Viva la muerte !
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Euthanasie, IVG, ZFE… Y’a de la joie…
Il n’est pas nécessaire d’aller chercher bien loin les signes de la décadence vertigineuse de notre société. Il suffit de se reporter aux sujets sur lesquels elle entend réformer, légiférer en priorité. Et l’on a alors vite fait de constater que c’est à une société gangrénée par le morbide, fascinée par la mort que nous avons affaire.
Dans ce registre, elle a commencé par vouloir à tout prix inscrire dans la constitution le droit à l’avortement, pratique qui n’est autre que la mise à mort d’un être vivant, le fœtus. Mise à mort possible désormais à un stade de l’évolution de cet humain en devenir où, pour le supprimer, il faut en passer par l’acte symboliquement barbare entre tous, broyer le crâne, le cerveau.
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Et voilà qu’il s’agit à présent de faciliter le passage volontaire de vie à trépas, l’euthanasie, le suicide assisté. Faciliter en effet, parce que à lire le projet de loi, il semble bien que, si ce projet devait être voté en l’état, ce qu’à Dieu ne plaise, il deviendrait plus aisé de se faire expédier ad patres que de dénicher un médecin traitant en province. Un comble.
Fascination du morbide, en effet, que cette intention législative dont le résultat, si elle entrait en vigueur, ne ferait qu’ajouter un tourment à ceux qu’endurent déjà le malade. Le tourment de la culpabilisation de désirer vivre encore un peu. Le tourment de devoir se poser la question : stop ou encore ? Car le problème sera bien celui-là. S’entêter à demeurer en ce bas monde risquerait fort de devenir une sorte d’incongruité, une faute sociale, une lubie de mauvais citoyen, la norme progressiste en ce domaine étant de ne pas encombrer le plancher dès lors qu’on n’y serait plus convenablement alerte, dans un état conforme aux critères de vitalité prévus par les manuels.
Courage fuyons ! voilà la règle nouvelle. La société se découvrant incapable d’accompagner avec décence et dignité la vie jusque dans la faiblesse des derniers moments, capitule en rase campagne et se dote des moyens de précipiter l’issue. Aveu de terrifiante impuissance ! Mais qu’importe ! On n’est pas à un renoncement près. Et puis, mon bon monsieur, les retraites – ainsi d’ailleurs que les soins longue durée – coûtent si cher qu’abréger autant qu’on peut les vies improductives n’est pas loin de devenir un impératif économique.
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Et puis, il y a les petites morts, sociales celles-là. Les gueux exclus de ZFE, par exemple. Ce n’est pas la mise à mort, seulement l’envoi en purgatoire. L’interdiction de pénétrer dans le saint des saints, là où règne l’entre-soi de ceux qui ont de quoi. De quoi rouler propre. Les autres, ceux qui ne disposent d’autre moyen de déplacement que leur bagnole époumonée, qu’ils crèvent donc ! D’ailleurs, la ministre l’a dit. Les précaires n’ont pas d’auto. En fieffée technocrate qu’elle est, elle se trompe lourdement. Le précaire, notamment en campagne, n’a même que cela pour vivre encore, aller au pain, se rendre chez le lointain médecin, etc. Il n’a plus que sa bagnole trentenaire si ce n’est quadragénaire, en effet. Et qui, avec cette belle trouvaille, ne sera même plus autorisée à le conduire en cas de besoin jusqu’au grand hôpital urbain. Mais quelle importance ! Le progressisme veille, qui ne résistera guère sans doute à proposer une solution particulièrement intelligente. Faisant d’une pierre deux coups, l’auto moribonde et le quidam qui ne l’est pas moins, oui, les deux ensemble à la casse.
Bien triste vision de l’avenir, bien sinistre conception de la vie qu’illustrent de telles priorités politiques ! Ce seraient les ultimes soubresauts d’une société désespérée d’elle-même que l’on ne s’en étonnerait guère.
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