Ne pas jurer
Annoncé comme un film fort du cinéma d’auteur, Je le jure, avec Marina Foïs à l'affiche (notre photo) a vu sa sortie éclipsée par une affaire judiciaire visant son réalisateur, Samuel Theis, accusé de viol en cours de tournage. Bien qu’aucune mise en examen n’ait été prononcée, un protocole exceptionnel avait été mis en place pour isoler le cinéaste durant le tournage, reléguant le septième art au second plan... L’article Ne pas jurer est apparu en premier sur Causeur.

Annoncé comme un film fort du cinéma d’auteur, Je le jure, avec Marina Foïs à l’affiche (notre photo) a vu sa sortie éclipsée par une affaire judiciaire visant son réalisateur, Samuel Theis, accusé de viol en cours de tournage. Bien qu’aucune mise en examen n’ait été prononcée, un protocole exceptionnel avait été mis en place pour isoler le cinéaste durant le tournage, reléguant le septième art au second plan.
Des têtes d’affiche glamour (Marina Foïs, Louise Bourgoin), un sujet fort et humaniste (la responsabilité pénale d’un jeune pyromane confronté à un jury de cour d’assises) : le film Je le jure cochait toutes les cases pour être un des succès du cinéma d’auteur français de ce début d’année.
C’était sans compter avec la plainte pour viol déposée, en cours de tournage, par un technicien à l’endroit de son scénariste-réalisateur, Samuel Theis. Armée du livre blanc du collectif féministe 50/50, la productrice Caroline Bonmarchand met alors illico un « protocole », aussi inédit qu’effarant, en place : confiner le metteur en scène dans une pièce isolée du reste de l’équipe, qu’il doit désormais diriger… à distance.
Le cordon sanitaire est renforcé au moment de la sortie du long-métrage, le 26 mars. Pas de télé, de radio ou de communication sur les réseaux sociaux pour le présumé violeur. Conditions drastiques que l’intéressé accepte, même si, comme l’admet cocassement la distributrice Alexandra Henochsberg dans les colonnes de Télérama, « défendre un film d’auteur sans auteur, c’est évidemment problématique ». Une sortie en catimini (moins de cent copies distribuées) qui embarrasse les critiques de cinéma gênés aux entournures par un film qu’il convient (paraît-il) de qualifier d’« abîmé » – « entaché » aurait plutôt écrit feu Philip Roth. Avec 3 456 entrées le premier jour de son exploitation, le fiasco est effectivement sans appel.
« Il ne faut pas comprendre les faits, il faut comprendre les gens », explique la procureur (Marina Foïs) dans Je le jure, dont le propos est précisément d’interroger la juste mesure de la sanction pénale. Le milieu du cinéma français post-MeToo, lui, expédie les affaires de mœurs qui l’agitent sans autre forme de procès. Sous l’étendard conjoint du principe de précaution et de la transparence absolue, il cancel par anticipation. Rappelons tout de même que Samuel Theis n’a finalement pas été mis en examen, mais placé sous le statut de témoin assisté. Pour l’acteur d’Anatomie d’une chute, plus dur sera l’atterrissage.
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