Ce monument emblématique de Lille a bien failli ne jamais voir le jour… Découvrez son histoire rocambolesque

Sur une place un peu trop exiguë pour son envergure, la cathédrale Notre-Dame de la Treille intrigue au premier regard. Avec sa façade moderne d’un côté et son chevet néogothique peuplé de gargouilles de l’autre, cette cathédrale affiche un contraste saisissant, reflet d’une histoire mouvementée. Car édifier ce monument n’a pas été une mince affaire : il aura fallu près d’un siècle et demi pour que cette magnifique cathédrale voie enfin le jour !

Une construction mouvementée

Tout commence au XIXe siècle, lorsque Lille, alors en plein essor industriel, souhaite ériger un sanctuaire digne de son âge d’or. L’objectif ? Offrir un écrin majestueux à la statue miraculeuse de Notre-Dame de la Treille, autrefois vénérée dans la collégiale Saint-Pierre, malheureusement détruite à la Révolution. Mais entre ambitions démesurées, querelles architecturales et manque de moyens, le projet tourne rapidement au casse-tête. La première pierre est posée en 1854… sans qu’aucun plan définitif n’ait été validé. Un concours est alors organisé, attirant 41 propositions, dont les deux lauréates sont… britanniques ! Mais le problème, c’est que l’idée de confier la construction de cette église dédiée à la Vierge à des architectes anglicans ne fait pas l’unanimité. C’est finalement le Lillois Charles Leroy qui obtient la charge du chantier… sauf qu’il ne verra jamais son œuvre achevée.

Les travaux avancent lentement, stoppés par les guerres, les crises financières et les désaccords entre la commission et les architectes successifs. En 1914, la basilique est érigée au rang de cathédrale, mais il faudra encore des décennies pour qu’elle prenne réellement forme. En 1975, l’édifice est enfin « terminé », mais avec une façade provisoire en béton brut, bien loin de la majesté rêvée. Ce n’est qu’en 1991 que la dernière grande campagne de travaux est lancée pour doter la cathédrale d’un visage définitif. L’ultime touche est enfin apportée en 1999, avec l’inauguration officielle de la façade actuelle. Une attente de 145 ans, un véritable miracle… ou une preuve d’obstination remarquable !

Une façade contemporaine

Si l’intérieur de la cathédrale arbore les codes classiques du style néogothique, sa façade, elle, détonne. Conçue par l’architecte Pierre-Louis Carlier et l’ingénieur Peter Rice, elle tranche radicalement avec le reste de l’édifice. Son immense arc de marbre blanc translucide, haut de 30 mètres, joue avec la lumière naturelle en diffusant une aura presque irréelle à l’intérieur. Il y a également une symbolique forte : cette paroi sépare le monde profane, brut et austère à l’extérieur, du monde sacré, baigné de clarté à l’intérieur. Au centre, une rosace circulaire de 6,5 mètres de diamètre attire le regard. Conçue par l’artiste Ladislas Kijno, elle représente la Résurrection et joue avec les couleurs, rappelant les œuvres du street art, un héritage inattendu pour un tel monument. La structure métallique de cette façade, réalisée par Eiffage Métal (une entreprise issue des ateliers fondés par Gustave Eiffel) fait écho aux prouesses techniques du viaduc de Millau. Une fusion audacieuse entre tradition et modernité qui confère à Notre-Dame de la Treille un charme absolument unique !

Un monument au patrimoine saisissant

Si vous passez devant l’imposante cathédrale, prenez le temps d’admirer son portail monumental. Œuvre du sculpteur Georges Jeanclos, il représente des silhouettes endormies, enchevêtrées dans une immense treille de vigne. Inspiré par l’horreur des camps nazis, l’artiste y insuffle une dimension poignante, mêlant spiritualité et mémoire. À sa disparition en 1997, c’est la sculptrice Maya Salvado Ferrer qui achève les portails latéraux. À l’intérieur, le contraste est saisissant. Une fois que vous passez le porche ultra-moderne, vous retrouvez la majesté du XIXe siècle : arcs élancés, mosaïques délicates, vitraux somptueux. Le cœur du sanctuaire abrite la statue de Notre-Dame de la Treille, une réplique de l’originale volée en 1959. Symbole d’un culte marial profondément ancré, cette Vierge miraculeuse aurait accordé des dizaines de guérisons, attestées dès le XIIIe siècle. Chaque année, une grande procession perpétue cette tradition, rendant hommage à celle qui, depuis des siècles, veille sur Lille et ses habitants.

Une cathédrale unique

Au fil du temps, Notre-Dame de la Treille a su se réinventer, basculant entre héritage gothique et audaces contemporaines. Si son chantier fut l’un des plus longs et chaotiques de l’histoire, le résultat est à la hauteur des attentes : un édifice surprenant qui s’inscrit aujourd’hui comme l’un des joyaux du patrimoine lillois ! Alors, la prochaine fois que vous passez par Lille, laissez-vous envoûter par la lumière irréelle filtrant à travers le marbre et prenez un instant pour admirer cette cathédrale vraiment pas comme les autres, fruit d’un rêve aussi tenace qu’ambitieux.

Cathédrale Notre-Dame de la Treille
Place Gilleson, 59800 Lille
Visites libres : du mardi au samedi de 10h30 à 18h15 – le lundi et le dimanche de 14h00 à 18h15 ; en janvier et février, du lundi au dimanche de 14h00 à 18h15 ; en juillet et août, du lundi au dimanche de 11h00 à 19h00.
Pour les visites guidées, l’inscription est obligatoire via cette adresse mail cathedrale@lille.catholique.fr.

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