Tout ne va pas très bien, Madame la marquise!
C’est une guerre ! Pour défendre la langue française, l'AFRAV multiplie les actions sur tous les fronts: procès contre le Navigo Easy de Pécresse, contestation des plaques en écriture inclusive d’Hidalgo, opposition aux slogans publicitaires en anglais de l’UE, critique de l’intitulé de Rachida Dati France Music Week pour la fête de la musique… La bataille pour préserver notre langue est plus vive que jamais... L’article Tout ne va pas très bien, Madame la marquise! est apparu en premier sur Causeur.

C’est une guerre! Pour défendre la langue française, l’AFRAV multiplie les actions sur tous les fronts: procès contre le Navigo Easy de Pécresse, contestation des plaques en écriture inclusive d’Hidalgo, opposition aux slogans publicitaires en anglais de l’UE, critique de l’intitulé de Rachida Dati France Music Week pour la fête de la musique… La bataille pour préserver notre langue est plus vive que jamais!
En cette semaine de la langue française, nous apprenons par l’Afrav (Association Francophonie Avenir) que deux procès pour défendre la langue française passent devant les juges de la Cour administrative d’appel de Paris.
L’une, opposant l’Afrav, depuis le 23 mai 2019, à la présidente du syndicat des Transports de l’île-de-France (Ile-de-France Mobilités), Madame Valérie Pécresse, en ce qui concerne la marque à connotation anglaise donnée au pass navigo : Navigo Easy. Une autre affaire oppose la même association, depuis le 30 décembre 2021, à Madame Anne Hidalgo, en ce qui concerne les inscriptions en écriture inclusive de deux plaques commémoratives mises en place à la mairie de Paris.
Les nouvelles guerres du français
Ajoutons qu’a été saisi, le 10 mars 2025, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, lui demandant d’intervenir afin que l’UE cesse de signer ses publicités systématiquement en anglais. Exemple récent : le NEXT GEN EU qui a succédé au YOU ARE EU de mars 2023. Vient d’être saisi également, le 18 mars 2025, le directeur de l’Académie de défense de l’Ecole Militaire de Paris, afin qu’il abandonne l’appellation Paris DEFENCE AND STRATEGY FORUM-Europe at the cross roads. J’écris avec des italiques comme l’exige la police d’écriture.
A lire aussi: SOS Bordeaux
Pour rappel : le 4 mars, un collectif d’associations de la langue française a adressé à Madame Rachida Dati une lettre lui demandant pourquoi elle intitulerait la fête à venir de la musique, qui s’étalerait sur une semaine, France Music Week. Pourquoi pas Semaine musicale ? La semaine des Accords ? En avant la musique ? Est-ce qu’Emmanuel Macron, grand francophile devant l’Éternel, voudrait aligner le mot et la chose sur la Fashion week, au prétexte que la dénomination anglaise de ce carrefour musical mondial serait une bonne manière de faire connaître la musique française ? Tout comme, à l’Université, enseigner Proust en anglais fait mieux connaître La Recherche ? Jack Lang avait-il intitulé, en 1981, la journée de la musique : « Music Day » ?
A l’heure guerrière que nous vivons, il est temps de s’armer, une bonne fois, pour la défense du français, garant de l’unité de notre pays. Oui, je sais, les mots guerriers ne plaisent pas, appliqués à notre langue. Le français, histoire d’un combat : tel était pourtant le titre d’un livre de Claude Hagège. Car le mot combat n’est pas un gros mot, c’est une réalité. Pas besoin de milliards ni d’avions mais de déployer sur le terrain, en tout, pour tout, les armes de l’usage, du bon sens, de l’unité, de la culture. Relire les ordonnances royales de Villers-Cotterêts, en date de 1539 — l’histoire de notre langue remonte à loin. Relire l’article 2 de la Constitution française : « La langue de la République est le français ». Relire et faire appliquer, stricto sensu, la loi Toubon. Enfin, surtout, soulever, une bonne fois, réellement, courageusement, le problème de notre langue en pleine déconfiture, qu’aucun homme politique n’aborde.
Le globish, voilà l’ennemi !
« L’école est gagnée par l’anglais comme les banlieues par la drogue » dit le président de l’Afrav. Il ne s’agit pas, pour « justifier » sa déstructuration et sa déliquescence, de dire et redire comme un perroquet, que le français a emprunté, emprunte et empruntera des mots aux langues avoisinantes : on le sait, depuis lurette, que certains mots viennent de l’anglais, de l’arabe, du gaulois non écrit, du germanique. Ainsi va la vie d’une langue. Là n’est pas la question mais de la colonisation du français par un anglais, lui-même dénaturé en globish fourre-tout, le tout, accompagné et conforté, par des borborygmes et un parler des banlieues qui est tout sauf un « enrichissement ». Il s’agit d’une soumission à la langue d’un « empire ». Le président de l’Afrav le dit encore : on parle de russification et jamais d’anglicisation et d’américanisation du français.
Le français est en recul à l’école et ailleurs. Entendons : la maîtrise d’une langue qui assure son usage, sa bonne santé et sa vitalité. Si personne ne voit le danger que pose la dénaturation du français, c’est que l’heure est grave.
L’article Tout ne va pas très bien, Madame la marquise! est apparu en premier sur Causeur.