« Wallah, tu vas pas tirer, t’es filmé! »

Ensauvagement. Les autorités font face à un terrible dilemme. Les motocross faisant des rodéos urbains continuent de pétarader, tant qu'elles savent qu'elles ne risquent rien. Et les délinquants refusent d'obtempérer, tant qu'ils savent que les policiers n'oseront jamais riposter. De son côté, la gauche continue d'être complaisante avec la délinquance, et obnubilée par les "violences policières"... L’article « Wallah, tu vas pas tirer, t’es filmé! » est apparu en premier sur Causeur.

Mai 5, 2025 - 05:46
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« Wallah, tu vas pas tirer, t’es filmé! »

Ensauvagement. Les autorités font face à de terribles dilemmes. Les motocross faisant des rodéos urbains continuent de pétarader, tant qu’elles savent qu’elles ne risquent rien. Et les délinquants refusent d’obtempérer, tant qu’ils savent que les policiers n’oseront jamais riposter. De son côté, la gauche continue d’être complaisante avec la délinquance, et obnubilée par les « violences policières »


À Drancy (Seine-Saint-Denis), le clip de rap tourne mal et le rodéo urbain termine à l’hôpital1. Dans la classe politique, on soutient la police du bout des lèvres et on redoute avec la chaleur le retour des émeutes urbaines.

Les événements survenus vendredi soir à Drancy ont déclenché une série de réactions passionnées sur Internet. Dans le petit monde politico-médiatique, c’était en revanche beaucoup plus timide – la chaleur et le weekend prolongé, sans doute.

Si, du côté de la gauche, la question centrale reste celle de la légitimité de la riposte policière, d’autres interrogations bien plus cruciales taraudent une majorité silencieuse de citoyens, et la droite en particulier : pourquoi les jeunes délinquants ne craignent-ils plus la police ? Et, à peine deux ans après la mort de Nahel Merzouk, l’Île-de-France pourrait-elle se retrouver à nouveau dans la tourmente d’émeutes urbaines ?

Boulevard des clips

« Wallah, tu vas pas tirer, t’es filmé ! » La scène se déroule à Drancy, vendredi soir. Malgré la propagande quotidienne des militants de gauche et des médias progressistes, qui dépeignent la population des quartiers « populaires » comme terrifiée par les violences policières, le délinquant qui se tient face aux policiers n’a visiblement pas peur. Il tutoie les agents, les nargue avec son téléphone, et surtout, semble totalement maître de la situation.

La vidéo de 30 secondes (voir ci-dessous), tournée vers 19h30, a vite fait le tour des réseaux sociaux. On y voit deux policiers tentant de contrôler une moto au sol, alors qu’ils sont pris à partie par plusieurs jeunes. L’un des policiers braque son arme de service sur un individu en pull rouge, tire deux balles en l’air, tandis que son collègue brandit un pistolet à impulsion électrique. La situation dégénère rapidement : un troisième délinquant surgit et déséquilibre le policier qui est à cheval sur la moto, provoquant sa chute. Des coups de feu retentissent. Le jeune au pull rouge, touché à la cuisse, est ensuite transporté à l’hôpital en urgence.

http://twitter.com/DestinationTele/status/1918409842437570563

L’incident a lieu dans le quartier de l’Avenir, à deux pas de la cité Gagarine. Les jeunes semblent avoir été surpris en plein rodéo urbain, dans le cadre du tournage d’un clip de rap (!) Sur place, la tension est palpable, comme le rapporte Le Parisien dans son édition de dimanche. Des projectiles fusent, des cris éclatent, et la situation devient de plus en plus chaotique. Selon le parquet de Bobigny, les policiers se retrouvent encerclés, visés par une foule déchaînée. Trois suspects sont interpellés et placés en garde à vue pour « violences en réunion, avec arme, sur personne dépositaire de l’autorité publique ». L’un d’eux est déjà connu des services de police. Le jeune homme blessé par balle, en revanche, n’a aucun antécédent judiciaire, révèle le quotidien francilien.

Remous judiciaires

Au moment où nous écrivons ces lignes, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau n’a pas encore commenté l’incident, bien qu’il ait régulièrement pris position sur le fléau des rodéos urbains. Le 21 février, il soulignait une augmentation de 44 % des saisies d’engins en 2025 par rapport à 2024.

Le délinquant blessé, toujours hospitalisé, devait être entendu samedi après-midi. Les policiers, eux aussi, ont été invités à livrer leur version des faits : l’un souffre de douleurs aux vertèbres et aux cervicales, l’autre est psychologiquement marqué. Deux enquêtes sont ouvertes : l’une, menée par le SDPJ 93, se concentre sur les violences subies par les forces de l’ordre ; l’autre, confiée à l’IGPN, examinera l’usage de l’arme par le policier.

Réactions politiques : un climat de division

Le préfet de police a immédiatement exprimé son soutien aux policiers agressés. « Rien ne justifie que l’on s’oppose par la violence à un contrôle de police », a réagi Laurent Nuñez, assurant que la justice ferait toute la lumière sur cet incident. De son côté, la maire de Drancy, Aude Lagarde (l’épouse de Jean-Christophe), a appelé au calme, exprimant sa compréhension de l’émotion suscitée par les faits tout en exhortant les parents à éviter toute escalade de violence. Voilà qui n’est que guère rassurant. Il est à noter par ailleurs que l’édile s’était rendue voilée à la mosquée de la ville, l’après-midi, pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, le Malien tué dans le Gard la semaine précédente…

Le député LFI de la circonscription, Aly Diouara, a également diffusé un communiqué appelant au calme. L’élu d’extrême gauche a jugé cet incident « profondément choquant » et a estimé qu’il s’inscrivait dans une dynamique de « tensions persistantes » et de « défiance croissante » entre la population et les forces de l’ordre. L’élu assure par ailleurs, dans une autre affaire, avoir été lui-même menacé par des policiers lors d’un contrôle le 26 février. Clémentine Autain, également élue de Seine-Saint-Denis, a appelé sur Twitter à une révision « en profondeur des méthodes de maintien de l’ordre » et a plaidé pour un « changement radical des relations entre la police et la population », sans jamais mentionner le danger des rodéos urbains ni la violence dont a fait preuve le délinquant blessé. Non : l’élue d’extrême gauche estime « urgent » de créer les conditions politiques d’un « changement dans les relations entre la police et la population ». Mais cela n’a rien de surprenant : l’élue de la France Insoumise (ou à peu près) préfère axer son discours sur la répression policière et l’impunité, plutôt que sur les racines du problème. Mais depuis combien de temps l’envoie-t-on à l’Assemblée pour finalement voir les conditions sécuritaires de Seine-Saint-Denis continuer de se détériorer ? N’est-il pas « urgent » aussi d’envoyer quelqu’un d’autre, peuvent légitimement se demander les électeurs séquano-dionysiens ?

À droite, Marion Maréchal a exprimé son soutien total aux policiers : « Soutien aux policiers motocyclistes de Drancy, violemment attaqués par une horde de racailles pour avoir simplement fait leur métier. Les Français sont avec vous ! » a-t-elle écrit sur Twitter. Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrant les policiers britanniques allant au contact avec les délinquants, en percutant leurs motocross, circulent largement. Et donnent des idées aux militants de droite. En France, une telle méthode reste interdite, mais face à l’augmentation des rodéos urbains, le législateur comme le ministère de l’Intérieur pourraient bientôt devoir s’interroger sur l’opportunité d’une évolution législative.

Quant à l’extrême gauche, une nouvelle fois, on observe son inclinaison habituelle à prendre sans tarder le parti des jeunes délinquants contre les forces de l’ordre – voire son désir de souffler sur les braises pour susciter l’émeute. Ce soutien aveugle, qui frôle l’irresponsabilité, paraît d’autant plus problématique que la question des rodéos urbains est devenue un véritable fléau2 dans de trop nombreux quartiers en France. En Angleterre, les policiers pratiquent donc le « contact tactique », une méthode qui permet d’arrêter les délinquants sans que des victimes innocentes ne soient prises dans la violence. La question est désormais de savoir si la France adoptera cette approche, ou si le climat de rébellion contre les forces de l’ordre continuera de s’intensifier. Les citoyens ont pourtant le droit à la sécurité, quand bien même leurs élus locaux sont de gauche, UDI ou LFI ! Des élus politiques dignes de ce nom – et donc, raisonnables – devraient sans cesse rappeler à notre jeunesse que la police est en droit d’utiliser son arme lorsqu’elle se trouve en situation de légitime défense. Il est essentiel de souligner l’obligation de respecter les ordres des forces de l’ordre en toute circonstance, plutôt que de favoriser une attitude de défiance et de rébellion systématique. La vidéo choquante de Drancy est une nouvelle illustration de cette dérive. Il convient de se souvenir aussi de ce qui est arrivé au malheureux Nahel, qui a payé de sa vie son refus d’obtempérer.

Et par ailleurs, alors que le « contact tactique » pourrait bientôt être autorisé, de plus en plus de voix s’élèvent de temps à autre pour appeler à ce que le mouvement politique de Jean-Luc Mélenchon, la LFI, ne le soit plus, lui, autorisé (!) ; accusé qu’il est de nourrir des alliances douteuses, tant avec des forces extérieures — comme en témoigne l’affaire de l’écrivain emprisonné Boualem Sansal, où l’élue Rima Hassan avait pris parti pour l’Algérie — qu’avec certains éléments intérieurs, en cultivant une très déplaisante complaisance envers toute une jeunesse en perdition et en proie au séparatisme grandissant des banlieues.


  1. https://www.leparisien.fr/faits-divers/tirs-de-policier-et-rodeo-urbain-a-drancy-les-trois-gardes-a-vue-pour-violences-prolongees-03-05-2025-MHRZWP5Z5RFZLMQVX2PXDOBHHA.php ↩
  2. https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/rodeos-urbains-comment-letat-tente-dendiguer-le-phenomene-84111297.html ↩

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