Hep là, retraité! T’as pas cent balles?

Impôts. Amélie de Montchalin a dit tout haut ce que la macronie pense et désire tout bas, selon Le Parisien. En envisageant de supprimer l’abattement de 10% dont bénéficient les séniors, le gouvernement pourrait lever un véritable « tabou ». Des cibles commodes, dénoncent de concert le RN et les Insoumis, qui n’excluent pas une censure du gouvernement si une telle piste d’économies continuait d’être étudiée... L’article Hep là, retraité! T’as pas cent balles? est apparu en premier sur Causeur.

Avr 23, 2025 - 10:46
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Hep là, retraité! T’as pas cent balles?

Impôts. Amélie de Montchalin a dit tout haut ce que la macronie pense et désire tout bas, selon Le Parisien. En envisageant de supprimer l’abattement de 10% dont bénéficient les séniors, le gouvernement pourrait lever un véritable « tabou ». Des cibles commodes, dénoncent de concert le RN et les Insoumis, qui n’excluent pas une censure du gouvernement si une telle piste d’économies continuait d’être étudiée.


« On ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement1 » a déclaré Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, cherchant à justifier la possible suppression de l’abattement fiscal de 10% en faveur des séniors. « Pas question, se cabre Laurent Wauquiez, patron des députés LR, coupons d’abord dans les dépenses publiques,  notamment l’assistanat ». « C’est juste une piste, mais tout est ouvert », tempère-t-on dans l’entourage de la ministre devant la levée de boucliers. Fidèle à lui-même, le Premier ministre laisse dire et s’en remet aux partenaires sociaux…

L’imagination au pouvoir

Les génies de Bercy, de Matignon et les rescapés de la macronie encore au gouvernement et aux assemblées, radicalement réduits à la mendicité, seraient donc tout disposés à faire les poches de leurs aînés. La cible du jour, en effet, les retraités. En cause, l’abattement fiscal de 10% dont ils bénéficient depuis quelque chose comme un demi-siècle.

Ce seraient, nous assurent ces éminents comptables – la situation actuelle de nos finances suffit à elle seule à situer leur niveau de compétence en la matière – quatre milliards de recettes supplémentaires pour l’État.

Ah, la belle trouvaille ! En voilà une idée qu’elle est bonne, s’extasierait Coluche ! Taper sur les retraités : l’imagination au pouvoir, vous dis-je !

Au passage, on aimerait beaucoup savoir ce que c’est qu’un retraité dans l’esprit de ces gens. Madame la ministre du Budget, en première ligne sur ce coup tordu, a l’excuse de son relatif jeune âge, mais les autres, le Premier ministre par exemple…?

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Là encore, comme si souvent, comme toujours, il semble bien que la réalité concrète du sujet leur échappe totalement. Car, avant d’avancer de formidables idées comme celle-ci, ne devraient-ils pas faire entrer dans leurs savants calculs certains paramètres que manifestement ils ignorent. Ou pire, méprisent.

Qui, dans une notable mesure, fait vivre le monde associatif à la française, si ce n’est – le plus souvent à bourse déliée – le retraité?

Qui, dans cette merveilleuse société où le chômage culmine plus haut qu’ailleurs et où l’entrée dans la vie active n’est pas qu’un fleuve tranquille, qui, disais-je, soutient financièrement enfants et petits-enfants, cela de plus en plus fréquemment jusqu’à l’âge adulte, ou davantage quand ce malin plaisir en vient à se prolonger?

Qui sont, en général, parmi les premiers contributeurs au financement des études de celles et ceux qui seront demain les cadres de la nation, constitueront les forces vives du pays?

Défaillances

Qui fait office de crèche, de garderie, d’agent de ramassage scolaire là où – pour changer un peu – les services de l’État et de la collectivité sont défaillants?

Qui, se trouvant dépositaire d’une part non négligeable du patrimoine bâti de nos villes, villages et campagnes en assure la préservation, la transmission, l’entretien, la charge et la responsabilité, faisant vivre ainsi tout un secteur économique, l’artisanat du cru en particulier?

Qui éprouve encore – mais jusqu’à quand ? – suffisamment d’attachement au pays, à la nation, à la République pour accomplir avec constance son devoir de citoyen en allant voter?

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Et qui – si on en venait malgré tout à taxer les cent balles de la mendicité gouvernementale, à piquer les 10% en question – qui ne se sentirait pas pour autant autorisé à aller foutre le bordel dans les quartiers et les rues, à saccager les banques et les commerces, à cogner à l’envi sur du flic et du gendarme, à incendier la médiathèque ou la Sécu? Oui qui?

À chacune de ses questions, une seule et même réponse : le retraité.

Alors il me semble que ces fichus 10% qu’on veut aller chercher dans sa poche, il les mérite amplement.

Il mérite surtout qu’on lui foute un peu la paix. Le président Pompidou disait avec une sagesse de fin lettré issu des campagnes profondes du  Cantal : « Il faut cesser d’emmerder les Français ». L’injonction vaut aussi et surtout, me semble-t-il, pour ceux que – avanie supplémentaire – ces messieurs-dames des ministères et autres économistes experts ont le front de qualifier « d’inactifs ».

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  1. https://www.leparisien.fr/politique/amelie-de-montchalin-un-debat-est-lance-sur-le-financement-de-notre-modele-social-tout-est-sur-la-table-19-04-2025-64ADNJJFMVFJ5HYLEHB7X3DKI4.php ↩

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