Dame Sandrine en son tribunal
Les vedettes du cinéma Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Pio Marmaï et Jean-Paul Rouve se sont soumis aux questions de l’inquisitrice MeToo cette semaine, à l’Assemblée nationale... L’article Dame Sandrine en son tribunal est apparu en premier sur Causeur.

Les vedettes du cinéma Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Pio Marmaï et Jean-Paul Rouve se sont soumis aux questions de l’inquisitrice MeToo cette semaine, à l’Assemblée nationale.
Au nombre des nostalgies de la gauche française actuelle il y a indéniablement l’Inquisition. L’Inquisition avec ses méthodes, sa pompe, ses œuvres. En l’occurrence, l’affaire a pour cadre « la commission d’enquête parlementaire relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité ».
Qui de mieux pour présider une telle commission que Mme Sandrine Rousseau, grande prêtresse de la croisade MeToo, pourfendeuse ardente de la masculinité et du patriarcat réunis ? Elle a trouvé là un rôle à sa mesure. Juchée à la tribune en dominatrice toisant son monde, elle rayonne, darde ses questions comme on darde les flèches destinées à l’hérétique. On l’imaginerait assez aisément chaussée de cuissarde de cuir noir, sanglée dans un bustier du même métal, avec, posés à portée d’une main un exemplaire très fatigué à force d’usage du Wokisme pour les Nuls, et de l’autre main le fouet de la repentance.
Dominique Besnehard se lève et se casse
Donc, il s’agit de traquer dans l’univers des activités chic et choc évoquées ci-dessus les signes, les traces de manifestations telles que plaisanteries salaces, œillades malsaines, main au popotin, etc. Bien sûr, ces élans hors consentement sont inadmissibles, réprimandables, voire condamnables. Cependant, il y a la loi et les tribunaux – les vrais – pour ce faire. Fallait-il impérativement aller jusqu’à instituer une commission d’enquête parlementaire ? Etait-ce une impérieuse demande de l’électeur au moment où, lors des législatives, il glissait son bulletin dans l’urne ? Poser la question en ces termes dispense évidemment de formuler la réponse.
Toujours est-il que cette commission a lieu et que – on pardonnera cette facilité – Madame la présidente semble y prendre son pied. Me permettrai-je une suggestion : afin de perpétuer son bonheur, ne pourrait-elle enchaîner avec une commission du même tonneau, dédiée cette fois à son petit monde à elle, à la vie parlementaire, une commission explorant et exhumant les pratiques ayant cours dans ce domaine à l’Assemblée, au Sénat dont il ne semble pas que l’allusion graveleuse et le geste leste en aient été totalement expurgés. Du moins si l’on s’en remet aux rumeurs de couloir de ces estimables institutions.
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Cela dit, le casting du petit tribunal de Dame Sandrine a de quoi affrioler les gazettes. Noms connus, vedettes populaires, stars adulées. Or, parfois, cela ne tourne pas aussi bien que la présidente l’espère. Ainsi la révolte, récemment, d’un homme du sérail de grande réputation, Dominique Besnehard qui, réalisant en cours d’audience qu’il se trouvait là non pas seulement pour apporter des éléments de connaissance, mais bel et bien pour passer en jugement, s’est cabré, offusqué : « Si c’est pour me juger, je me taille ! »
Le festival de cucks
Cependant, d’autres personnalités du milieu ont bien voulu se soumettre, acceptant comparaître de leur plein gré devant le tribunal de Dame Sandrine. Un peu comme on va à Canossa, voyez-vous. Le tribut de la bonne conscience.
Jean Dujardin – qui en la circonstance aurait peut-être dû se souvenir que c’est dans un rôle muet qu’il fut à son meilleur – Gilles Lellouche, Pio Marmaï et Jean-Paul Rouve sont de la distribution. Là, on masque l’effet inquisition en qualifiant l’audition de « table ronde ». Tenue à huis clos, en outre. Cela dit, ils n’ont pas vu ni entendu grand-chose, les quatre comparaissants. « Des plaisanteries qui ont été mal comprises », des comportements un peu « lourds ». Bref, des scories relevant « de vieux réflexes d’un autre monde ». Le monde d’avant Dame Sandrine, on l’aura compris. Il n’est pas exclu qu’eux-mêmes, dans un temps plus ou moins reculé, aient pu avoir eu à essuyer quelques désagréments dans ce registre. Mais désormais on veille au grain. Jean Dujardin, par exemple, n’omet pas de poser au metteur en scène avec qui il s’apprête à tourner la question qui tue : « Est-ce que t’es un connard ? » Apparemment, aucun n’a répondu par l’affirmative, ce que l’enquête parlementaire n’aurait pas manqué, naturellement, de nous révéler.
Néanmoins, on retiendra que les quatre mousquetaires MeToo compatibles ont pris soin de livrer quelques recommandations : que les règles selon le catéchisme de Dame Sandrine soient lues « à haute voix » (sic) en début de tournage ; que les référents VHSS (violences et harcèlement sexistes et sexuels) chargés du flicage en ces matières sur les plateaux et lieux de tournage soient indépendants de la production ; qu’un meilleur encadrement des fêtes de tournage soit prévu. Et – mesure cette fois de vrai bon sens – que les scènes de sexe soient très précisément décrites, scénarisées, fixées avant leur exécution afin d’éviter tout dérapage, toute mauvaise surprise. Cela est bel et bon. Pour autant était-il absolument indispensable d’en passer par l’Assemblée nationale pour cela ? On en doute. Mais jusqu’où n’irions-nous pas pour que Dame Sandrine, se sentant enfin utile, rayonne de bonheur ?
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