Pardon mais Emmanuel Macron n’a pas toujours tort !

Même sur l’international, Emmanuel Macron voit sa politique étrillée par les oppositions et de nombreux médias. La vigilance dont fait preuve le président français sur le dossier ukrainien est plus que jamais nécessaire à l'équilibre mondial, estime notre contributeur... L’article Pardon mais Emmanuel Macron n’a pas toujours tort ! est apparu en premier sur Causeur.

Mar 18, 2025 - 14:10
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Pardon mais Emmanuel Macron n’a pas toujours tort !

Même sur l’international, Emmanuel Macron voit sa politique étrillée par les oppositions et de nombreux médias. La vigilance dont fait preuve le président français sur le dossier ukrainien est plus que jamais nécessaire à l’équilibre mondial, estime notre contributeur.


Certes il y a eu l’absurde dissolution mais, la France et le monde continuant à vivre, à surprendre et à inquiéter, on va bien finir par oublier ses déplorables effets. En tentant, parfois, de rendre justice au président de la République. Tout, il est vrai, n’est pas forcément de notre faute. Emmanuel Macron n’a pas une personnalité qui appelle une approbation sans réserve. Irréprochable dans son soutien à l’Ukraine et dans sa volonté de réarmer la France et de renforcer l’esprit et la résistance de l’Union européenne, il a été également convaincant dans son attitude à l’égard de l’Algérie. Son accord avec Bruno Retailleau sur la progressivité des mesures de rétorsion laisse espérer enfin une fermeté après tant d’humiliations subies par notre pays.

Le débat public monopolisé par l’Ukraine

Que le président retrouve de l’importance grâce à cette vie internationale chaotique et à son incidence sur le plan national est une évidence. On ne peut guère lui reprocher cette évolution dans la mesure où il est naturel qu’il profite d’une situation, d’une crise dont il n’a jamais été responsable sauf à continuer ce jeu malsain qui consiste à inverser les culpabilités.

Le fait qu’Emmanuel Macron ne se représentera pas en 2027 devrait, en bonne logique, nous inciter à faire preuve à son égard de plus d’indulgence que de sévérité, à supposer que Marine Le Pen ne soit pas élue en 2027 – Jordan Bardella la remplaçant n’aurait aucune chance ! -, ce qui, de l’aveu même du président, signerait son échec le plus éclatant.

Face aux accusations systématiques à l’encontre d’Emmanuel Macron même pour le meilleur de son rôle international, notamment à cause de sa prétendue obsession de faire peur à ses concitoyens avec une dramatisation jugée excessive, on peut souligner que sur l’Ukraine, « l’axe Trump-Poutine inquiète les Français et monopolise le débat public1 ».

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Il me semble qu’il est injuste, dans ces conditions, de déclarer, comme Philippe de Villiers, que « nous sommes devenus des va-t-en-guerre2». Comme si en réalité tout ce qu’il fallait accomplir non pas pour préparer la guerre mais pour la prévenir était une posture belliqueuse adoptée par notre nation.

On ne peut pas en même temps alléguer qu’il y aurait contradiction entre le souci de faire exister l’Europe et de la défendre – sur ce plan, le respect de la doctrine nucléaire française – et la paix qui se discuterait sans elle en Arabie saoudite. Il me semble qu’au contraire il y aurait là deux fers au feu, cumul d’autant plus souhaitable que les illusions sur Poutine, malgré les initiatives de Donald Trump, continuent à se dissiper. Le voir accepter la trêve « avec des nuances », qui ne tiennent à rien de moins qu’un abandon total aux exigences russes, démontre à quel point la vigilance du président français est plus que jamais nécessaire à l’équilibre mondial. Dont on ne saurait laisser l’administration au seul duo Trump-Poutine, le premier erratique et fluctuant, le second d’un cynisme et d’un mépris confondants.

Péché mortel

Mon étonnement vient aussi du fait que les valeurs conservatrices souvent invoquées – honneur, dignité, courage, résistance et liberté – paraissent être oubliées quand on juge l’action du président pour porter haut une certaine idée de la morale internationale. Alors qu’elles devraient au contraire la légitimer.

Je ne peux pas m’empêcher, devant cette partialité constante à l’égard du président, de me demander qui, en France, confronté au même désordre, à la même incertitude internationale, serait capable de faire mieux, de représenter notre pays avec plus de constance et de fermeté.

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À l’exception de l’attitude responsable d’un Bruno Retailleau : « Tant que je suis utile, je reste et j’avance »3, on ne peut pas soutenir que nos débats politiques internes, avec un Laurent Wauquiez précipitant son ambition présidentielle, un parti socialiste multipliant ses rivalités et LFI se spécialisant dans l’odieux au point de troubler certains de ses députés, rassurent au regard du bruit, de la fureur et des rares embellies du monde.

Dans une démocratie apaisée, je n’aurais même pas besoin de m’excuser de concéder à Emmanuel Macron une approche partiellement positive. Mais dans la France telle qu’elle est, je n’ai pas le choix. Je ne voudrais pas que ce billet fût considéré comme un péché politique mortel.

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  1. Le Figaro, édition du 14 mars 2025 https://kiosque.lefigaro.fr/catalog/le-figaro/le-figaro/2025-03-14 ↩
  2. JDNews, édition du 11 mars 2025 : Philippe de Villiers : «La France est devenue le dernier va-t-en-guerre d’un monde qui veut la paix» ↩
  3. Le Figaro : 13 mars 2025 : «Tant que je suis utile, je reste et j’avance» : Bruno Retailleau, un ministre en campagne ↩

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