Et si Milei devait nous inspirer?
La couverture du Point sur le "phénomène Milei" a de quoi interpeller. Pendant que l’Argentine taille dans le vif de son État obèse, la France continue de se gaver de lois et de règlements comme si la démocratie se mesurait au poids de son Code. L’article Et si Milei devait nous inspirer? est apparu en premier sur Causeur.

La couverture du Point sur le « phénomène Milei » a de quoi interpeller. Pendant que l’Argentine taille dans le vif de son État-obèse, la France continue de se gaver de lois et de règlements comme si la démocratie se mesurait au poids de son Code…
D’abord se débarrasser de l’argument trop facile qui consiste à soutenir que les avancées des autres pays ne seraient pas applicables en France. C’est parfois vrai, mais pas toujours. On a le droit d’essayer.
L’excellent numéro du Point, consacré au « phénomène Milei », nous éclaire sur ce président argentin qu’on aurait bien tort de tourner en dérision tant il démontre, notamment dans un entretien substantiel, à quel point ses visions libertaires, sa détestation de « l’État » et son obsession de chercher autant que possible à libérer les énergies, les compétences et l’esprit d’entreprise de chacun, constituent des pistes sérieuses qui méritent d’être examinées.
L’axe central de sa pensée est une volonté de simplification, sur tous les plans. Loin de considérer que la complexité du monde contraint à l’alourdissement des contraintes réglementaires et législatives, à la multiplication des textes et des limites, il met en œuvre exactement l’inverse.
Il me semble que la France, de droite comme de gauche, est au moins accordée sur ce plan inverse : la démocratie n’est pas digne de confiance si elle n’ajoute pas à la masse des lois et des règlements, si elle n’apporte pas sa pierre à l’édifice déjà monumental d’une République qui ne se sent bien que si elle aggrave, complique et sophistique. Aux antipodes donc de la pratique présidentielle de Javier Milei.
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Pourtant, c’est lui qui a raison. Le bon sens, l’expérience et la comparaison avec les gouvernements et les administrations efficaces fournissent une leçon sans équivoque : le remède à l’ambiguïté du monde, au chaos et au désordre de notre nation, à l’infinie diversité de la société, n’est pas une surenchère qui irait dans le même sens. C’est l’inverse : il faut une répudiation du surabondant, un refus du superfétatoire, une destruction de l’inutile, une épuration administrative. Diminuer la tentative désespérée et en définitive absurde de coller aux évolutions par la profusion législative serait déjà la première marche d’un progrès décisif.
Notre pays se sauvera en devenant plus léger, en luttant contre son obésité. Il convient que sorte de l’esprit collectif et de la tête des dirigeants le poncif que la réussite politique passe par le nombre et donc une bureaucratie pléthorique.
Les seules périodes au cours desquelles on supprime tiennent à la victoire de telle ou telle idéologie jugeant insupportable de conserver le dispositif antérieur. Par exemple Robert Badinter, quand il est devenu garde des Sceaux, a fait table rase de lois appartenant à la nuit alors que le jour vanté par Jack Lang avait fait son apparition en 1981.
Tronçonner « les budgets publics et les réglementations » à la manière de Milei et de son ministre de la Dérégulation et de la Transformation de l’État est donc tout sauf une absurdité ou une provocation. Le second raconte : »Je suis allé voir Milei avec deux paquets de 500 lois à abroger. Il m’a dit : « Fonce ! » ».
On comprend que l’Italie et les États-Unis soient très intéressés par l’expérience argentine.
Qu’attend donc la France pour s’inspirer de Milei ?
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