Comprenne qui pourra

«Des devenirs canins queer»... Trente ans après un canular d’Alan Sokal sur les prétendus harcèlements sexuels dans les parcs canins, la chercheuse en études de genre Chloé Diamond-Lenow parvient à publier des thèses encore plus farfelues. Mais elle, elle est sérieuse... L’article Comprenne qui pourra est apparu en premier sur Causeur.

Avr 15, 2025 - 10:59
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Comprenne qui pourra

«Des devenirs canins queer»… Trente ans après un canular d’Alan Sokal sur les prétendus harcèlements sexuels dans les parcs canins, la chercheuse en études de genre Chloé Diamond-Lenow parvient à publier des thèses encore plus farfelues. Mais elle, elle est sérieuse


En 1996, Alan Sokal, professeur de physique, a porté un coup dur à la pensée postmoderne qui dominait les sciences humaines. Il a proposé à une revue académique un faux article rempli d’absurdités prétentieuses qui flattait les idées à la mode. La publication du texte, suivie de la révélation que c’était un canular, a mis à nu le vide intellectuel de tout un pan de la recherche universitaire.

Trente ans après, un article publié dans The Journal of Lesbian Studies semble aussi être un canular. Sauf que non. Son auteur, Chloe Diamond-Lenow, professeur adjoint d’études de genre à l’université de l’État de New York à Oneonta, a l’air parfaitement sérieux. Son titre seul est un galimatias résumant la plupart des doctrines progressistes en vogue, du rejet de l’hétéronormativité à l’antispécisme en passant par la robotique : « Queer canine becomings : lesbian feminist cyborg politics and interspecies intimacies in ecologies of love and violence » (« Des devenirs canins queer : la politique lesbienne féministe cyborg et les intimités interespèces dans des écologies de l’amour et de la violence »).

Si la traduction française semble opaque, elle est en cela fidèle à la version anglaise. L’auteur soulève un paradoxe. D’un côté, une relation avec un chien peut être très positive pour des personnes lesbiennes, non binaires et transgenres. De l’autre, le gouvernement américain, au nom de la suprématie et du militarisme blancs, utilise des chiens et des robots-chiens pour commettre des actes de violence impérialiste contre des communautés marginalisées.

Les travaux antérieurs de l’auteur portent sur la manière dont l’armée américaine, en Irak et en Afghanistan, a traité ses chiens de travail comme des hommes pour mieux déshumaniser les hommes arabes et musulmans. Cette leçon d’islamo-gauchisme option délirant est saupoudrée de références à la philosophie d’Emmanuel Lévinas. La chercheuse se présente comme « queer, grosse, non binaire, blanche, juive, lesbienne fem, colonisatrice » et « antisioniste ».

Elle a recours à l’« auto-ethnographie », pratique répandue en Amérique du Nord qui consiste à écrire sur soi-même et à présenter le résultat comme de la recherche. C’est ainsi qu’on comprend que, derrière son charabia pseudoscientifique, Chloe aime les femmes, les chiens et le yoga et qu’elle n’aime pas l’armée américaine, Donald Trump et Israël.

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