Canada: Le miracle de Bay Street (le Wall Street de Toronto)!
Au Canada, les dernières élections ont pris les apparences d’un référendum sur Donald Trump. Analyse du vote... L’article Canada: Le miracle de Bay Street (le Wall Street de Toronto)! est apparu en premier sur Causeur.

C’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt.
Jean 11:25-26.
Toujours l’inattendu arrive.
André Maurois.
Il y a à peine quelques semaines, le parti libéral du Canada (PLC) était voué à la quasi extinction aux prochaines élections; avec le roi du surfboard, Justin Trudeau à sa tête, la messe était dite : l’électorat avait soif de changement et était prêt à donner sa chance au parti conservateur du Canada (PCC), en dépit du populisme quelque peu agressif de son chef, Pierre Poilièvre. Mais le messie, ou le père Noël, est arrivé.
C’est-à-dire Donald Trump.
Avec ses velléités annexionnistes, il donne des sueurs froides aux Canadiens. Le Canada a beau être une nation fictive, avec le chaos qui règne chez son voisin du sud, ses citoyens découvrent les bienfaits de la frontière, toute artificielle fût-elle. Les politicaillons cocardiers ont beau jeu d’évoquer un fictif patriotisme canadien, alors qu’il faudrait plutôt parler de désarroi du citoyen lambda face aux délires de Trump.
Justin a donc laissé la place, toute chaude, au thaumaturge Mark Carney, qui a réussi à projeter une image de renouveau. Beau tour de passe-passe pour l’éminence grisâtre qui avait tiré les ficelles depuis une décennie sur le plan économique et qui conserve intacte l’équipe justinesque… La prestidigitation est plus facile quand on a un public captif.
Pourtant, le PCC a atteint un taux d’appui impressionnant, qui aurait dû lui assurer la victoire. Mais le parti libéral, tel un phoenix (en moins majestueux) est reporté au pouvoir pour un quatrième mandat tout simplement en ayant siphonné des suffrages qui seraient normalement allés à des tiers partis en dénaturant l’élection en référendum sur Donald Trump. Telles sont les aberrations du scrutin uninominal à un tour. Un vote dicté par la panique, soi-disant « utile » a eu un effet hypnotique sur les électeurs. Le CV d’économiste de Mark Carney, dont le charisme d’employé de banque n’est plus à démontrer, qui promet, par des déclarations à géométrie variable en fonction des fuseaux horaires, des baisses d’impôts, la réduction du déficit tout en maintenant les dépenses publiques (N.B. il ne faut pas confondre « dépenses de fonctionnement » et « investissements »…) et le pétrole écolo (la quadrature du cercle…). Mais quels électeurs au juste?
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Les rednecks pentecôtistes de l’ouest canadien, base du parti conservateur du Canada sont restés les indéfectibles fidèles de leur Trump light (à l’exception de sa propre circonscription, située, il faut le dire, dans la région d’Ottawa). Grosso modo, tout s’est donc essentiellement joué en Ontario (rien de nouveau sous le soleil), avec le coup de pouce, et même de pince des pêcheurs de homard des provinces de l’Atlantique coincés depuis des lustres dans la cage libérale…
Mais quid du Québec?
Selon toute vraisemblance, le distingué économiste n’a quand même pas réussi à faire sauter la banque. Il n’a récolté qu’un chèque en gris : il dirigera un gouvernement minoritaire avec 168 députés (la majorité est à 172), ce qui pourrait placer le bloc québécois en position d’arbitre à la chambre des communes. Une consolation au regard de la perte de trop nombreux sièges. Si la soumission de l’Ontarien moyen et du pêcheur de crustacés au parti libéral allait de soi, il est plus troublant de constater qu’un nombre significatif de Québécois dont la langue maternelle est la langue officielle de traduction a cédé au chant des sirènes libérales et s’est blotti, en tremblant comme une feuille d’érable, dans les jupons du grand argentier, dont la mission demeure la défense du vrai Canada, c’est-à-dire de l’Ontario, avec, en vitrine, quelques béni-oui-oui québécois. Même diminué, le groupe parlementaire bloquiste, qui résiste encore et toujours à l’envahisseur, sera en mesure de remettre quelques pendules à l’heure québécoise… sauf si le financier parvient, par une OPA (qui n’aurait rien d’hostile…), à marauder quatre transfuges chez les sept survivants du nouveau parti démocratique (NPD) (pas plus soucieux des compétences constitutionnelles du Québec), qui vient de perdre son chef enturbanné, Jagmeet Singh..
De toute manière, les défenseurs de la laïcité devront se résigner au maintien en poste d’Amira Elghawaby, la farouche Néménis du Québec infidèle, au nom de la lutte contre l’islamophobie. Pour elle, ça baigne dans l’huile d’olive.
Le président Trump avait invité les Canadiens à voter pour lui. Et il déclare que le vainqueur de l’élection est « nice » (en v.o. , « sympa » en v.f.). A-t-il été écouté?
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