Les malfaisants ont pris le pouvoir !
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Alors que les caïds ne se cachent même plus, le Conseil national des barreaux entérine dans une étude la baisse historique de la confiance des Français dans leur justice.
Par mon titre, j’entends l’ensemble des transgresseurs, délinquants, criminels, détenus, condamnés, fauteurs de troubles, compulsifs de la violation de la loi, haineux de la moindre autorité, orphelins du langage et violents immédiats, ignorants de la morale élémentaire, mineurs lâchés sans bride par des éducateurs de toutes sortes dépassés, auteurs d’abjections multiples, obsessionnels de la haine de l’État…
Des surveillants de prison ont témoigné et ils ont confirmé ce qu’on sait depuis longtemps : «Les détenus ont pris le pouvoir». Il y a des établissements où ils font la loi quand les défenseurs de celle-ci sont voués à plier sous leur joug.
La justice décidément mal en point
Le Conseil national des barreaux (CNB) a publié une enquête d’opinion menée avec l’IFOP (voir tweet ci dessous). Aujourd’hui, elle conclut à une chute libre de la magistrature dans l’esprit public puisque 48% de nos concitoyens sont en défiance à l’égard des institutions judiciaires alors qu’en 2008 une forte majorité portait un regard favorable sur elles.
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Ce sont toujours les mêmes reproches qui sont adressés à la Justice : lenteur, inégalité, médiocre accessibilité, mépris, indulgence pour les puissants et dureté avec les faibles, politisation des magistrats…
Je pourrais presque me réjouir que 52% des Français ne vouent pas aux gémonies cette institution capitale pour la démocratie, qui n’est plus depuis longtemps un pouvoir mais une autorité et qui devrait être surtout à mon sens un service public. On comprend bien le caractère particulier de ce dernier sur au moins un double plan : on n’a pas envie d’en user comme on le ferait d’un service public ordinaire et il est inévitable que le mécontentement d’un citoyen sur deux – il a perdu ou il n’a pas assez gagné – abaisse largement l’indice de satisfaction !
Je n’ai plus envie de me vouer à une apologie désespérée de cette institution que j’ai pratiquée durant quarante ans avec cette certitude qu’une pratique singulière visant l’exemplarité pouvait sur-le-champ modifier l’opinion d’observateurs initialement pessimistes ou au moins réservés. Il me semble assez piquant que cette enquête ait été élaborée sous l’égide du barreau comme si en réalité celui-ci se lavait les mains de cette désaffection judiciaire.
Les forces de l’ordre passent au premier plan
Une Justice « partisane » est le grief dominant, d’autant plus accablant qu’il mêle les politiques, les médias et les citoyens dans cette dénonciation qui rend impossible – je m’en suis rendu compte – toute contradiction. Je ne me résous pas à cette descente de la Justice dans l’estime publique alors que par ailleurs, et là je m’en félicite, l’armée et la police progressent.
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Il n’y a évidemment aucune raison pour que la Justice échappe au mouvement général qui fait que les malfaisants ayant pris le pouvoir un peu partout, naturellement les forces régaliennes sont accusées de faiblesse à leur égard.
C’est en effet le changement fondamental dans la lutte contre le fléau de l’insécurité : le fait que les transgresseurs, où qu’ils soient, ne se contentent plus de compter sur leur bonne étoile pour échapper à l’interpellation et à la condamnation mais que dorénavant ils prennent les devants; on attaque les pompiers, on donne des rendez-vous meurtriers à la police, on menace les juges, on insulte les maires, on poursuit ses trafics et ses intentions homicides en prison, on manifeste avec arrogance que le monde a changé et que les sales ombres ont pris le pas sur les lumières honorables, reléguées peu à peu dans les oubliettes d’une société qui n’a pas su les sauvegarder.
Je vois bien pourquoi la Justice, au-delà de sa politisation, est mal perçue par rapport à la police et à l’armée. Elle intervient tard, trop tard, quand tout est consommé et elle est rarement à la hauteur de ce qu’espère le citoyen même de bonne foi. Elle n’est par ailleurs jugée que sur ses affaires médiatisées, ce qui a pour conséquence de laisser dans l’anonymat la multitude des pratiques des parquets et du siège acceptables, parfois même excellentes. Le pessimisme d’aujourd’hui qui fait douter de la victoire possible contre les crimes, les délits et l’enfer pénitentiaire est parfaitement compréhensible. Puisque la loi est passée de l’autre côté et que les malfaisants tiennent le haut du pavé.
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