Culpabilisation du mâle blanc: entre introspection et auto-flagellation, ce que les affaires Bedos et Depardieu révèlent
La virilité occidentale est en berne. D’un côté, des femmes commencent à se lasser des hommes trop "déconstruits". De l’autre, des mâles, désorientés par une société devenue punitive, cherchent ailleurs une forme de spontanéité perdue. Attention : l’histoire ne fait jamais de cadeau aux civilisations qui se détestent elles-mêmes... L’article Culpabilisation du mâle blanc: entre introspection et auto-flagellation, ce que les affaires Bedos et Depardieu révèlent est apparu en premier sur Causeur.

La virilité occidentale est en berne. D’un côté, des femmes commencent à se lasser des hommes trop « déconstruits ». De l’autre, les mâles, désorientés par une société devenue punitive, cherchent ailleurs une forme de spontanéité perdue. Attention: l’histoire ne fait jamais de cadeau aux civilisations qui se détestent elles-mêmes.
Depuis plusieurs décennies, le monde occidental — et particulièrement l’Europe — a engagé un processus profond de remise en question de son histoire, de ses privilèges, de ses structures patriarcales et coloniales. Dans ce grand mouvement de déconstruction, l’homme blanc hétérosexuel est souvent désigné comme figure centrale d’un système oppressif, cumulant les tares : sexisme, racisme, domination sociale, voire impérialisme culturel.
Cette prise de conscience, dans ses intentions les plus nobles, visait à rééquilibrer les rapports entre les sexes et les cultures. Mais elle a rapidement glissé, dans certains discours et pratiques, vers une forme d’auto-culpabilisation obsessionnelle, où le simple fait d’être un homme blanc est devenu suspect. Ainsi, le mâle occidental est sommé d’expier, de se taire, de se déconstruire — parfois jusqu’à l’effacement.
Le contraste frappant avec d’autres masculinités plus affirmées
Ce qui interroge dans cette dynamique, c’est le contraste criant avec la tolérance, voire la complaisance, dont bénéficient d’autres formes de masculinité, souvent issues de cultures non occidentales, et pourtant bien plus patriarcales dans leurs pratiques. Dans de nombreuses sociétés traditionnelles (qu’elles soient maghrébines, subsahariennes, orientales ou d’Asie du Sud), le rôle de l’homme reste central, viril, parfois dominateur. Le flirt y est direct, parfois brutal. L’autorité masculine y est revendiquée sans gêne.
Or, alors que ces attitudes seraient immédiatement dénoncées comme sexistes si elles venaient d’un homme blanc occidental, elles sont parfois perçues — paradoxalement — comme authentiques, viriles, voire séduisantes. Une part du discours postcolonial, dans son souci de « ne pas juger l’Autre », adopte une posture de tolérance culturelle, au nom de la diversité et de la lutte contre l’ethnocentrisme. La publicité n’est pas en reste qui magnifie l’image de l’homme noir en partenaire sexuel de la femme blanche.
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Cette situation crée une forme de déséquilibre érotique et symbolique. De plus en plus de femmes occidentales, confrontées à ce qu’elles perçoivent comme une « démission affective » ou une « castration symbolique » de l’homme blanc — trop prudent, trop introspectif, trop déconstructeur — se tournent, consciemment ou non, vers des figures masculines plus affirmées.
Cette attirance n’est pas nécessairement idéologique : elle peut être pulsionnelle, charnelle, émotionnelle. Dans un monde où les repères vacillent, où la virilité est sans cesse remise en question, le retour du « mâle dominant » fascine autant qu’il inquiète. Certains appelleront cela un syndrome, d’autres une réaction biologique ou culturelle face à un vide symbolique.
Parallèlement, on observe également chez de nombreux hommes occidentaux, désorientés, rejetés ou simplement fatigués par la rigidité croissante des normes relationnelles dans leur société, une tendance à chercher l’amour ou le désir ailleurs. Ce phénomène — parfois qualifié de « tourisme sexuel inversé » — les pousse vers des régions où les rapports hommes-femmes sont perçus comme plus « clairs », plus traditionnels, moins encadrés par la culpabilité.
Tous frustrés !
Ce n’est pas seulement une quête sexuelle, mais aussi une recherche d’identité, d’un rôle clair dans un jeu de séduction encore régi par des codes masculins assumés. Là où en Occident, l’homme blanc ne sait plus comment aborder une femme sans risquer l’opprobre ou le tribunal, il retrouve à l’étranger une forme d’assurance, de réciprocité directe, parfois archaïque, souvent critiquable, mais profondément humaine.
Il faut s’interroger sur l’hypocrisie d’une société qui, tout en exigeant de l’homme blanc une pureté irréprochable, ferme les yeux sur des comportements similaires ou plus rudes chez d’autres, au nom du relativisme culturel. Le message implicite est le suivant : « Vous, les Occidentaux, vous n’avez plus le droit à l’erreur. Les autres, on les comprend, on les excuse, c’est leur culture. » Cette asymétrie ne peut que nourrir frustration, ressentiment et sentiment d’injustice.
Au fond, ce que cette tension révèle, c’est un basculement plus profond : une crise de la virilité occidentale, un désenchantement amoureux généralisé, et une remise en cause du modèle de séduction hérité des Lumières, de la galanterie, du romantisme européen. Nous assistons à une recomposition des désirs, où les femmes, lassées des hommes trop « déconstruits », et les hommes, désorientés par une société devenue punitive, cherchent ailleurs une forme de spontanéité perdue.
Il est temps d’appeler un chat un chat : la masculinité blanche occidentale est en train de se suicider culturellement, sous les applaudissements d’une élite bien-pensante qui confond progrès social et autodestruction. À force de s’excuser d’exister, de courber l’échine à chaque remontrance idéologique, l’homme occidental est devenu un mendiant affectif, un fantôme social, un être asexué qu’on ne craint plus, qu’on ne désire plus — qu’on méprise.
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Pendant ce temps, d’autres masculinités — plus rugueuses, moins inhibées — imposent leur présence, leur désir, leur droit à séduire, parfois à dominer, sans subir le feu roulant des tribunaux médiatiques ou des lynchages moraux. On les excuse, on les célèbre même, au nom de la diversité, de l’identité, de la culture. Et pendant que l’homme blanc se flagelle pour un compliment mal interprété ou un baiser volé il y a dix ans, d’autres avancent, draguent, séduisent, prennent, et ne s’en excusent jamais.
Assez. Il ne s’agit pas de restaurer un patriarcat archaïque ou de justifier des comportements violents. Il s’agit de refuser cette opération de castration morale et culturelle qui transforme l’homme occidental en suspect permanent, en coupable par défaut. La virilité n’est pas un crime. Le désir n’est pas une faute. La séduction n’est pas un délit. Et le flirt n’est pas un viol.
Il est temps de reconquérir notre droit à l’initiative, à l’audace, au charme, sans trembler à l’idée de finir devant un juge ou sur la place publique numérique. Il est temps de reprendre possession de notre imaginaire, de notre puissance d’être, de notre fierté d’hommes libres. Car si nous renonçons à tout cela, d’autres n’hésiteront pas à prendre notre place. Et ils le font déjà.
L’histoire ne fait jamais de cadeau aux civilisations qui se détestent elles-mêmes. Alors relevons la tête. Sortons du silence, de la honte, de la peur. Défendons notre droit à exister tels que nous sommes — imparfaits, désirants, mais debout. Car à force de ramper, on finit par se faire piétiner. Et ce jour-là, il ne restera plus rien à sauver.
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