Le syndrome du goéland

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Mai 12, 2025 - 13:09
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Le syndrome du goéland

La densité de Léon XIV fait ressortir la vacuité d’Emmanuel Macron


La mascarade, jusqu’à la farce : c’est en saluant une foule inexistante qu’Emmanuel Macron a descendu solennellement les Champs-Elysées, le 8 mai à 17h20, en hommage au 80e anniversaire de la victoire contre les nazis. Les images le montrent souriant, envoyant parfois des baisers vers des trottoirs vides. Jamais le théâtre macronien n’aura été aussi inventif dans le trompe-l’œil. À la même heure, au Vatican, des dizaines de milliers de personnes se pressaient, place Saint Pierre, pour y acclamer Robert Francis Prevost, 69 ans, élu prestement pape à 18h08 sous le nom de Léon XIV, 24 heures après l’ouverture du conclave. Reste le symbole : d’un côté, le néant politique qui fait fuir les gens ; de l’autre, l’engouement collectif pour une quête immatérielle. En sept ans de mandat, le président de la République ne sait plus quoi dire aux Français, hormis les insulter quand ils le critiquent. Ainsi a-t-il méchamment réduit à « la vie des bêtes » les indignations suscitées par son invitation jeudi de l’ex-terroriste islamiste qui s’est installé à la tête de la Syrie. Aucune idée neuve ne sort de l’Élysée ni de sa cour « éclairée ». Le chef de l’État n’excelle que dans une communication narcissique. Elle le pousse à se mettre partout au centre des images, dans ce que j’appellerai le « syndrome du goéland », en référence à l’oiseau de la Chapelle Sixtine qui, perché à côté de la cheminée, a monopolisé les regards de dizaines de millions de téléspectateurs scrutant la fumée blanche. Pour leur part, 2000 ans de transmission chrétienne n’ont toujours pas épuisé la ferveur populaire, avide de sens et de bon sens, de foi et de raison.

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La densité des paroles simples de Léon XIV (« Le mal ne prévaudra pas ! ») fait ressortir la vacuité du discours politique, sa jactance, ses effets de manche. Macron n’est pas en reste : après s’être mis en scène ce week-end, à Kiev, en lançant avec trois alliés européens des ultimatums à Vladimir Poutine, il sera mardi soir à la télévision. Il y annoncera, dit-on, des référendums qui éviteront le sujet attendu de l’immigration. Pour sa part, l’héritier de François, présumé plus progressiste que conservateur en raison de sa proximité avec le pape défunt, révèle une subtile synthèse entre ces deux possibles schismes. Ses premiers signes, y compris vestimentaires, ont fait comprendre que Léon XIV mettra ses pas dans une continuité de l’héritage spirituel et du droit canon. Tandis que la politique n’est plus qu’un trou de mémoire, le pape se réclame de la filiation de Saint Augustin, berbère des années 300, et de Léon 1er (430-461) qui dissuada Attila, roi des Huns, en 452, de saccager Rome…

Alors que les députés vont commencer à débattre, ce lundi, de l’euthanasie et du suicide assisté, il faut attendre du pape qu’il rappelle les impératifs de protection de la vie et des faibles, ces valeurs oubliées par ceux qui flattent l’air du temps gagné par l’individualisme, la performance, le rejet des vieux, l’élimination des improductifs, etc. Puisse Léon XIV inciter le monde politique, contaminé par la paresse intellectuelle, à redevenir inspiré.

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