Contrat rétabli, doutes maintenus
Lille: le lycée musulman Averroès de nouveau sous contrat d’association avec l’État... L’article Contrat rétabli, doutes maintenus est apparu en premier sur Causeur.

Lille: le lycée musulman Averroès de nouveau sous contrat d’association avec l’État
On s’en serait douté, la France insoumise exulte. Elle voit, à juste titre d’ailleurs, dans la décision du tribunal administratif une victoire de la communauté éducative de cet établissement phare. Une victoire sur la prétendue islamophobie d’État.
En 2023, la préfecture du Nord avait décidé de rompre ce contrat d’association. L’établissement perdait donc de ce fait tout droit aux financements publics, dont, entre autres, le paiement des traitements de son personnel enseignant et la prise en charge d’une grande partie, évaluée à 75%, de ses frais de fonctionnement.
Les arguments de la préfecture : « Manquements aux valeurs de la République », « financement illicite » assortis du refus d’une inspection inopinée qui aurait été effectuée en même temps qu’un passage de la commission de sécurité.
Un camouflet pour le gouvernement
La juridiction administrative estime que l’administration préfectorale n’a pas « suffisamment démontré les faits reprochés au lycée, notamment le manquement au pluralisme culturel de la documentation accessible aux lycéens, ainsi que le caractère contraire aux valeurs de la République du cours d’éthique musulmane. » Même insuffisance de preuves, selon le tribunal, pour le financement illicite. Quant au refus de l’inspection inopinée, il n’y aurait rien là d’assez grave pour justifier la sanction.
A lire aussi: Bruxelles, ville «antifasciste» de plus en plus antisémite
De surcroît, le tribunal argue d’irrégularités dans la procédure ayant abouti à la rupture du contrat. En cause, notamment, la communication jugée tardive de certaines pièces, ne laissant pas le temps aux avocats de l’établissement de préparer leur défense, ainsi que le recours à « une note blanche non signée » présentée comme le complément d’un rapport d’inspection daté du 22 janvier 2022. Cette note mentionne en particulier la mise à disposition par le Centre de Documentation de l’établissement d’ouvrages de Hassan Iquioussen, l’imam expulsé de France pour incitation à l’antisémitisme et au racisme. Là encore, le tribunal considérera qu’aucun « élément probant de la présence de ces ouvrages au CDI », n’a été apporté.
Effet rétroactif
Donc, le lycée musulman Averroes voit son contrat d’association avec l’Etat réactivé. De nouveau, ses enseignants – agents publics – seront payés et son fonctionnement en grande partie assuré sur les fonds eux aussi publics. En d’autres termes, par le contribuable. Cela dit, la décision est assortie d’un effet rétroactif ce qui implique que l’État devra verser à l’institution l’intégralité des sommes que celle-ci aurait dû percevoir pendant la rupture.
Certes, le ministère de l’Education nationale se réserve le droit d’interjeter appel, mais cet appel n’étant pas suspensif, ce qui a été édicté par l’instance administrative devient exécutoire.
Il est à noter qu’une comparable procédure en rupture de contrat est en cours concernant, dans la région de Lyon, le lycée musulman Al Kindi, procédure qui, bien entendu, fait l’objet des mêmes recours administratifs que ceux déployés, avec succès donc, à Lille.
En réalité, ces péripéties judiciaires ne sont que l’illustration – inquiétante – d’un échec. L’échec de l’intégration des vecteurs d’enseignement musulman au sein de la République.
Le fait que seulement deux lycées se retrouvent confrontés à ces différends de fond nous apporte la preuve éclatante que, à proportion du nombre de musulmans présents sur le territoire national, les structures éducatives liées à cette religion ne se bousculent guère pour rechercher, via le contrat d’association, la conformité aux lois, valeurs et préceptes républicains. Ce formidable écart devrait être, en effet, un sujet de préoccupation majeur pour l’État…
A lire aussi: Pourquoi le pape François a déçu
Le fait également, que ce n’est que par le biais d’une argumentation toute défensive qu’est prise la décision de rétablir le contrat. En effet, le tribunal administratif n’affirme en aucune manière que les manquements reprochés à l’établissement n’existent pas. Il s’en tient à arguer du fait que les éléments probants seraient insuffisants, ce qui est tout différent. Et c’est bien pour cela que les islamolâtres de LFI crient victoire. « Ce n’est qu’une première », s’est félicité l’un des avocats du lycée, leur emboîtant le pas. Les autorités savent donc à quoi s’en tenir. Le choix est simple – simple mais terrible – céder ou faire front. Un premier élément de réponse est à venir avec la décision du ministère de l’Education nationale de faire appel ou non. Qu’il soit entre les mains de Mme Borne n’est pas là pour nous rassurer, cela glissé en passant. A voir, donc.
À voir aussi la place qu’occupe dans l’enseignement dispensé dans ce lycée la pensée d’Averroès, puisqu’ils en ont fait leur étendard. Puissamment inspiré d’Aristote, ce Cordouan, théologien et philosophe de première grandeur, considérait que la philosophie devait être de pratique obligatoire pour toute personne se voulant instruite ou exerçant une autorité. Dans cet esprit, il recommandait le recours aux sciences profanes, la logique, la physique, par exemple en complément de la pratique médicale. Surtout, position d’une modernité saisissante, il établissait formellement une distinction – une séparation – entre droit et théologie ! Bref, l’exact opposé de ce que promeuvent aujourd’hui les Iquioussen de tous poils et l’engeance des Frères musulmans.
Inutile de préciser que lorsque les intégristes Almoravides supplantèrent les Almohades, Averrroes fut promptement déclaré « Traître à la religion ». Et, on s’en doute, traité comme tel. Que l’établissement lillois s’en inspire serait déjà, en soi, une petite victoire de la raison sur l’obscurantisme. Et nous comprendrions mieux dès lors l’opportunité d’un contrat d’association.
L’article Contrat rétabli, doutes maintenus est apparu en premier sur Causeur.