Savez-vous pourquoi ces étranges visages grimaçants envahissent Paris depuis des siècles ?

Ils sont partout : à l’entrée des plus somptueux immeubles, dans les creux des façades, et sur les plus beaux monuments historiques de Paris ! Souvent, ils attirent le regard, interrogent… Sans qu’aucun écriteau urbain ne nous explique leur histoire. Alors il est temps : vous allez enfin comprendre pourquoi ces visages grimaçants envahissent Paris depuis des siècles.

Étranges… depuis des siècles

Visages, corps entier… Leur particularité est d’orner un monument ou l’entrée d’habitations. On les nomme « mascarons », de l’italien « mascherone », qui veut dire : « grand masque grotesque ». Durant l’antiquité déjà, les mascarons étaient en vogue ! Les masques que portaient les comédiens de théâtre antique en avaient l’allure. Et tout est lié : la mode des mascarons est arrivée en France avec les guerres d’Italie, au XVIème siècle. La première fonction des mascarons était paranormale. On érigeait ces têtes grotesques partout pour chasser les mauvais esprits. Qui sait, peut-être que tous les immeubles de Paris qui en ont ne sont pas hantés (on vous laisse vérifier).

Au fil des siècles, ces visages étranges ont incarné d’autres symboles. Par exemple, selon les ornements du mascaron, on pouvait deviner si le propriétaire de l’immeuble était très riche. On pouvait aussi choisir d’ériger des caricatures amusantes, ou de construire des allégories des métiers des propriétaires ! Vous imaginez si, aujourd’hui, on gravait ainsi son métier dans la pierre ?  

 

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Visages grimaçants

Vous devez vous en douter, il y a des mascarons plus célèbres que d’autres. Les plus fameux d’entre tous, Victor Hugo les a immortalisé, dans Notre-Dame de Paris :  « Les mascarons du Pont-Neuf, ces cauchemars pétrifiés […] » . Eh oui, le Pont-Neuf – qui n’a de neuf que le nom, car il est le plus vieux pont de Paris, a été construit au XVIème siècle. Dans le mille : précisément lorsque la tendance des mascarons est arrivée en France. À l’origine, il y avait 381 mascarons sur l’intégralité du pont, depuis, certains ont déménagé dans des musées ou des parcs (nous y venons) !

Ces mascarons grimaçants incarnent des satyres : ces divinités associées à Dyonisos, le dieu du vin et des excès. À l’époque, on désirait réellement que ces satyres protègent le pont des mauvais esprits. Ce fut le cas : après tout, le Pont-Neuf est encore debout !

Pour la petite anecdote, sachez que vous pouvez retrouver des mascarons du Pont-Neuf au coeur du jardin des Petites-Rigoles, dans le quartier de Ménilmontant, en plein 20^e ! Notez que les assises en pierre proviennent également du Pont-Neuf. Le plus vieux pont de Paris et ses têtes grimaçantes ont le sens du voyage.

Paris envahie !

Bien évidemment, d’autres mascarons très connus font l’identité de Paris. Place de la Concorde, la fontaine des Mers et la fontaine des Fleuves peuvent se vanter d’avoir des mascarons iconiques. Ils représentent des tritons et des naïades : des figures marines qui évoquent l’importance du commerce maritime en France. Vous pouvez les apercevoir au-dessus et en dessous des sculptures :

Nous pouvons terminer en citant l’une des plus belles fontaines de Paris : la Fontaine Saint-Michel ! Si vous levez les yeux, vous apercevrez de nombreux angelots, qui protègent la cime de ce magnifique monument historique. Tout est dans le détail, et une chose est sûre : la ville de Paris est bien protégée par toutes ces grimaces !

Photo à la une : Mascarons, Paris © AdobeStock