Droits TV : DAZN veut remettre en cause le contrat, la LFP convoque une réunion d’urgence

Le football français pourrait bien revivre un épisode délicat. Après le fiasco de Mediapro en 2020, la Ligue de Football Professionnel (LFP) se retrouve à nouveau face à un diffuseur en difficulté. DAZN, qui détient les droits de diffusion de la Ligue 1 sur huit des neuf rencontres de chaque journée, menace de ne verser que la moitié de l’échéance due à la mi-février. La LFP a réagi en convoquant en urgence son conseil d’administration pour examiner la situation et explorer des solutions viables. Selon une information révélée par L’Equipe, DAZN prévoit de ne verser que 50 % des 175 millions d’euros dus à la mi-février, ce qui pourrait affecter la trésorerie de nombreux clubs de Ligue 1. Contacté, le diffuseur britannique n’a pas souhaité commenter cette information, tandis que beIN Sports, autre diffuseur de la Ligue 1, a déjà honoré son échéance. Face à cette situation, la LFP tente de mettre en place un plan de réponse. Dans un mail adressé aux membres du conseil d’administration, Vincent Labrune, président de la Ligue, a évoqué une « situation urgente » et souhaite étudier les moyens juridiques pour garantir le respect du contrat et éviter une renégociation imposée par DAZN. Un modèle économique structurellement fragile L’été dernier, DAZN avait acquis l’essentiel des droits TV de la Ligue 1 pour un montant de 400 millions d’euros, tandis que beIN Sports complétait l’offre avec un apport de 100 millions d’euros. Ce montant restait bien inférieur aux attentes initiales de la LFP, qui espérait atteindre le milliard d’euros. Mais même à ce prix, DAZN peine à rentabiliser son investissement. Le principal problème est le piratage massif des matchs de Ligue 1. Une étude Ipsos révélait que 55 % des spectateurs du match OM-PSG d’octobre dernier avaient eu recours à des plateformes illégales. Plus inquiétant encore, 27 % des consommateurs ayant regardé la Ligue 1 via ces moyens frauduleux l’ont fait pour la première fois cette saison. Au-delà du piratage, l’attractivité commerciale de la Ligue 1 reste inférieure à celle de ses voisins européens. L’absence de contrats de sponsoring majeurs et des revenus limités en billetterie rendent les clubs plus dépendants des droits TV. Des tensions avec les clubs et une stratégie floue Outre le piratage, DAZN reproche aux clubs français un manque de coopération dans la création de contenus additionnels autour des matchs. Ces derniers favoriseraient leurs propres plateformes et médias internes, plutôt que le diffuseur officiel. Ce conflit pourrait mener DAZN à engager une action en justice contre la LFP pour « défaut de loyauté », selon une information rapportée par RMC Sport. Par ailleurs, la politique tarifaire du diffuseur est critiquée. DAZN a changé plusieurs fois ses prix depuis le début de la saison, déstabilisant ainsi les abonnés potentiels. Après plusieurs ajustements, le diffuseur a récemment lancé une offre promotionnelle avec un « pass fin de saison » à 49 euros, incluant d’autres compétitions sportives. Vers une diversification des sources de revenus ? Actuellement, DAZN compterait environ 500 000 abonnés, bien loin des 1,5 million nécessaires pour atteindre la rentabilité en France. Dans son contrat, une clause permet à DAZN de se retirer du marché français si ce seuil n’est pas atteint d’ici décembre 2025. Cette perspective pousse la LFP à envisager d’autres stratégies pour assurer la stabilité financière des clubs. Développement du sponsoring et des partenariats Avantages : Permet de diversifier les revenus en attirant des marques internationales et des sponsors de renom. Augmente l’exposition médiatique des clubs et du championnat. Inconvénients : Dépend de l’attractivité de la Ligue 1, actuellement inférieure à celle de la Premier League ou de la Liga. Les clubs doivent améliorer leur image de marque pour séduire les sponsors. Recommandation : La LFP pourrait mettre en place une politique plus agressive de prospection auprès des entreprises, en mettant en avant la modernisation des infrastructures et le développement du football féminin pour attirer des sponsors sensibles à ces enjeux. Meilleure exploitation du merchandising et des droits dérivés Avantages : Permet aux clubs de générer des revenus plus indépendants des droits TV. Augmente l’engagement des supporters grâce à des produits exclusifs. Inconvénients : Dépend fortement de la notoriété des clubs. Les équipes avec moins de visibilité auront du mal à vendre du merchandising à grande échelle. Recommandation : Développer des collaborations avec des marques populaires et intégrer des stratégies numériques innovantes, telles que les NFT et les expériences interactives pour les fans. Renforcement de la lutte contre le piratage Avantages : Protège les diffuseurs et garantit une meilleure rentabilité des droits TV, incitant ainsi de futurs investisseurs. Inconvénients : Nécessite une collaboration étroite avec les autorités et des investissements technologiques importants pour

Fév 12, 2025 - 13:56
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Droits TV : DAZN veut remettre en cause le contrat, la LFP convoque une réunion d’urgence

Le football français pourrait bien revivre un épisode délicat. Après le fiasco de Mediapro en 2020, la Ligue de Football Professionnel (LFP) se retrouve à nouveau face à un diffuseur en difficulté. DAZN, qui détient les droits de diffusion de la Ligue 1 sur huit des neuf rencontres de chaque journée, menace de ne verser que la moitié de l’échéance due à la mi-février. La LFP a réagi en convoquant en urgence son conseil d’administration pour examiner la situation et explorer des solutions viables.

Selon une information révélée par L’Equipe, DAZN prévoit de ne verser que 50 % des 175 millions d’euros dus à la mi-février, ce qui pourrait affecter la trésorerie de nombreux clubs de Ligue 1. Contacté, le diffuseur britannique n’a pas souhaité commenter cette information, tandis que beIN Sports, autre diffuseur de la Ligue 1, a déjà honoré son échéance.

Face à cette situation, la LFP tente de mettre en place un plan de réponse. Dans un mail adressé aux membres du conseil d’administration, Vincent Labrune, président de la Ligue, a évoqué une « situation urgente » et souhaite étudier les moyens juridiques pour garantir le respect du contrat et éviter une renégociation imposée par DAZN.

Un modèle économique structurellement fragile

L’été dernier, DAZN avait acquis l’essentiel des droits TV de la Ligue 1 pour un montant de 400 millions d’euros, tandis que beIN Sports complétait l’offre avec un apport de 100 millions d’euros. Ce montant restait bien inférieur aux attentes initiales de la LFP, qui espérait atteindre le milliard d’euros. Mais même à ce prix, DAZN peine à rentabiliser son investissement.

Le principal problème est le piratage massif des matchs de Ligue 1. Une étude Ipsos révélait que 55 % des spectateurs du match OM-PSG d’octobre dernier avaient eu recours à des plateformes illégales. Plus inquiétant encore, 27 % des consommateurs ayant regardé la Ligue 1 via ces moyens frauduleux l’ont fait pour la première fois cette saison.

Au-delà du piratage, l’attractivité commerciale de la Ligue 1 reste inférieure à celle de ses voisins européens. L’absence de contrats de sponsoring majeurs et des revenus limités en billetterie rendent les clubs plus dépendants des droits TV.

Des tensions avec les clubs et une stratégie floue

Outre le piratage, DAZN reproche aux clubs français un manque de coopération dans la création de contenus additionnels autour des matchs. Ces derniers favoriseraient leurs propres plateformes et médias internes, plutôt que le diffuseur officiel. Ce conflit pourrait mener DAZN à engager une action en justice contre la LFP pour « défaut de loyauté », selon une information rapportée par RMC Sport.

Par ailleurs, la politique tarifaire du diffuseur est critiquée. DAZN a changé plusieurs fois ses prix depuis le début de la saison, déstabilisant ainsi les abonnés potentiels. Après plusieurs ajustements, le diffuseur a récemment lancé une offre promotionnelle avec un « pass fin de saison » à 49 euros, incluant d’autres compétitions sportives.

Vers une diversification des sources de revenus ?

Actuellement, DAZN compterait environ 500 000 abonnés, bien loin des 1,5 million nécessaires pour atteindre la rentabilité en France. Dans son contrat, une clause permet à DAZN de se retirer du marché français si ce seuil n’est pas atteint d’ici décembre 2025. Cette perspective pousse la LFP à envisager d’autres stratégies pour assurer la stabilité financière des clubs.

Développement du sponsoring et des partenariats

  • Avantages : Permet de diversifier les revenus en attirant des marques internationales et des sponsors de renom. Augmente l’exposition médiatique des clubs et du championnat.
  • Inconvénients : Dépend de l’attractivité de la Ligue 1, actuellement inférieure à celle de la Premier League ou de la Liga. Les clubs doivent améliorer leur image de marque pour séduire les sponsors.
  • Recommandation : La LFP pourrait mettre en place une politique plus agressive de prospection auprès des entreprises, en mettant en avant la modernisation des infrastructures et le développement du football féminin pour attirer des sponsors sensibles à ces enjeux.

Meilleure exploitation du merchandising et des droits dérivés

  • Avantages : Permet aux clubs de générer des revenus plus indépendants des droits TV. Augmente l’engagement des supporters grâce à des produits exclusifs.
  • Inconvénients : Dépend fortement de la notoriété des clubs. Les équipes avec moins de visibilité auront du mal à vendre du merchandising à grande échelle.
  • Recommandation : Développer des collaborations avec des marques populaires et intégrer des stratégies numériques innovantes, telles que les NFT et les expériences interactives pour les fans.

Renforcement de la lutte contre le piratage

  • Avantages : Protège les diffuseurs et garantit une meilleure rentabilité des droits TV, incitant ainsi de futurs investisseurs.
  • Inconvénients : Nécessite une collaboration étroite avec les autorités et des investissements technologiques importants pour détecter et bloquer les plateformes illégales.
  • Recommandation : Travailler avec les instances gouvernementales pour accélérer le blocage des sites illégaux et sensibiliser les spectateurs aux conséquences du piratage sur l’économie du football français.

Un marché des droits TV en mutation

Cette crise remet en question la dépendance de la Ligue 1 aux droits TV. Alors que d’autres grandes ligues européennes, comme la Premier League ou la Bundesliga, multiplient leurs sources de revenus à travers le sponsoring, les produits dérivés et les accords commerciaux, la Ligue 1 doit moderniser son modèle économique.

La LFP devra agir rapidement pour adapter sa stratégie. Outre une meilleure répartition des revenus entre les clubs, la valorisation du produit Ligue 1 sur les marchés internationaux et la création de nouvelles sources de financement sont des pistes explorées.

Le football français traverse une période incertaine, mais cette crise pourrait être une opportunité de refonte du modèle économique de la Ligue 1. Plutôt que de céder au catastrophisme, il est essentiel d’examiner les solutions à long terme permettant aux clubs de devenir moins dépendants des droits TV et plus résilients face aux fluctuations du marché audiovisuel.

Les prochains mois seront cruciaux pour l’avenir de la Ligue 1. La LFP et les clubs doivent rapidement s’adapter pour maintenir l’attractivité du championnat, sécuriser leurs finances et assurer la stabilité d’un écosystème qui reste essentiel au football français.

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