Basket européen : la NBA à l’offensive, une révolution en marche ?
Le 27 mars, Adam Silver, patron de la NBA, a levé le voile sur une ambition longtemps murmurée dans les couloirs du basket business : créer une compétition concurrente à l’Euroligue, directement sur le sol européen. Une annonce qui résonne comme une déclaration de guerre dans un paysage déjà complexe, et qui pourrait bien redéfinir les équilibres du basket mondial. Ce projet n’est pas anodin. Il s’inscrit dans une stratégie globale de la NBA : internationaliser sa marque, étendre son influence et maximiser ses revenus. Après l’Afrique avec la BAL, l’Europe est la prochaine cible. Selon plusieurs sources, la NBA évalue ce nouveau marché – incluant le Moyen-Orient – à près de 3 milliards d’euros par an. Le contraste est saisissant : en Amérique du Nord, la NBA a sécurisé des droits TV d’environ 73 milliards d’euros sur 11 ans (2025-2036). En Europe, l’Euroligue peine à signer avec de grands diffuseurs et voit ses clubs enchaîner les exercices déficitaires, malgré une affluence record cette saison (10 383 spectateurs de moyenne par match). Le modèle NBA vs le modèle Euroligue La ligue nord-américaine envisage une structure quasi fermée : 12 franchises permanentes, 4 places tournantes, et un ticket d’entrée à 500 millions de dollars, selon Sportico. L’objectif ? Offrir un produit clair, stable, calibré pour la télévision et les investisseurs. À l’inverse, l’Euroligue reste partiellement ouverte, avec 18 équipes dont 13 sont membres actionnaires permanents. Créée en 2000 par les grands clubs désireux de quitter le giron de la FIBA, elle se veut plus méritocratique… mais moins rentable. Des clubs de football dans le viseur Pour implanter sa ligue européenne, la NBA ne veut pas partir de zéro. Elle cherche à s’adosser à de grandes marques sportives déjà implantées, notamment dans le football. Plusieurs clubs auraient été sondés, dont Manchester City, Arsenal, le PSG, qui a même confirmé un « intérêt » pour le projet. Le Real Madrid, le FC Barcelone ou Fenerbahçe, tous clubs omnisports avec une section basket de haut niveau, font figure de relais naturels. La réaction de l’Euroligue : entre défense et ouverture L’ECA, la structure commerciale de l’Euroligue, a qualifié l’initiative de « menace », tout en indiquant rester ouverte au dialogue. L’agence IMG, partenaire de longue date, a vu son contrat renouvelé jusqu’en 2036, mais tous les clubs n’ont pas encore sécurisé leur licence de participation, échéance fixée à juin 2026. Certains dirigeants comme Tony Parker, patron de l’ASVEL et actionnaire de l’Euroligue, militent pour une fusion ou une forme de coopération. L’alternative à l’affrontement frontal n’est pas exclue. L’impact sur les joueurs et les fans Derrière cette guerre économique, ce sont aussi les joueurs et les fans qui sont concernés. Un joueur de haut niveau en Europe peut déjà disputer jusqu’à 90 matchs par saison, en cumulant Euroligue, championnat national et compétitions internationales. Une surcharge physique et mentale que plusieurs stars n’hésitent plus à dénoncer. Kevin Durant, l’un des visages de la NBA, s’est récemment emporté après les critiques visant le nouveau format du All-Star Game 2025 : « Je pense qu’il est plus amusant de se plaindre de la NBA que de la regarder. C’est fou, annulez le All-Star week-end et donnez à tout le monde une pause puisque nous sommes si malheureux à cette époque… Il n’y a rien d’assez bon pour les fans en ce moment. Il faut quoi ? Un tournoi à trois contre trois ? » Ces propos illustrent une fracture croissante entre les attentes du public, les initiatives des ligues et le quotidien des joueurs. Autre témoignage utile : celui de Luka Dončić, passé du Real Madrid à la NBA : « En Europe, chaque possession est une guerre. En NBA, le jeu est plus libre. Ce sont deux mondes. » Un tableau pour mieux comparer Critère NBA Euroligue Nombre d’équipes 30 18 Format Ligue fermée Semi-fermée (13 clubs permanents) Matchs par saison 82 + playoffs 34 + playoffs + championnat national Budget moyen par club ≈ 150 M€ Entre 10 et 45 M€ Droits TV annuels ≈ 6,9 milliards € (USA) Contrats IMG, faibles audiences hors plateformes Ticket d’entrée d’une franchise 500 M$ estimés Aucun droit d’entrée officiel Diffusion en France NBA League Pass, beIN, DAZN Skweek, chaînes locales L’ajout d’une cinquième compétition continentale, en plus de l’Euroligue, de l’Eurocoupe, de la Ligue des Champions FIBA et de la Coupe d’Europe, risque d’embrouiller davantage les fans. Qui joue quoi ? Quand ? Avec quelle importance ? C’est l’un des dangers d’un système fragmenté, où chaque instance tire la couverture à elle. Vers un tournant historique ? Trois scénarios se dessinent : La confrontation directe, avec le risque d’un éclatement du paysage européen. La fusion ou le partenariat, comme souhaité par certains acteurs influents. Un échec du projet NBA, si les clubs ou les diffuseurs n’adhèrent pas. Une chose est sûre : le basket européen est à la croisée des

Le 27 mars, Adam Silver, patron de la NBA, a levé le voile sur une ambition longtemps murmurée dans les couloirs du basket business : créer une compétition concurrente à l’Euroligue, directement sur le sol européen. Une annonce qui résonne comme une déclaration de guerre dans un paysage déjà complexe, et qui pourrait bien redéfinir les équilibres du basket mondial.
Ce projet n’est pas anodin. Il s’inscrit dans une stratégie globale de la NBA : internationaliser sa marque, étendre son influence et maximiser ses revenus. Après l’Afrique avec la BAL, l’Europe est la prochaine cible. Selon plusieurs sources, la NBA évalue ce nouveau marché – incluant le Moyen-Orient – à près de 3 milliards d’euros par an.
Le contraste est saisissant : en Amérique du Nord, la NBA a sécurisé des droits TV d’environ 73 milliards d’euros sur 11 ans (2025-2036). En Europe, l’Euroligue peine à signer avec de grands diffuseurs et voit ses clubs enchaîner les exercices déficitaires, malgré une affluence record cette saison (10 383 spectateurs de moyenne par match).
Le modèle NBA vs le modèle Euroligue
La ligue nord-américaine envisage une structure quasi fermée : 12 franchises permanentes, 4 places tournantes, et un ticket d’entrée à 500 millions de dollars, selon Sportico. L’objectif ? Offrir un produit clair, stable, calibré pour la télévision et les investisseurs.
À l’inverse, l’Euroligue reste partiellement ouverte, avec 18 équipes dont 13 sont membres actionnaires permanents. Créée en 2000 par les grands clubs désireux de quitter le giron de la FIBA, elle se veut plus méritocratique… mais moins rentable.
Des clubs de football dans le viseur
Pour implanter sa ligue européenne, la NBA ne veut pas partir de zéro. Elle cherche à s’adosser à de grandes marques sportives déjà implantées, notamment dans le football. Plusieurs clubs auraient été sondés, dont Manchester City, Arsenal, le PSG, qui a même confirmé un « intérêt » pour le projet. Le Real Madrid, le FC Barcelone ou Fenerbahçe, tous clubs omnisports avec une section basket de haut niveau, font figure de relais naturels.
La réaction de l’Euroligue : entre défense et ouverture
L’ECA, la structure commerciale de l’Euroligue, a qualifié l’initiative de « menace », tout en indiquant rester ouverte au dialogue. L’agence IMG, partenaire de longue date, a vu son contrat renouvelé jusqu’en 2036, mais tous les clubs n’ont pas encore sécurisé leur licence de participation, échéance fixée à juin 2026.
Certains dirigeants comme Tony Parker, patron de l’ASVEL et actionnaire de l’Euroligue, militent pour une fusion ou une forme de coopération. L’alternative à l’affrontement frontal n’est pas exclue.
L’impact sur les joueurs et les fans
Derrière cette guerre économique, ce sont aussi les joueurs et les fans qui sont concernés. Un joueur de haut niveau en Europe peut déjà disputer jusqu’à 90 matchs par saison, en cumulant Euroligue, championnat national et compétitions internationales. Une surcharge physique et mentale que plusieurs stars n’hésitent plus à dénoncer.
Kevin Durant, l’un des visages de la NBA, s’est récemment emporté après les critiques visant le nouveau format du All-Star Game 2025 :
« Je pense qu’il est plus amusant de se plaindre de la NBA que de la regarder. C’est fou, annulez le All-Star week-end et donnez à tout le monde une pause puisque nous sommes si malheureux à cette époque… Il n’y a rien d’assez bon pour les fans en ce moment. Il faut quoi ? Un tournoi à trois contre trois ? » Ces propos illustrent une fracture croissante entre les attentes du public, les initiatives des ligues et le quotidien des joueurs.
Autre témoignage utile : celui de Luka Dončić, passé du Real Madrid à la NBA :
« En Europe, chaque possession est une guerre. En NBA, le jeu est plus libre. Ce sont deux mondes. »
Un tableau pour mieux comparer
Critère | NBA | Euroligue |
Nombre d’équipes | 30 | 18 |
Format | Ligue fermée | Semi-fermée (13 clubs permanents) |
Matchs par saison | 82 + playoffs | 34 + playoffs + championnat national |
Budget moyen par club | ≈ 150 M€ | Entre 10 et 45 M€ |
Droits TV annuels | ≈ 6,9 milliards € (USA) | Contrats IMG, faibles audiences hors plateformes |
Ticket d’entrée d’une franchise | 500 M$ estimés | Aucun droit d’entrée officiel |
Diffusion en France | NBA League Pass, beIN, DAZN | Skweek, chaînes locales |
L’ajout d’une cinquième compétition continentale, en plus de l’Euroligue, de l’Eurocoupe, de la Ligue des Champions FIBA et de la Coupe d’Europe, risque d’embrouiller davantage les fans. Qui joue quoi ? Quand ? Avec quelle importance ? C’est l’un des dangers d’un système fragmenté, où chaque instance tire la couverture à elle.
Vers un tournant historique ?
Trois scénarios se dessinent :
- La confrontation directe, avec le risque d’un éclatement du paysage européen.
- La fusion ou le partenariat, comme souhaité par certains acteurs influents.
- Un échec du projet NBA, si les clubs ou les diffuseurs n’adhèrent pas.
Une chose est sûre : le basket européen est à la croisée des chemins. Le modèle américain fascine, mais il interroge. Et pour la première fois, ce n’est plus un choc des cultures, mais une véritable bataille d’influence, avec un seul terrain de jeu : l’Europe.