Pour la première fois, cette somptueuse bibliothèque ornée par Delacroix s’ouvre au public

C’est un véritable joyau du patrimoine français qui s’ouvre enfin au public. Après un an de restauration, la bibliothèque de l’Assemblée nationale , longtemps réservée à une poignée de privilégiés, est rendue accessible à tous pour une durée temporaire. Située au cœur du Palais Bourbon à Paris, cette sublime bibliothèque parlementaire abrite pas moins de […]

Avr 16, 2025 - 09:02
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Pour la première fois, cette somptueuse bibliothèque ornée par Delacroix s’ouvre au public

C’est un véritable joyau du patrimoine français qui s’ouvre enfin au public. Après un an de restauration, la bibliothèque de l’Assemblée nationale , longtemps réservée à une poignée de privilégiés, est rendue accessible à tous pour une durée temporaire. Située au cœur du Palais Bourbon à Paris, cette sublime bibliothèque parlementaire abrite pas moins de 700 000 ouvrages, dont plusieurs manuscrits rares… le tout sous un plafond aux peintures signées Eugène Delacroix. Une occasion rare de découvrir un lieu habituellement inaccessible et plein de trésors, du 14 au 26 avril. 

Un bijoux caché du patrimoine français

Plafond de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale - © Assemblée nationale
Plafond de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale – © Assemblée nationale

Sous cinq coupoles monumentales peintes par le célèbre Delacroix, reposent sans qu’on le sache quelques-uns des plus grands textes de l’histoire de France, et de rares manuscrits. Le manuscrit du procès en condamnation de Jeanne d’Arc rédigé vers 1435, La Marseillaise écrite de la main de Rouget de Lisle en 1792, ou le manuscrit des Confessions de Jean-Jacques Rousseau… tous sont réunis au même endroit, dans cette bibliothèque majestueuse. Fondée par la loi du du 14 Ventôse an IV (4 mars 1796), ce site trouve son origine dans une volonté énoncée dès 1792 par l’Assemblée législative : celle de disposer d’ouvrages de références pour les travaux parlementaires. En 1794, le Comité du Salut public décide de constituer “une collection des meilleurs ouvrages sur les objets relatifs aux travaux des différents comités de la Convention nationale”. Deux ans plus tard donc, cette ambition prend forme avec la création de la bibliothèque, dont la direction est confiée à Armand-Gaston Camus. Dès 1797, on y compte près de 16 000 volumes -pour beaucoup confisqués aux religieux et aristocrates après la Révolution-, un chiffre qui va rapidement croître. En 1804 Pierre-Paul Druon succède à Camus, et c’est sous sa direction que la bibliothèque s’enrichit considérablement -notammment d’ouvrages insolites. Plus qu’un organe de documentation pour le législateur, elle devient un véritable cabinet des curiosités, et abrite des œuvres choisies pour leur rareté et leur beauté. Parmi elles, le Codex Borbonicus, un manuscrit aztéques de plus de 14 mètres de long, acquis par Pierre-Paul Druon lors d’une vente aux enchères en 1826.

Codex borbonicus, calendrier religieux et divinatoire mexicain - © Assemblée nationale
Codex borbonicus, calendrier religieux et divinatoire mexicain – © Assemblée nationale

Installée dans différents espaces pendant plusieurs décennies, la bibliothèque trouve enfin un cadre fixe en 1834, lorsque l’État acquiert la propriété du duc de Bourbon. La construction est confiée à l’architecte Jules de Joly, et quatre ans plus tard, c’est à Eugène Delacroix que revient la mission de peindre le plafond…

La chapelle Sixtine de Delacroix

Détail du plafond de la Bibliothèque : Coupole de la théologie - Adam et Ève | © Assemblée nationale
Détail du plafond de la Bibliothèque : Coupole de la théologie – Adam et Ève | © Assemblée nationale

Pendant neuf ans, le célèbre peintre romantique Eugène Delacroix s’attèle au projet monumental d’orner la majestueuse nef de la bibliothèque, longue de 42 mètres et large de 10 mètres. Perché à 15 mètres de hauteur, et constamment interrompu par les cessions parlementaires, il peint sur cinq travées coiffées par des coupoles, chacune ornée de 4 pendentifs. Un travail ambitieux qu’il mène avec l’aide précieuse de trois collaborateurs : Gustave Lassalle-Bordes, Louis de Planet et Pierre Andrieu. Le résultat : une série de fresques spectaculaires, acclamées pour leurs couleurs chaudes et leur richesse symbolique, que vous pouvez exceptionnellement découvrir en ce moment. Leur signification ? Delacroix l’explique lui-même dans une notice publiée le 31 janvier 1848 : 

«  Les sujets de ces peintures ont rapport à la philosophie, à l’histoire et à l’histoire naturelle, à la législation, à l’éloquence, à la littérature, à la poésie, et même à la théologie. Ils rappellent les divisions adoptées dans toutes les bibliothèques, sans toutefois en suivre la classification exacte. »

Attila suivi de ses hordes barbares foule aux pieds l'Italie et les Arts | Copyright : Assemblée nationale
Attila suivi de ses hordes barbares foule aux pieds l’Italie et les Arts | Copyright : Assemblée nationale

Et si vous êtes bien attentifs, vous remarquerez aux deux extrémités de la bibliothèque, deux peintures qui sortent du lot. D’un côté, Attila ravageant l’Italie au milieu de flammes et de sang, et de l’autre, Orphée apportant aux grecs les bienfaits des arts et de la civilisation. Pour Eugène Delacroix, il s’agissait de représenter sa vision de l’Histoire et de l’humanité, oscillant entre barbarie et civilisation.

Après un an de restauration, un bibliothèque sublimée à découvrir

Jusqu’à l’an dernier, jamais la bibliothèque n’avait fait l’objet d’une restauration d’ensemble. Seules quelques peintures de Delacroix avaient été traitées en 1931. C’était donc l’occasion pour la bibliothèque bicentenaire de faire peau neuve : les bibliothèques en chêne clair de Hollande ont été poncées, les 54 000 livres anciens dépoussiérés, le parquet a été refait -fidèle à l’original-, et un nouveau mobilier adapté aux méthodes de travail actuelles a été installé. Pour célébrer la restauration, la collection riche de 700 000 volumes de toutes les époques, avec ses 2000 affiches révolutionnaires, ses thèses universitaires, et ses anciens périodiques s’offre au regard du public. 

Restauration des peintures - © Assemblée nationale
Restauration des peintures – © Assemblée nationale

Depuis la loi de 1796, seuls les députés, le personnel de l’Assemblée nationale, les membres du Parlement européen et leurs collaborateurs pouvaient accéder à cette bibliothèque d’exception. Quelques chercheurs triés sur le volet et admis sur demande écrite, ont aussi le privilège d’arpenter ses rayons. Aujourd’hui, pour la première fois, c’est à vous de découvrir ce trésor du patrimoine, longtemps resté confidentiel. 

Informations pratiques :
233 boulevard Saint-Germain, 75007, Paris
Réservation gratuite ici

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Plafond de la bibliothèque de l’Assemblée nationale, © Assemblée nationale