algériens et le rappel de notre ambassadeur à Alger, en réponse symétrique à une mesure similaire prise par les autorités algériennes. Cette brusque montée des tensions diplomatiques fait suite à la mise en examen, à Paris, de trois ressortissants algériens soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement d’un opposant au régime, exilé en France. Dans ce contexte, alors que l’écrivain Mario Vargas Llosa vient de s’éteindre, pourquoi ne pas envisager de confier son siège vacant à l’Académie française à Boualem Sansal — toujours injustement détenu par le régime militaire algérien... L’article Mieux vaut tard… est apparu en premier sur Causeur.

Avr 16, 2025 - 11:47
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Mieux vaut tard…

La France a finalement décidé de riposter. L’Élysée a annoncé hier l’expulsion de douze agents algériens et le rappel de notre ambassadeur à Alger, en réponse symétrique à une mesure similaire prise par les autorités algériennes. Cette brusque montée des tensions diplomatiques fait suite à la mise en examen, à Paris, de trois ressortissants algériens soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement d’un opposant au régime, exilé en France. Dans ce contexte, alors que l’écrivain Mario Vargas Llosa vient de s’éteindre, pourquoi ne pas envisager de confier son siège vacant à l’Académie française à Boualem Sansal — toujours injustement détenu par le régime militaire algérien?


Après la danse des sept voiles, voilà que survient la riposte tranchante et ferme. Après les simagrées, les obséquiosités avilissantes et surtout stériles de la diplomatie sirupeuse déployée par le ministre Barrot, voilà que l’Élysée se décide à passer à la fermeté et tape enfin du poing sur la table. Hier, un communiqué est tombé, annonçant la stratégie nouvelle du dent pour dent, œil pour œil. Que n’y a-t-on songé plus tôt ? Dès les premières humiliations, dès les premières mauvaises manières subies ? Le régime d’Alger n’y aurait-il pas alors regardé à deux fois avant de jeter en taule notre écrivain Boualem Sansal qui, au-delà du fait qu’il soit âgé et malade, est avant tout et surtout innocent des inepties dont on l’accuse ? 

La peur de l’escalade

Donc, l’Élysée, en parfaite symétrie avec le nouveau sale coup porté contre nous par l’administration du président Tebboune, annonce « l’expulsion de douze agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien en France. » Ce pays disposant chez nous de pas moins de vingt consulats, dénicher les douze expulsables ne devrait pas être trop difficile.

Sera-ce suffisant ? Il faut le souhaiter. Car il n’y aurait rien de bien bon à attendre si, dans son imprévisibilité, le régime algérien saisissait là l’opportunité d’entrer dans une escalade de rétorsions dont on ne sait trop où elle pourrait nous conduire. Il est donc à espérer que l’Élysée ait non seulement mesuré ce risque, mais qu’il se soit également préparé à une épreuve de force qui n’en serait qu’à son commencement.

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Des questions de ce genre se posent, bien sûr. Cela dit, il convient de saluer cette réaction de fermeté, qui, mine de rien, redonne quelque couleur à notre sentiment de fierté nationale, cette fierté si bien vue par l’historien Stora quand elle est algérienne et si complaisamment conspuée par le même quand elle est française.

Mario Vargas Llosa libère son siège à l’Académie française

Il reste qu’il ne faudrait pas que Boualem Sansal devienne la victime expiatoire de cette nouvelle donne. Dans ce sens, il serait donc éminemment souhaitable que, sous le manteau, notre diplomatie revigorée ait pris les devants et fait savoir au camp d’en face à quelle sauce il serait mangé si tel devait être le cas.

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En marge de ce bras de fer, chez nous, par un geste symbolique fort, l’écrivain Vargas Llosa venant de mourir, l’Académie, mettant en œuvre une procédure très accélérée et totalement hors normes, à rebours de tous les usages, faisant fi des contrariétés d’ego des aspirants candidats, ne pourrait-elle pas élire en urgence le prisonnier d’Alger ? Ce serait une autre manière de montrer de la fermeté et de manifester la solidarité de la nation avec le détenu. Les Académiciens sabre au clair, en quelque sorte. Voilà qui aurait de l’allure.

Il n’en reste pas moins que l’option nouvelle de fermeté façon Retailleau est la bienvenue. Mieux vaut tard que jamais, dit la sagesse populaire. Cela est vrai, sans aucun doute. À la condition, peut-être, que ce tard ne vienne pas trop tard. Sommes-nous encore crédibles dans ce jeu de rôles, après avoir tant et tant courbé l’échine, tant et tant bu les breuvages les plus douteux jusqu’à la lie ? Le proche avenir nous le dira. Pour l’heure, saluons ce retour de la raison. Et du sens de l’honneur.

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