Vélo/auto: Je t’aime. Moi non plus…

En octobre dernier, dans le 8e arrondissement parisien, le cycliste Paul Varry était écrasé en heure de pointe après une altercation avec un SUV. Un rapport visant à réduire les tensions entre les différents usagers de la route vient d’être rendu à Philippe Tabarot. Il comprend 40 recommandations dont 18 qualifiées de « prioritaires »... L’article Vélo/auto: Je t’aime. Moi non plus… est apparu en premier sur Causeur.

Mai 2, 2025 - 09:13
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Vélo/auto: Je t’aime. Moi non plus…

En octobre dernier, dans le 8e arrondissement parisien, le cycliste Paul Varry était écrasé en heure de pointe après une altercation avec un SUV. Un rapport visant à réduire les tensions entre les différents usagers de la route vient d’être rendu à Philippe Tabarot. Il comprend 40 recommandations dont 18 qualifiées de « prioritaires ».


L’émotion fut très vive et la réprobation unanime lorsque, le 15 octobre 2024, un jeune homme de 27 ans, a été renversé puis écrasé délibérément par un individu – davantage assassin qu’automobiliste d’ailleurs – au volant d’une puissante voiture. Au départ de cette horreur sans nom, une de ces altercations à noms d’oiseaux qui sont apparemment le quotidien des milliers d’embouteillés parisiens aux heures de pointe.

Urgent d’agir

Confrontées à un tel drame, les autorités initièrent un chantier d’étude et de réflexion sur le sujet. Il en est sorti un rapport de cent-vingt deux pages sur « la prévention des violences routières et le partage de la voie publique » qui vient d’être remis au ministre des Transports. Ce document comprend quarante recommandations dont dix-huit présentées comme prioritaires et indispensables : extension de la liste des infractions sanctionnables constatées par vidéo-surveillance, avec recours à l’intelligence artificielle pour des verbalisations « augmentées » (sic), nouveaux barèmes d’amendes, modification des règles de dépassement des cyclistes par les automobilistes, harmonisation visuelle des équipements cyclables des villes, etc. Autre préconisation, changer le nom du Code la route en Code de la voie publique. On voit d’emblée combien une telle mesure est à même de réduire la violence routière et le nombre d’accidents.

Cela dit, il est important d’agir, nul ne le contestera, car si, à Paris et dans les grandes villes, entre cyclistes et automobilistes, ce n’est pas vraiment la guerre, parfois cela y ressemble assez. D’autant que d’autres véhicules à deux et quatre roues – scooters, trottinettes, bus, camionnettes de livraison… – viennent gaiement pimenter la chose.

Rois de la jungle

En fait, le gros chantier à entreprendre ne devrait-il pas être une totale refonte des mentalités ? Durant des décennies, l’automobiliste, au volant de cet instrument de puissance qu’est son auto, a été le roi, le seul roi, du bitume. Il tenait le haut du pavé. Le cycliste, très longtemps ultra minoritaire pour ne pas dire fort rare, était, lui, juste toléré. On s’accommodait tant bien que mal de sa présence. Et puis est advenue une sorte de révolution. Écologisme aidant, le cycliste non seulement a gagné en nombre mais surtout en légitimité. Il est désormais l’usager sanctifié à la fois par le progressisme vert et l’âge de nos artères. Une révolution, vous-dis-je ! La revanche du mollet sur le cheval vapeur. Une espèce de lutte de classes s’est donc instaurée. La classe deux roues et planète sauve, la classe quatre roues et planète salopée. Le cycliste désormais se veut et se sait le nouveau roi. Il a le sens de l’histoire pour lui, il en est convaincu. De ce fait, il a donc également droit à quelques privilèges. Il est des sens interdits ou des feux rouges avec lesquels il est très officiellement autorisé à prendre des libertés, au nez et à la barbe de son rival en auto. De là à faire de ces exceptions la règle absolue, il n’y a qu’un coup de pédale qu’il se permet allègrement. Rupture flagrante d’égalité, rugit probablement le rival. Le code de la voie publique ne devrait-il pas être le même pour tous, raisonne-t-il, comme cela était depuis des lustres ? Quand des normes et une discipline communes géraient l’espace commun ? Mais il se tait, l’homme derrière son volant. Il se tait car il sent bien que c’est à son tour de n’être plus que toléré dans ce jeu. Ce jeu, le pari probablement perdu pour lui du Paris sans auto.    

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