Julien Moinil: tout est perdu mais il y a des hommes!

Narcotrafic. Batman, surnom du nouveau procureur du roi de Bruxelles Julien Moinil, mène une offensive contre le trafic de drogue et les fusillades qui gangrènent sa ville, multipliant les arrestations et affirmant sa détermination à rétablir l'ordre. Son action rapide et musclée surprend les narcotrafiquants, bien que les moyens de la police et de la justice belge demeurent insuffisants... L’article Julien Moinil: tout est perdu mais il y a des hommes! est apparu en premier sur Causeur.

Mar 20, 2025 - 10:50
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Julien Moinil: tout est perdu mais il y a des hommes!

Narcotrafic. Batman, surnom du nouveau procureur du roi de Bruxelles Julien Moinil, mène une offensive contre le trafic de drogue et les fusillades qui gangrènent sa ville, multipliant les arrestations et affirmant sa détermination à rétablir l’ordre. Son action rapide et musclée surprend les narcotrafiquants, bien que les moyens de la police et de la justice belge demeurent insuffisants.


À Bruxelles, tout a changé. Il y a un nouveau procureur du Roi, Julien Moinil et l’accablement, la résignation se sentent moins chez eux dans cette capitale. Ce n’est pas au Salvador, c’est en Belgique, pas loin de chez nous. L’exemple n’est pas exotique ni offensant. Il est dans notre sphère, dans notre monde. On peut, on doit s’en inspirer.

Il confirme ce que j’ai toujours pensé, comme magistrat, comme chroniqueur, comme homme. Les personnalités où qu’elles soient, dans quelque espace que ce soit, dès lors qu’elles ont énergie, courage et volonté, seront plus fortes que les structures et vaincront ce que la réalité apparente aura de désespérant, de fatal. À condition, précisément, de se persuader et de persuader autour de soi que rien d’impossible ne vous sera opposé.

Sans frémir

Et qu’on ne nous rebatte pas les oreilles avec l’éloge du collectif comme si le propre de ces modèles professionnels et humains n’était pas d’agréger, autour de leur singularité, une pluralité fière de travailler sous leurs ordres.

Sans surestimer le tableau français, à considérer l’état de Bruxelles sur le plan de la sécurité et de la Justice, du palais de Justice à restaurer, des prisons surchargées à la faillite de la lutte contre les crimes et les délits les plus graves, de l’absence de moyens – la cour d’appel a été contrainte de suspendre ses jugements à partir du 10 mars – à l’incurie des politiques, qui aurait pu accepter sans frémir la haute fonction de procureur du Roi ?

Il fallait déjà un caractère, connaissant ce qui allait lui échoir, résolu à ne pas céder face à un réel apparemment implacable. Dès sa nomination, en janvier, dans ce poste prestigieux, Julien Moinil a affirmé que son équipe et lui allaient « y arriver » (Le Monde).

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Avec une double ambition selon lui : « remettre d’aplomb le plus grand parquet du pays et rétablir l’ordre dans une ville gangrenée par la criminalité avec des métastases partout ». Et une double exigence : « assouvir sa passion de la vérité et protéger les autres ».

Julien Moinil n’est pas homme non plus à se satisfaire de promesses en l’air. Il a d’ailleurs déclaré, le 15 février, devant les parlementaires qu’il en avait « assez des effets d’annonce ». Une magistrate parisienne étonnée par sa liberté a observé qu’avec de tels propos l’ancien garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti l’aurait muté à Mayotte !

Arrestations en hausse

Depuis qu’il est procureur du Roi, les arrestations ont quadruplé. Deux mille en quelques semaines.

Cet « intrépide et infatigable bosseur » selon ses collègues, surnommé Batman, n’est pas un héros. À l’évidence il fait partie de ces quelques êtres qui, partout où ils sont, donnent le « la ». Alors que tout va mal, il ne se plaint pas, il ne parle pas, il ne commente pas. Il agit.

La conséquence immédiate pour les trafiquants qui se sont donné le mot sur leurs réseaux cryptés est qu’on « n’est plus à l’aise à Bruxelles, qu’on n’y est plus tranquille ».

Loin de moi, en écrivant ce billet sur ce très grand magistrat belge, de jeter une pierre dans l’univers de la magistrature française. Je suis contraint cependant de relever que cette dernière n’est plus portée ni incarnée par une ou plusieurs personnalités emblématiques même si malheureusement quelques remarquables magistrats demeurent peu connus ou sont noyés dans une ignorance générale ou une dérision facile. Le syndicalisme ne tente personne et ne fascine pas. Cette pente est d’ailleurs aussi celle du barreau pénal en France où il n’y a plus de « maîtres ».

Je souhaite bon vent à Julien Moinil. Rien n’est perdu puisqu’il est là.

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