L’improbable retour de Kamala Harris
Malgré son échec à l'élection présidentielle, l'ancienne vice-présidente de Joe Biden espère néanmoins continuer la politique. Elle ambitionnerait de devenir gouverneur de Californie, État où la popularité des démocrates est pourtant en train de partir en fumée... L’article L’improbable retour de Kamala Harris est apparu en premier sur Causeur.

Malgré son échec à l’élection présidentielle, l’ancienne vice-présidente de Joe Biden espère néanmoins continuer la politique. Elle ambitionnerait de devenir gouverneur de Californie, État où la popularité des démocrates est pourtant en train de partir en fumée…
« I’m not going anywhere ». L’ancienne vice-présidente des États-Unis a signé un retour politique que personne n’attendait le jeudi 3 avril dernier à Dana Point, Californie, à l’occasion du Leading Women Defined Summit, un évènement soutenant le leadership des femmes de couleur. Son projet reste flou, mais l’essentiel n’est pas là. Cette déclaration a suffi à faire le bonheur des Républicains, de la presse ayant un peu le sens de l’humour, des amateurs de curiosités politiques… Bref, d’un peu tout le monde. De tout le monde, à l’exception peut-être des Californiens. La candidate malheureuse de l’élection présidentielle de 2024 envisagerait en effet de briguer le poste de gouverneur de l’État de Californie l’année prochaine. Il pourrait sembler naturel que la fusée Kamala retombe là où elle avait décollé politiquement il y a bientôt dix ans, mais les électeurs locaux ayant dernièrement eu leur lot de catastrophes, rien ne dit qu’ils auront envie de ce drôle de come-back.
« Je ne suis pas là pour dire je vous l’avais bien dit ! »
On ne l’avait quasiment plus vue depuis le 15 décembre 2024, et son discours au Democratic National Committee, l’instance dirigeante du Parti démocrate en charge notamment de la gouvernance du parti et de la coordination de la levée de fonds. Encore sonnée par sa défaite face à Donald Trump, Kamala Harris avait alors exhorté ses soutiens à ne pas perdre espoir. Peu importait alors la lourde défaite à la présidentielle, la perte de quatre sièges au Sénat, de la majorité républicaine à la Chambre des représentants et à la Cour Suprême, car les démocrates pouvaient toujours « l’aider à finir le job » en « travaillant dur ». Kamala Harris avait ponctué ce discours optimiste d’une promesse de se retrouver l’année suivante.
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Nous voilà donc au rendez-vous, à Dana Point, en Californie, avec ce sommet. On aurait pu penser que Kamala Harris, qui avouait pendant la campagne que « rien ne lui venait à l’esprit » lorsqu’on lui demandait ce qui la distinguait de Joe Biden, aurait mis à profit ces quelques semaines de répit pour affiner son message politique. Il n’en fut rien : la vice-présidente est restée dans le flou, évoquant simplement « un sentiment de peur qui s’empare de notre pays », nourri par « des choses dont nous sommes témoins chaque jour »1. Nous n’en saurons pas davantage sur ces « choses », mais l’ancienne vice-présidente s’est tout de même montrée rassurante : « nous savions que beaucoup de choses allaient arriver, beaucoup de choses ». Pas vraiment de quoi faire taire les mauvaises langues qui estiment que celle qui a remplacé Joe Biden au pied levé n’a pas de suite dans les idées… En revanche, ces déclarations ont provoqué la réaction de Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche, qui a rétorqué que, en tant que vice-présidente, Kamala Harris ne s’était pas privée « d’utiliser le système judiciaire comme une arme contre ses opposants, de pratiquer la censure des réseaux sociaux et de procéder à la destruction de notre économie et de nos frontières ».
Retour à l’envoyeur
En dépit de sa large défaite, Kamala Harris se voit encore comme la future candidate démocrate et reste persuadée qu’elle aurait pu vaincre Donald Trump avec plus de temps (comprendre : si Joe Biden s’était retiré plus tôt). Bien qu’on lui prête la volonté de se présenter à l’élection présidentielle de 2028, cela ne semble pas faire l’unanimité chez les démocrates qui lui reprochent notamment d’être une figure du passé. Son échec lors des primaires démocrates de 2020 ne plaide pas non plus en sa faveur, même si aucun favori ne s’est encore dégagé.
C’est certainement ce pourquoi Kamala Harris lorgnerait sur le poste de gouverneur de Californie, une belle occasion de redorer son blason en vue d’une éventuelle candidature présidentielle à moyen terme. Si certains poids lourds du parti, à l’image de l’ancien gouverneur démocrate de Virginie Terry McAuliffe, considèrent l’idée comme intéressante, Madame Harris a également reçu des encouragements pour le moins inattendus. Donald Trump a ainsi déclaré « laissez-la se présenter » avant d’ironiser en ajoutant « qu’elle allait devoir commencer à donner des interviews ».
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Le choix de la Californie n’a rien d’anodin, car c’est dans cet Etat très largement acquis à la cause démocrate que Kamala Harris avait entamé sa carrière politique. De 2004 à 2017, Madame Harris a exercé comme procureure adjointe puis générale de San Francisco. Sa révélation politique est intervenue en 2016, avec une élection victorieuse au poste de sénatrice démocrate de Californie. De passage dans le coin, début février, elle avait fait profiter les médias de son expertise (« On peut sentir qu’il y avait de la fumée ici ») avant de renseigner les passants sur ses activités récentes. Après être « revenue à la maison depuis deux semaines et trois jours », voilà que la démocrate entendait « remonter le moral des survivants de cette crise extraordinaire »2 – comme si ces derniers n’en avaient pas assez soupé comme ça.
Cela fait un moment déjà que les démocrates font étalage de leur incompétence à la tête de cet État. Donald Trump ne fait peut-être pas toujours preuve de finesse, mais il avait raison en estimant que les incendies ayant dévasté Los Angeles auraient pu être évités moyennant une meilleure gestion des forêts. Gavin Newsom, le gouverneur sortant, est lui critiqué pour avoir préféré délester le programme de résilience aux incendies de 28 millions de dollars3. Alors que les feux faisaient rage et que Karen Bass, la maire démocrate de Los Angeles, ne trouvait rien de mieux à faire que de visiter le Ghana, le réservoir du quartier de Pacific Palisades, particulièrement touché, restait désespérément vide… Si Kamala Harris n’est pas responsable de ces incendies ni de leur mauvaise gestion, le poids de l’idéologie démocrate pourrait s’avérer trop lourd pour son éventuelle candidature.
Même si celle qui avait proposé de dépénaliser l’immigration illégale pour faire diminuer… l’immigration illégale4 parvient à motiver des volontaires pour distribuer ses tracts de campagne pour 2026, ces derniers risquent fort de trouver porte close.
- https://www.nationalreview.com/news/kamala-harris-vows-to-stay-politically-active-im-not-going-anywhere/
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- https://www.nytimes.com/2025/02/06/us/kamala-harris-tours-palisades.html
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- https://www.telegraph.co.uk/us/comment/2025/01/17/the-california-wildfires-have-doomed-kamala-harriss-politic/
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- https://www.foxnews.com/politics/harris-shifts-key-positions-border-illegal-immigration-campaign-promises-pragmatic-approach
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