Bruxelles au bord de la crise de nerf
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« Good Move »… mais pour aller où ?
« Un trou à rat. » La formule émane de Donald Trump. Déjà. Lors d’une interview accordée à Fox Business Network, le 26 janvier 2016, alors qu’il était candidat à l’élection présidentielle américaine qu’il remportera le 8 novembre. Prenant Bruxelles en « exemple » face à l’indispensable lutte contre le terrorisme et songeant à bannir certains ressortissants musulmans de son pays, M. Trump avait déclaré à la journaliste Maria Bartiromo : « Il se passe quelque chose, Maria. Allez à Bruxelles. J’y suis allé il y a longtemps, il y a 20 ans, c’était si beau, tout était si beau. Maintenant, c’est comme un trou à rat. » Le futur président américain n’ignorait sans doute pas qu’après les attentats de Paris en novembre 2015, Molenbeek avait été désigné comme le foyer djihadiste à l’origine de ces attentats.
Yvan Mayeur, maire socialiste de Bruxelles l’avait traité d’imbécile. Pourtant, derrière l’outrance du propos trumpiste réside toujours une part de vérité : le 22 mars 2016, Bruxelles était endeuillée par deux attentats sans précédent à l’aéroport de Zaventem et à la station de métro Maelbeek. Ces attaques ont été perpétrées par la même cellule terroriste d’obédience « État islamique » que celle ayant frappé Paris le 13 novembre 2015, notamment via des individus liés au quartier de Molenbeek, considéré comme un foyer du radicalisme islamiste. Elles firent 35 morts et 340 blessés.
Trafic de drogues au lieu de terrorisme
Aujourd’hui, bien que l’islamisme et les Frères musulmans fassent un travail d’entrisme plus discret dans la capitale, le problème semble avoir changé de nature et de commune : on assiste depuis quelques semaines à des fusillades incessantes autour du trafic de drogue, cette fois à Anderlecht (une autre des 19 communes de Bruxelles, à comparer avec les arrondissements de Paris bien qu’il s’agisse de véritables villes avec beaucoup plus de compétences). Cette situation quasi-insurrectionnelle met aux prises des criminels aguerris munis de kalachnikov qui se rient des autorités judiciaires en s’enfuyant dans des tunnels reliés au métro à la manière des tueurs du Hamas. Un des auteurs a bien été appréhendé mais le procureur du Roi s’est plaint récemment du manque de moyens des autorités pour faire face. Une situation qui est la conséquence d’un laisser-aller généralisé qui nuit terriblement à la réputation de Bruxelles, non seulement pour le tourisme mais en tant que capitale principale de l’Union européenne et quartier-général de l’OTAN, sans même mentionner capitale de la Belgique, de la Flandre et de la « Fédération Wallonie-Bruxelles ».
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Certes, pour sauver un peu l’Office du Tourisme, il faut reconnaître que de nombreux quartiers ont été rénovés tandis que d’autres, tels ceux abritant les « réfugiés fiscaux » français ressemblent plutôt au 16e arrondissement de Paris. Mais certains autres quartiers laissent à penser que Bruxelles est une véritable poubelle. Le 25 février 2025, le patron des patrons bruxellois, Thierry Geerts (BECI) a déclaré à La Libre : « Une femme ou un homme d’affaires qui arrive à la gare de Bruxelles-Midi risque de vite faire demi-tour. »
Dette de 22 milliards en 2029 ?
La Région est en outre, fortement endettée. La Cour des Comptes a refusé deux années de suite de valider les comptes de la Région bruxelloise en raison du manque de transparence au niveau des recettes et des dépenses !
Dans un rapport de juin 2024, le Centre de recherche en économie régionale et politique économique (CERPE) s’inquiète. Selon des projections du CERPE, en 2029, les recettes devraient atteindre 6 milliards pour une dette consolidée (critères de Maastricht) de 22 milliards. Pour une Région d’environ 1,2 million d’habitants. Ceci reviendra à un ratio de 322% de dette ramenée aux recettes en 2029, contre 207% en 2024. Abyssal.
Alors que la corruption gangrène une série de communes – les « affaires » du Centre public d’aide sociale d’Anderlecht n’étant selon le député Merry Hermanus que la partie émergée de l’iceberg -, il est évident qu’un effort d’assainissement budgétaire sans précédent sera nécessaire sous la prochaine mandature pour tenter de rééquilibrer les comptes de la Région. Inutile de dire que l’indispensable « métro nord » jusqu’à la gare de Bordet risque de passer à la trappe à moins de le faire financer par l’État fédéral.
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Or les Bruxellois attendent depuis huit mois un gouvernement régional. David Leisterh (Mouvement réformateur, centre-droit), pressenti pour diriger la Région, a jeté l’éponge comme « formateur ». En cause, la nécessité de l’apport du Parti socialiste bruxellois qui refuse obstinément de gouverner avec la majorité flamande déjà constituée sous prétexte qu’y figure la N-VA (nationalistes flamands modérés). Ahmed Laaouej, le patron des socialistes bruxellois, considère la N-VA comme « xénophobe ». Cette formation politique est pourtant le premier parti de Belgique et le leader de la coalition Arizona au pouvoir depuis quelques semaines en Belgique. Le Premier ministre Bart De Wever serait donc xénophobe ? Les Flamands de Bruxelles répliquent que les Francophones n’ont pas à leur dicter leur majorité (une double majorité est nécessaire, francophone et flamande pour gouverner la Région). L’Open-VLD (libéraux flamands) refuse de toute façon d’échanger la N-VA par le CD&V (Démocratie chrétienne). Un peu à la manière de l’Assemblée nationale, aucune nouvelle élection légalement n’est possible à Bruxelles… Deux nouveaux « informateurs » ont été nommés pour démêler l’écheveau… La droite bruxelloise sera-t-elle reléguée dans l’opposition une nouvelle fois ?
Peur de gouverner
On peut raisonnablement penser que le Parti socialiste bruxellois ne veut pas monter au pouvoir car il risque de « désespérer Billancourt » comme disait Jean-Paul Sartre à l’époque de l’Union soviétique. À savoir : accepter des économies drastiques et risquer l’impopularité auprès des populations précaires et immigrées qui sont ses principaux électeurs. Rappelons qu’il n’y a plus à Bruxelles qu’environ 25% de « Belges de souche » et que plus aucun parti politique bruxellois ne peut se passer de l’électorat musulman.
En parallèle, des dizaines voire des centaines de millions ont été dépensés pour paralyser la Région sous couvert de « Good Move » (une expression particulièrement cynique !) qui a fait fuir commerces et classes moyennes. Depuis au moins 1997, la Région de Bruxelles-Capitale a connu un solde migratoire net systématiquement négatif et très important en faveur de la Flandre et surtout la Wallonie1. Même si d’autres populations reviennent ou émigrent, c’est une saignée incontestable.
Par extension, selon le Plan Régional de Mobilité 2020-2030, le budget annuel de Bruxelles Mobilité s’élève à 894 millions d’euros. Ce budget, et d’autres encore, couvre une variété de projets et d’initiatives liés à la « mobilité », y compris ceux relevant du plan Good Move. Ces investissements visent à mettre en place une mobilité « douce », faite de piétons, vélos, trottinettes électriques. Mais, comme à Paris sous le règne d’Anne Hidalgo, cette politique anti-voiture a paralysé la ville et contribue à en chasser de plus en plus de commerçants qui attendent, tel Godot, une clientèle bourgeoise allergique aux transports en commun – d’autant plus avec la délinquance qui y règne.
On a l’impression que, depuis plus de vingt ans, la Région bruxelloise a été mise en coupe réglée par quelques lunatiques se trompant de priorité et qui se soucient comme d’une guigne de l’avenir économique de ce carrefour européen. Une ville aujourd’hui au bord du précipice.
- Les communes wallonnes qui cumulent 50% des migrations depuis la Région Bruxelles-Capitale, totalisent entre 1997 et 2016, 291.932 migrants vs. les communes wallonnes qui cumulent 50% des migrations vers Bruxelles totalisent seulement 207.422 migrants.
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