RN touché mais pas coulé !

À la différence des autres partis, le RN a deux favoris qui caracolent en tête des intentions de votes. Un sondage réalisé la semaine dernière par l'institut Elabe donne Marine Le Pen en tête du premier tour des élections présidentielles avec 32% à 36% des voix. Cependant, si la présidente du groupe RN à l'assemblée Nationale ne pouvait pas se présenter, Jordan Bardella obtiendrait selon ce même sondage un score très proche, entre 31% et 35,5% des voix... L’article RN touché mais pas coulé ! est apparu en premier sur Causeur.

Avr 7, 2025 - 18:22
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RN touché mais pas coulé !

À la différence des autres partis, le RN a deux favoris qui caracolent en tête des intentions de votes. Un sondage réalisé la semaine dernière par l’institut Elabe donne Marine Le Pen en tête du premier tour des élections présidentielles avec 32% à 36% des voix. Cependant, si la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale ne pouvait pas se présenter, Jordan Bardella obtiendrait selon ce même sondage un score très proche, entre 31% et 35,5% des voix.


On sait qu’au premier tour de l’élection présidentielle de 2027, nous aurons, pour le Rassemblement national, Marine Le Pen ou Jordan Bardella. Tout dépend des aléas judiciaires dont la conclusion devrait être, pour l’appel, à l’été 2026.

Marine Le Pen plus apte qu’un Bardella trop « scolaire »

Pour peu que le RN ne change pas sa stratégie de défense – en s’entêtant dans sa thèse administrative minimaliste totalement contredite par le jugement du 31 mars – et n’offre pas à la juridiction d’appel une porte de sortie fondée sur une bonne foi contrite, les conséquences judiciaires seront probablement lourdes. Avec l’interrogation sur un éventuel pourvoi en cassation qui restaurerait l’état du 31 mars.

Ce qui est étonnant, et n’a pas été assez commenté, c’est la parfaite équivalence entre les pour et les contre, pour le futur présidentiel de Marine Le Pen et Jordan Bardella. L’émission « L’Événement, l’interview » (France 2), avec Jordan Bardella pour invité, l’a révélée et La Tribune Dimanche et BFMTV, quasiment confirmée le 6 avril.

Le RN peut s’en réjouir puisque cela démontre une interchangeabilité entre leurs deux leaders mais il me semble que Marine Le Pen pourrait et devrait en être troublée puisque, malgré les différences positives en sa faveur, elle est placée exactement au même niveau que le président du RN.

À lire aussi : Pourquoi le Rassemblement national peut rafler la mise avec ou sans Marine Le Pen

Il est en effet clair que si Marine Le Pen a échoué deux fois à l’élection présidentielle – malgré des progrès techniques indiscutables, elle a manifesté cette faiblesse d’être bonne tout le temps sauf lors du jour J -, elle serait en 2027 bien plus apte que Jordan Bardella à faire gagner son camp. Pourtant, ce dernier apparaît comme une indéniable solution de rechange alors que tout démontre, quand on l’écoute, qu’il répond à des questions et qu’il argumente, qu’on a affaire à un homme dont le comportement médiatique mécanique et scolaire le rendrait mal adapté à l’imprévisibilité des joutes présidentielles. Non pas qu’il soit médiocre, mais ses adversaires auront vite fait de déceler le point faible de sa cuirasse, qui est de ne pas supporter d’être sorti de son champ programmé.

C’était évident sur France 2 où il a déroulé de manière répétitive un propos appris qui perdait toute force à proportion de son ressassement.

Je ne méconnais pas le fait que, ne s’appelant pas Le Pen, il bénéficie ainsi d’un crédit de principe, mais ce n’est pas l’explication principale de ce constat qu’au-delà de leurs personnalités, le RN est tellement fort qu’il emporte beaucoup sur son passage parce qu’on désire l’essayer, qu’une majorité n’en peut plus de ces personnalités classiques qui croient pouvoir regagner par la morale ce dont leur absence de contradiction politique intelligente et républicaine les a privés.

Ce ne sont pas les réactions d’hostilité partisane à l’encontre du RN à la suite du jugement du 31 mars et de la manifestation organisée le 6 avril qui vont diminuer des adhésions multipliées précisément par cette stigmatisation tellement rentable pour ce parti !

C’est lui qui est consacré dans les enquêtes d’opinion, peu importe qui le représentera, avec un programme dont le fond paraît n’avoir pas la moindre importance au regard de cette finalité obsessionnelle pour une multitude de citoyens : ce n’est pas parce qu’on n’aura plus Emmanuel Macron après 2027 qu’on est prêt à retomber dans les ornières d’une France conventionnelle promettant infiniment et tenant si peu !

Des oppositions esseulées et divisées

Le paradoxe est que le duo du RN, d’une certaine manière, est beaucoup plus républicain que ces ambitions tournant autour d’un seul leader, d’un seul chef, qui ne feront jamais l’objet de la moindre critique puisqu’ils sont consacrés par avance. Quoi qu’ils aient pu accomplir ou au contraire ne rien faire.

Édouard Philippe n’arrive pas à se débarrasser de son juppéisme. Par moments, il fait tellement dans la nuance qu’il n’est plus compris. Christophe Béchu nous annonce qu’avec lui nous aurons « des réformes massives ». C’est la spécialité des politiques de nous tenter avec elles avant mais de les oublier ou de les trahir après. Parce que l’action a cette désagréable habitude de les rendre impossibles ou de les rapetisser.

François Hollande mène un combat utile et salutaire pour la démocratie au sein du parti socialiste, mais je ne suis pas sûr que les électeurs verront revenir avec plaisir un président « inachevé » qui n’en finit pas de se rappeler au mauvais souvenir de beaucoup.

Jean-Luc Mélenchon continue à détruire son talent par un cynisme clientéliste qui lui fait croire à cette illusion que l’alliance d’une jeunesse excitée et de banlieues islamisées sera son nirvana pour 2027. Alors qu’il est le seul candidat qui permettra à coup sûr la victoire du RN.

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Si on a le droit de rire, Marine Tondelier venant apporter un soutien écologiste à LFI pour la défense de l’État de droit – quand heureusement le parti socialiste et les communistes se sont abstenus – n’a pas beaucoup de mémoire : qu’on demande à Julien Bayou ce qu’il en pense !

Chez les Républicains, si Bruno Retailleau devient président du parti au mois de mai, tout sera ouvert pour lui ; rien ne sera acquis mais il n’est pas absurde d’espérer qu’enfin le RN sera confronté à un adversaire respectueux de la démocratie mais sans complaisance ni concession. À une droite incarnée par un responsable n’attendant plus de la gauche des injonctions, des leçons, des menaces et les poncifs d’un progressisme constant dans l’échec.

Des solitudes face à 2027 quand au RN ils sont deux…

Tant d’autres s’impatientent, piaffent, s’inventent déjà un destin présidentiel. Ce qui constitue par défaut la domination actuelle du RN dans les enquêtes d’opinion est l’absence d’adversaires suffisamment lucides, équilibrés, exemplaires et plausibles pour pouvoir réduire son impact sur une masse de citoyens prêts à se mobiliser pour de l’inédit.

Il ne faut jamais sous-estimer cette lassitude populaire face à des gens qu’on connaît trop, qu’on a trop vus…


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