Prisons attaquées: du chaos carcéral à l’effondrement de l’autorité

Les attaques récentes contre nos prisons révèlent un grave affaiblissement de l’autorité de l’État face aux réseaux organisés du narcotrafic. Elles soulignent l’urgence de renforcer la sécurité carcérale, les moyens des personnels, et plus généralement la capacité de l’institution à se faire respecter, alerte le député RN et ancien surveillant pénitentiaire... L’article Prisons attaquées: du chaos carcéral à l’effondrement de l’autorité est apparu en premier sur Causeur.

Avr 17, 2025 - 10:29
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Prisons attaquées: du chaos carcéral à l’effondrement de l’autorité

Les attaques récentes contre nos prisons révèlent un grave affaiblissement de l’autorité de l’État face aux réseaux organisés du narcotrafic. Elles soulignent l’urgence de renforcer la sécurité carcérale, les moyens des personnels, et plus généralement la capacité de l’institution à se faire respecter, alerte le député RN et ancien surveillant pénitentiaire.


Depuis plusieurs jours, une vague d’attaques coordonnées s’abat sur nos établissements pénitentiaires. Tirs à l’arme de guerre, véhicules de surveillants incendiés, menaces jusqu’aux domiciles des agents : ces actes d’une gravité inédite ne visent pas seulement les prisons. Ils visent la République, son autorité, et ceux qui en sont les garants.

En tant qu’ancien agent de l’administration pénitentiaire, ayant exercé aux Baumettes et à la maison centrale d’Arles entre 2009 et 2014 et aujourd’hui député du Rassemblement national, je connais cette réalité de l’intérieur. Depuis trois ans, j’ai visité plus de quinze établissements à travers le pays. Le constat est accablant : armes, téléphones et drogues y circulent toujours aisément.

Le député de la 15e circonscription des Bouches-du-Rhône Romain Baubry

Surpopulation massive, agents épuisés, nos prisons sont de véritables passoires sécuritaires qui ne tiennent plus que par le professionnalisme de leurs personnels. Et désormais, elles sont livrées aux bandes de criminels qui défient l’État en toute impunité.

Toulon, Marseille, Villepinte, Nanterre, Réau, Tarascon, Valence… La liste des établissements ciblés s’allonge. Tirs à l’arme automatique, incendies criminels, tags revendicatifs : l’intimidation est violente, méthodique, organisée. Le Parquet national antiterroriste a été saisi. Il reviendra à la justice d’établir les faits, mais une chose est certaine : l’État ne fait plus peur.

Et pour cause : au 1er mars 2025, 82 152 personnes étaient incarcérées dans les prisons françaises, pour seulement 62 539 places disponibles. Une surpopulation historique qui fait exploser les tensions et désorganise totalement le fonctionnement des établissements. Le résultat, on le voit aujourd’hui : des prisons sous pression, des agents menacés, et une autorité en lambeaux.

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Pendant ce temps, le gouvernement communique. Gérald Darmanin, garde des Sceaux, ose affirmer que ces attaques seraient la preuve que les narcotrafiquants « ont peur ». La vérité, c’est qu’ils rient de lui. Quand on attaque des prisons à la kalachnikov, ce n’est pas par crainte de la justice, mais parce qu’on sait qu’elle est impuissante. Ces groupes narguent l’État parce qu’ils savent qu’il ne réagit pas, ou qu’il réagit trop tard.

La déconnexion du ministre est telle qu’il propose que les surveillants pénitentiaires puissent rentrer chez eux avec leur arme de service. Une déclaration absurde, quand on sait que ces agents (hormis les ERIS, ELSP et PREJ) ne sont même pas armés. Cette sortie n’est pas seulement maladroite : elle est insultante pour des professionnels qui exercent au quotidien dans des conditions déplorables.

Le gouvernement parle, mais il n’écoute pas. Lorsqu’en 2022, des magistrats marseillais ont voulu alerter sur la gravité de la situation liée au narcotrafic, ils ont été publiquement recadrés par Éric Dupond-Moretti, alors ministre de la Justice. Ce refus d’affronter la réalité, ce déni permanent, nous a menés à la situation actuelle.

Pourtant, les solutions sont sur la table.

En tant que rapporteur des crédits alloués à l’administration pénitentiaire dans le cadre du budget 2025, j’ai proposé le déploiement de brouilleurs de téléphones efficaces, ainsi que l’équipement des établissements en dispositifs anti-drones et antiprojections. L’objectif est simple : rendre nos prisons enfin hermétiques aux trafics qui les gangrènent. Ces technologies existent, elles sont disponibles, mais le gouvernement refuse de les généraliser. Pendant ce temps, les trafiquants continuent de diriger leurs affaires depuis l’intérieur même des établissements.

Dans le même esprit, lors de l’examen de la proposition de loi visant à « sortir la France du piège du narcotrafic », j’ai défendu un amendement pour rétablir les fouilles systématiques des détenus à l’issue des parloirs. Une mesure de bon sens, abandonnée depuis des années, et qui constitue aujourd’hui une faille majeure dans la sécurité carcérale. Cet amendement a été rejeté par le garde des Sceaux et ses alliés.

Le recrutement massif d’agents pénitentiaires est aussi une priorité absolue. Aujourd’hui, les effectifs sont insuffisants pour assurer les missions les plus fondamentales. Tant qu’on n’augmentera pas les effectifs, rien ne tiendra. J’ai aussi proposé la création d’un fonds de soutien pour accompagner les agents et leurs familles confrontés aux violences ou aux menaces. Encore une proposition rejetée. Il est temps que l’État protège enfin ceux qui le protègent.

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Il faudra aussi poser lucidement la question de la présence d’étrangers dans nos prisons. Ils représentent près de 25% des détenus incarcérés. Le Rassemblement national exige leur expulsion afin de désengorger les établissements. Il n’est pas acceptable que nos prisons débordent pendant que des détenus étrangers, qui n’ont rien à faire sur notre sol, y occupent des places aux frais du contribuable français.

Nos prisons ne doivent plus être des zones de non-droit. Elles doivent redevenir des lieux où l’autorité de l’État s’exerce sans concession. Tant que l’on reculera, tant que l’on refusera d’agir, les criminels avanceront. L’heure n’est plus à la demi-mesure et il est grand temps de rétablir l’ordre partout sur le territoire, de confier toute l’autorité nécessaire au personnel, et ainsi rendre à l’État toute sa force.

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