On n’est pas antisémite quand on n’aime pas Netanyahou!

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Mar 25, 2025 - 20:53
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On n’est pas antisémite quand on n’aime pas Netanyahou!

Intégrera-t-on dans la loi française l’antisionisme comme nouvelle forme d’antisémitisme ?


On n’est pas antisémite quand on n’aime pas Netanyahou. En tout cas, pas forcément. Flotte dans l’air1 parlementaire l’idée que pour combattre l’antisémitisme, il conviendrait de l’assimiler à l’antisionisme et qu’une loi devrait être votée qui ne distinguerait plus les deux mais les envelopperait dans la même transgression pénale. Il me semble que ce serait une grave erreur.

Bas les masques !

Parce que pour certains, l’antisionisme est le masque d’un antisémitisme qui se sert de ce prétexte politique pour s’exprimer, il faudrait constituer cette perversion comme une généralité et interdire le débat, les critiques sur la politique israélienne et Benjamin Netanyahou ? Au sujet duquel, d’ailleurs, je n’ai jamais entendu dire de bien.

Tout au plus qu’il n’avait pas un autre choix depuis la barbarie du 7 octobre 2023, ce qui peut évidemment être discuté ; au moins dans la durée de la défense considérée comme légitime contre le Hamas, à Gaza. Ces derniers jours il passe « en force contre l’appareil d’État et dans la bande de Gaza » analyse Le Monde.

J’ai conscience de définir l’antisionisme sur un mode commun, banal – le plus courant – en considérant qu’il s’agit de la contestation de la politique israélienne et de celle de ses dirigeants alors qu’au sens propre le sionisme défend le droit à l’existence de l’Etat d’Israël quand l’antisionisme le lui dénie.

En demeurant dans l’acception ordinaire, cette aggravation pénale réduirait un espace de liberté d’autant plus à sauvegarder qu’il se rapporte à un problème géopolitique infiniment sensible. Et même quasiment ingérable, malgré l’accord majoritaire sur une solution à deux États.

La question géopolitique la plus sensible ?

Il serait désastreux, selon une démarche malheureusement usuelle, de ne pas trouver contre le poison de l’antisémitisme d’autre riposte que d’interdire une opinion, contestable ou non, en tout cas admissible, sur les faiblesses d’Israël, seule démocratie dans cette région du monde.

D’une certaine manière, il convient à la fois de banaliser ce pays et de protéger partout les juifs contre les agressions verbales et physiques qui se multiplient à leur encontre, sans la moindre honte – comme à Orléans récemment.

Parce qu’on ne parvient pas, malgré les efforts menés, à réduire les actes antisémites, on s’imagine pouvoir aboutir à un résultat plus satisfaisant en alourdissant l’antisémitisme d’une charge sans commune mesure avec lui.

D’autant plus que, contrairement à ce qu’on prétend, il est facile, dès lors que l’on est honnête, de distinguer le bon grain d’une critique politique de l’ivraie de l’antisémitisme. Il suffit de se référer à des éléments extrinsèques qui seront de nature, sans la moindre équivoque, à révéler l’état d’esprit de celui qui s’exprime sur ce sujet.

Quand on affirme que l’antisémitisme est « résiduel » en France comme l’a fait Jean-Luc Mélenchon, on a le droit de questionner la pureté de ses diatribes politiques sur Israël, accordées de surcroît avec les ambiguïtés sur la définition du Hamas le 7 octobre 2023.

D’autres en revanche ne laissent pas le moindre doute sur la pureté de leurs intentions quand ils émettent des réserves sur Benjamin Netanyahou et sur la stratégie d’Israël. Il serait dramatique, pour la liberté d’expression et l’utilité des débats géopolitiques, d’être inspiré par la fausse bonne conscience de stigmatiser tout de ce qui peut concerner les Juifs, Israël, le Hamas, Gaza et autres sujets dangereux. On ne vaincra jamais les effets délétères de la liberté en réduisant encore davantage la part de celle-ci. Pour ne rien concéder à l’antisémitisme, ignominie morale, il faut sauver le droit à l’antisionisme, contradiction politique.


  1. « Pour que l’antisionisme ne serve plus de prétexte à l’antisémitisme, c’est à la République de protéger les juifs en intégrant dans sa loi l’antisionisme comme nouvelle forme d’antisémitisme. » Tribune collective publiée dans Le Monde le 21 mars 2025 NDLR ↩

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