Moins d’enfants ? Un problème dramatiquement sous-estimé

Le grand public commence à prendre conscience de la baisse du nombre d’enfants, mais n’en mesure pas vraiment les effets. Ces derniers sont pourtant bien plus dramatiques qu’on ne l’imagine. Nous sortons à peine d’une époque où l’on affirmait : « Il y a trop de monde, c’est mauvais pour la planète ». Cette idée […]

Mar 13, 2025 - 22:24
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Moins d’enfants ? Un problème dramatiquement sous-estimé

Le grand public commence à prendre conscience de la baisse du nombre d’enfants, mais n’en mesure pas vraiment les effets. Ces derniers sont pourtant bien plus dramatiques qu’on ne l’imagine.

Nous sortons à peine d’une époque où l’on affirmait : « Il y a trop de monde, c’est mauvais pour la planète ». Cette idée était souvent adoptée sans réelle réflexion.

Aujourd’hui, d’autres raisons justifient cette tendance : « Un enfant, c’est beaucoup de travail, de responsabilités, cela coûte cher, cela gêne ma carrière, etc. ». Toutes ces raisons sont légitimes, mais elles ne pèsent pas lourd face aux inconvénients d’une population en décroissance.!

Un peu de mathématiques élémentaires

Faites le petit calcul suivant : soit une population de 100 personnes où toutes les générations sont égales et où tout le monde meurt d’un seul coup à 90 ans (pour simplifier calcul, mais vous pouvez raffiner). Si la fécondité baisse brusquement à un enfant par femme au lieu de deux, alors en 30 ans, la population parentale est divisée par deux. En 60 ans, elle est divisée par huit. Et en 90 ans le pays n’existe plus. Ce sera même encore plus rapide du fait de la famine, comme expliqué ci-dessous.

La 60e année pyramide des âges devient : 30 vieux, 15 adultes de 30 à 60 ans et huit jeunes de zéro à 30 ans. Soit environ 16 adultes pour nourrir 30 vieux et 7 jeunes. Ce qui signifie qu’une partie des vieux (les moins riches) vont mourir prématurément faute de nourriture et de soins.

« Sauver la planète ? »

On peut débattre sans fin de cette question de la surpopulation, mais l’approche en a souvent été biaisée par la formule : « Il y a trop de monde, donc ayons moins d’enfants ». C’est-à-dire une condamnation à mort des vieux qui n’auront plus personne pour les nourrir ou les soigner

Si l’objectif était réellement de sauver la planète en limitant la population, il ne faudrait pas faire moins d’enfants, mais plutôt réduire le nombre de personnes âgées.

Mais comment ? Dans un livre d’il y a une vingtaine d’années sur ce sujet, j’imaginais un président chinois demandant aux plus de 75 ans de se jeter par la fenêtre dans l’intérêt national. Nous n’y sommes pas encore, mais le président actuel se révèle autoritaire et catastrophé par la baisse des naissances. Passera-t-il à l’acte ? Probablement indirectement en laissant faire l’évolution ci-dessus, de manière à ce qu’ils meurent plus vite ou se suicident.

Bref, nous nous préparons peut-être à des solutions radicales inquiétantes.

Détruire sa propre vieillesse en voulant en profiter

Les manifestations contre le report de l’âge de la retraite à 64 ans ont été nombreuses. À cette occasion, j’ai invité six manifestants à discuter. Je leur ai demandé ce qu’ils feraient s’ils prenaient leur retraite à 60 ans. Les réponses étaient prévisibles : voyages, croisières, loisirs (restaurants, cinéma…), parfois s’occuper de leurs parents.

Je leur ai alors posé une autre question : « Avez-vous conscience que vous supposez que d’autres continueront à travailler pour rendre tout cela possible ? Les agences de voyages, les conducteurs de bus, les serveurs de restaurant, les soignants des EHPAD… Or, si tout le monde part plus tôt, ces services disparaîtront. Vous devrez alors vous occuper de vos parents vous-mêmes, et votre retraite rêvée risque de ressembler davantage à une vie de contraintes. Seuls les riches pourront se payer les services nécessaires »

Sans enfants, on peut mener une belle vie dans sa jeunesse, mais on risque une grande solitude plus tard. Nous commencerons par nous épuiser à soigner nos parents avant de nous retrouver nous-mêmes démunis, faute de jeunes pour nous aider.

Un système social qui nous aveugle

Nous avons pris l’habitude d’être servis, au restaurant mais aussi à l’hôpital ou en voyage. Nous trouvons donc contraignant de nous occuper d’enfants. Pourtant, notre confort actuel repose sur le renouvellement constant des générations donc, encore une fois, sur les enfants des autres ! (Ce point est développé dans l’article de l’IREF, lien)

En allant plus loin, on pourrait dire que le fait d’avoir un système de retraite, surtout s’il est généreux, ce qui est le cas en France, enlève une des grandes motivations à avoir des enfants, à savoir avoir un appui pendant sa vieillesse.

Le mythe du financement des retraites

On entend souvent : « On trouvera bien un moyen de financer les retraites. » Mais ce n’est pas une question d’argent. Vous pouvez taxer, redistribuer, emprunter autant que vous voulez : s’il n’y a plus assez de jeunes actifs pour travailler, alors il n’y aura plus personne pour produire les biens et services nécessaires aux retraités.

Le fait que système soit par répartition rend cette question évidente, mais pour la capitalisation, si le lien avec la démographie et moins direct, il est improbable que des entreprises ayant moins de personnel et devant servir moins de clients apportent suffisamment de ressources financières à la partie relativement importante de la population (par rapport aux actifs) que formeront les retraités.

Résumé sommaire : l’argent seul ne peut pas remplacer des travailleurs. C’est l’offre de travail qui est insuffisante et qui le sera de plus en plus. Un système de retraite idéal serait celui qui pousserait les gens à travailler davantage, que ce soit en fin de vie (passer à 67 ans comme nos voisins !), ou tous les jours (adieu les 35 heures ou les cinq semaines de congés payés) La capitalisation y contribuerait.

Heureusement, la conscience de cela progresse, voir par exemple les propositions de Xavier Fontanet.

La solution par l’immigration ?

Certains avancent que l’immigration pourrait combler le déficit démographique. C’est mathématiquement exact si elle est composée de travailleurs.

Mais cette solution pose plusieurs problèmes.

  • D’une part, elle suppose que d’autres pays continueront à fournir une main-d’œuvre jeune, ce qui n’est pas garanti, car la baisse des naissances touche le monde entier, à part l’Afrique subsaharienne.
  • D’autre part, une intégration réussie demande du temps et des efforts considérables.
  • Enfin, l’opinion publique est globalement défavorable à l’immigration

Par ailleurs, la date d’arrivée de cette immigration massive joue un grand rôle. Si elle a lieu progressivement à partir d’aujourd’hui, l’intégration, déjà difficile, restera possible pour la grande majorité comme nous le constatons autour de nous.

Mais si on retarde cette immigration pour tenir compte des réticences actuelles de l’opinion publique, elle risque d’arriver trop tard pour être intégrée. C’est-à-dire à une époque où il aura moins d’adultes pour l’encadrer et où la masse des gens âgés ne sera pas en position d’autorité comme aujourd’hui, mais plutôt en situation de dépendance.

Conclusion

Les conséquences de la baisse de la fécondité sont existentielles et ne peuvent pas avoir de solution financière.

Il s’agit d’une question de survie pour nos sociétés. Réfléchir aux politiques familiales, au soutien à la parentalité et à la valorisation du rôle des enfants dans notre avenir est essentiel. Il faut également faire prendre conscience de la vieillesse catastrophique que se préparent ceux qui ne veulent pas enfants pour profiter de la vie aujourd’hui.

Bref, nous risquons de payer très cher notre insouciance actuelle.