Une maison de ville pensée comme une retraite apaisante à Londres

Rachael Gowdridge qui êtes-vous et quel est votre parcours ?

J’évolue dans l’univers de l’architecture d’intérieur haut de gamme. J’ai notamment travaillé dix ans dans des studios tels que David Collins, Martin Brudnizki et Ennismore International, réalisant des projets dans le secteur de l’hôtellerie (hôtels, restaurants, spas) à travers le monde, avant de créer mon propre studio à la fin de 2021. J’ai passé plusieurs années à affiner une approche du design qui conjugue en harmonie savoir-faire, collaboration et authenticité. Mon travail consiste à créer des espaces qui semblent habités et juste, avec un certain penchant pour les matériaux, la texture et l’intemporalité.

Comment décririez-vous votre style ?

Mon style est raffiné et sans fioriture. Mon goût se porte sur l’artisanat et le respect de l’histoire d’un bâtiment. J’aime les matériaux tactiles, les textures naturelles et une palette chromatique sophistiquée. Je cherche toujours un équilibre entre l’ancien et le contemporain – des éléments actuels adoucis par la patine, des trouvailles vintage associées à du sur mesure. L’objectif est de créer des espaces qui semblent à la fois intentionnels et justes où chaque détail a été soigneusement pensé mais où rien ne semble trop réfléchi.

Pour qui avez-vous réalisé cet intérieur ?

Le projet est pensé pour une cliente qui voulait transformer son intérieur. L’espace était principalement conçu comme un bureau, et l’objectif était de réintroduire un équilibre dans sa vie à la maison – créer un lieu pour déconnecter, se sentir à l’aise et recevoir confortablement. Le projet visait à créer une atmosphère raffinée mais détendue, avec des matériaux soigneusement sélectionnés et un aménagement qui encourageait à la fois une certaine introspection et des moments de convivialité.

Avez-vous redistribué l’espace ? Pouvez-vous décrire la maison lorsque vous l’avez découverte ?

Lors de ma première visite, la cliente n’utilisait que certaines parties de la maison. Un élément clé était de s’assurer que l’ensemble de l’espace devienne à la fois pratique et chaleureux. Nous n’avons pas modifié le plan, mais nous avons repensé l’utilisation des pièces pour que l’espace soit plus fonctionnel. Par exemple, la pièce du premier étage – traditionnellement une chambre avec de grandes proportions et des fenêtres hautes – est devenue un salon, maximisant ainsi sa lumière et son superficie.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors de ce projet ?

Comme pour toute propriété ancienne, il y a eu des défis – des proportions maladroites qui ne correspondent pas toujours à la vie moderne, et pas un seul mur ou sol droit en vue ! Plutôt que de lutter contre ces imperfections, nous avons choisi de les embrasser, permettant ainsi au caractère de la maison de s’exprimer. Ces particularités racontent une histoire, celle du bâtiment, et accepter cette facette a permis de créer un espace qui semble authentique et habité, plutôt que trop lisse.

Comment procédez-vous lorsque vous commencez à travailler sur un projet ? Quel a été votre point de départ et quels étaient vos envies pour cet intérieur ?

Je commence toujours par une réponse instinctive à l’espace – comment je se ressens, comment la lumière y circule, ce qu’il faut pour qu’il fonctionne au mieux. Pour cette maison, je voulais créer une esthétique discrète et apaisante – quelque chose de chaleureux et de tactile, avec un flux naturel entre les pièces. La palette de couleurs et les choix de matériaux visaient à évoquer une certaine sérénité, en évitant tout ce qui est trop dicté par les tendances.

Pouvez-vous nous revenir sur votre choix de matériaux ? Comment les avez-vous choisis et pourquoi ?

La matérialité est toujours une partie fondamentale dans mon processus créatif. Ici, nous avons privilégié les textures naturelles – des murs crémeux pour apporter de la douceur et de la profondeur, des pierres polies, des essences de bois chaleureuses et des métaux vieillis. Nous avons choisi ces matériaux parce qu’ils se patinent magnifiquement avec le temps – ils gagnent en caractère et racontent une histoire au fil des années.

Et la palette de couleurs ?

La palette chromatique est délibérément sobre et composée de tons neutres terreux, de verts profonds et d’ocres doux. Plutôt que de faire des choix tranchants, j’ai privilégié les dégradés et des superpositions, permettant aux teintes d’évoluer avec la lumière tout au long de la journée. Nous avons introduit la couleur de manière plus subtile à travers une curation d’art, ce qui ajoute de la profondeur et du contraste sans envahir l’espace.

Concernant le mobilier, pouvez-vous nous parler des pièces les plus importantes de la maison ? Avez-vous fait fabriquer certaines pièces sur mesure ?

Il y a quelques pièces qui définissent l’espace. La menuiserie sur mesure était essentielle pour trouver un équilibre entre fonctionnalité et esthétique – en veillant à ce que les rangements soient intégrés plutôt qu’intrusifs. Certains meubles ont été créés sur mesure pour s’adapter parfaitement aux proportions des pièces, tandis que des pièces vintage ont été soigneusement sourcées pour ajouter de la profondeur et du contraste.
Parmi le mobilier, on peut noter une table à manger en travertin italien des années 1970, chinée en Europe et associée à des chaises sur mesure. Dans la même pièce, nous avons intégré une paire de fauteuils George Smith traditionnellement capitonnés et un buffet vintage en liège des années 1980 – sur le papier, ces pièces ne devraient pas fonctionner ensemble, mais le mélange de styles donne à l’espace une sensation harmonieuse plutôt que quelque chose de trop scénarisé.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Nous travaillons actuellement sur une maison dans le Nottinghamshire, un projet d’hôtel à Berlin et un projet de restaurant à Londres, entre autres.