La banalité du « mais »
Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. « J’aime qu’on me contredise ! » pourrait être sa devise... L’article La banalité du « mais » est apparu en premier sur Causeur.

Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. « J’aime qu’on me contredise ! » pourrait être sa devise
En quittant le studio d’Europe 1, le 23 mars, après avoir réagi à l’agression du rabbin d’Orléans, Arié Engelberg, acte odieux commis sous les yeux de son jeune fils, j’ai de nouveau fait le constat d’une triste réalité. Face au « fléau », au « poison », à l’« horreur » de l’antisémitisme et à son « effroyable » progression depuis le 7 octobre 2023, les mots commencent à manquer. Peu à peu, à force d’être répétés, ils se vident de leur sens, ils s’assèchent. Tout cela prend l’odeur rance de la banalisation. D’abord, les réactions des représentants de la communauté juive. Trop seuls. Puis celles des premiers responsables politiques. Qui est au rendez-vous ? Et pour dire quoi ? Qui ne se montre pas ?
Je suis peu à peu devenu un dénicheur compulsif des « Oui, mais… ». Je les traque. Le 8 mars, pour la Journée internationale des droits des femmes, les militantes du collectif Nous vivons, étendard mémoriel des femmes victimes du Hamas le 7-Octobre, parce que juives, n’ont pu intégrer le cortège parisien de la manifestation. « Oui, mais… » Certains se demandent alors quelle est la « couleur politique » de ce collectif. Et pour Boualem Sansal ? « Certes, il ne devrait pas être emprisonné, mais… » et sont alors cités ses propos sur le régime algérien et sur le conflit de territorialité qui l’oppose au Maroc dans le Sahara occidental. Idem pour les affiches antisémites visant Cyril Hanouna, « elles sont inacceptables, mais… » ; puis la direction des Insoumis assure ignorer les codes historiques de l’antisémitisme. Lors d’un meeting à Brest, Jean-Luc Mélenchon assure ad nauseam que « pas de bol, nous, on n’a pas ces affiches, on n’est pas au courant, on sait pas, d’accord ». C’est le haut du spectre, mais il y a tout un camaïeu de réactions, de « Oui, mais » ou de silence au sein de la gauche non insoumise qui participe à ce climat de plus en plus pestilentiel et dangereux.
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Alors comment retrouver le goût de l’avenir ? À gauche, après ces affiches intolérables, dans un accablant continuum depuis le 7-Octobre, il ne pourra y avoir de « Oui, mais… » lors des prochaines élections législatives pour prétexter une alliance avec des représentants LFI. C’est une question d’éthique politique, de respect des valeurs qui sont au cœur de notre engagement humaniste et progressiste. Il faudrait aussi davantage de créativité de la part du monde de la culture pour donner un imaginaire, une perspective, à ceux qui, comme moi, ne veulent pas d’un trumpisme à la française. Nous sommes depuis trop longtemps en cale sèche alors que la bataille idéologique ne cesse d’être menée par le camp d’en face qui a aussi ses « Oui, mais… ».
« Oui, on a le droit d’avorter, mais… » ; « Oui, la Russie a envahi l’Ukraine, mais… » ; « Oui, le réchauffement climatique est une réalité, mais… » ; « Oui, c’est la devise républicaine “Liberté, Égalité, Fraternité”, mais… » ; « Oui pour l’État de droit, mais… » ; « Oui, il faudrait davantage rémunérer le travail et mieux répartir la richesse produite, mais… » ; etc.
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