En politique, mêlons-nous de ce qui ne nous regarde pas…
Notre chroniqueur passe en revue les différentes formations politiques nationales, lesquelles se mettent progressivement en ordre de marche pour l’élection présidentielle. S’il vote à droite, il ne s’interdit pas de distribuer bons et mauvais points à gauche, au centre ou aux extrémités de notre merveilleux « arc républicain »... L’article En politique, mêlons-nous de ce qui ne nous regarde pas… est apparu en premier sur Causeur.

Notre chroniqueur passe en revue les différentes formations politiques nationales, lesquelles se mettent progressivement en ordre de marche pour l’élection présidentielle. S’il vote à droite, il ne s’interdit pas de distribuer bons et mauvais points à gauche, au centre ou aux extrémités de notre merveilleux « arc républicain ».
Un citoyen conscient de ses devoirs s’intéresse naturellement à la vie démocratique de son pays. Pourtant, dans l’actualité quotidienne, il me semble que trop souvent il demeure enkysté, sur le plan politique, dans sa sphère partisane. Il a son champion ou sa championne et n’en démord pas. Alors qu’on pourrait espérer, au contraire, une infinie curiosité de sa part et une envie de se mêler de ce qui ne le regarde pas.
Je n’ai jamais compris pourquoi le passionné de politique ne se sentait pas frustré à l’idée de n’avoir pas une sorte de droit de regard universel sur l’ensemble des débats agitant les partis et, partant du sien, de se construire la République qu’il souhaiterait. D’autant plus qu’il pourrait faire preuve à la fois d’objectivité – il ne serait pas concerné – et de lucidité : il ne serait pas ligoté par des liens et des dépendances internes.
Une bonne droite
Les arbitrages qu’il aura à effectuer auront des conséquences importantes, ils engageront notre pays sur des chemins contrastés, désastreux pour peu qu’ils soient mal avisés.
Commençons par le 16 mai. Si Bruno Retailleau n’est pas élu président de LR, quelle que soit la permanente invocation du duo, et non pas du duel, par Laurent Wauquiez, le premier se verrait réduit à la portion congrue et le second serait en charge de l’essentiel.
Le passé est trop clair pour qu’on puisse hésiter sur la personnalité à promouvoir et la ligne à adopter. Laurent Wauquiez n’a pas cessé de faire prévaloir ses intérêts personnels, lors de la composition des gouvernements, avant ceux de son parti et des possibles ministres sollicités. Je suis persuadé que l’action ministérielle de Bruno Retailleau, loin d’être un handicap, apparaît de plus en plus comme la démonstration qu’une vraie droite est en train, sortant de sa molle léthargie et de ses divisions artificielles, de redevenir une espérance et de susciter le désir.
Gauche plurielle
Les socialistes comprendront, lors de leur futur congrès, que leur regain dans l’opinion n’a tenu qu’à la revendication de leur ancrage social-démocrate avec leur libération de l’emprise de LFI et de la domination malsaine de Jean-Luc Mélenchon sur la gauche et l’extrême gauche. Il est capital que ses adversaires s’unissent pour faire revenir un parti socialiste pleinement autonome capable de résister à la tentation facile des unions électorales. Peu importe qui le dirigera pour peu que son projet soit celui-là et pas seulement de servir le dessein de François Hollande impatient de rattraper le temps perdu.
Chez les écologistes, si Marine Tondelier éprouve beaucoup de plaisir à passer à la télévision, comme le lui a reproché un anonyme de la direction, ce ne semble pas être un motif suffisant pour ne pas envisager un concurrent ou une concurrente. On dit qu’elle est favorite, lors du prochain congrès, pour se voir renouveler comme secrétaire nationale mais on a le droit de supposer qu’en dehors de Sandrine Rousseau qui la critique, d’autres ambitions pourraient se manifester. (Elle a été largement réélue comme secrétaire nationale : on la verra encore plus à la télévision!).
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À LFI, la garde rapprochée de Mélenchon tient bon et il y a quelque chose de pathétique dans cette fidélité qui s’obstine alors qu’elle sait que son « Lider » est voué à l’échec en 2027. La peur ou l’admiration la motivent-elles ? Ce n’est pas en tout cas la migration de François Ruffin avec ses limites politiques et son talent de cinéaste qui pourra les détourner de Mélenchon qui exerce une fascination par son emprise et sa culture et par l’habilité paternelle avec laquelle il gère les uns et les autres, les laissant libres mais sous condition d’inféodation.
Il y a Fabien Roussel au parti communiste et un sondage récent l’a mis à un niveau inespéré. Mais tout tient à sa personnalité et rien à son programme. Ce qu’il n’a pas de communiste séduit et quand il se résout à proclamer qu’il l’est, il baisse.
Plan B
Au Rassemblement national, la probabilité de Marine Le Pen candidate en 2027 n’est pas totalement à écarter mais peu plausible. Jordan Bardella est, paraît-il, le successeur naturel. Il a cherché à se vieillir mais il reste incurablement jeune. La comparaison avec l’Emmanuel Macron de 2017 n’a pas grand sens compte tenu du passé étatique de ce dernier quand il s’avance sur la scène de la joute présidentielle. Jordan Bardella, à marche forcée, se construit une personnalité, un savoir, une culture, une souplesse dans l’expression, une profondeur dans la pensée, des développements et une rigidité moins scolaires, cet homme n’est pas médiocre, il est méritant. Mais cela ne suffit pas. Il n’est pas fini, ceci dit sans la moindre dérision, contrairement à ce qu’Éric Zemmour avait fustigé chez Emmanuel Macron. On ne peut pas souhaiter que la présidence de la République soit la continuation d’une formation alors qu’elle devrait en être l’aboutissement. Le RN ne changera rien mais il devrait s’interroger.
Édouard Philippe sera candidat en 2027. Il était très apprécié des Français et le président Macron jaloux de sa popularité l’a fait partir dans des conditions peu dignes. Depuis qu’il mène son trajet à sa manière pour conquérir le Graal, il est toujours bien placé mais son juppéisme foncier décourage. On ne parvient pas à le croire quand Christophe Béchu nous annonce, de sa part, « des réformes massives ». Déjà, s’il en fait d’utiles, ce serait bien !
À Reconquête!, deux intelligences, deux personnalités dissemblables, deux talents, l’un avec une dureté inflexible, l’autre avec une conviction souriante, mais le même programme. Lequel ira ? Elle nous a déclaré que ce serait lui. J’attends la suite avec impatience. Il n’est pas fait pour suivre. Elle n’est plus faite pour suivre.
Si on ne se mêle pas en politique de ce qui ne nous regarde pas, on ne comprend pas, on n’espère rien, on est exclu. La démocratie est un immense champ où tout le monde a le droit de jouer. De sortir de chez soi pour aller voir ailleurs. De la même manière que les affaires, c’est l’argent des autres selon Alexandre Dumas fils, la République, c’est l’affaire de tous.
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